Magazine Journal intime

De saison

Publié le 04 avril 2009 par Lephauste

A chaque saison son bruit de botte, le smog d'ici qui fait déhancher le bassin parisien, les hanches ceintes dans une gaze de salpètre de souffre et de plomb, comme une terre à béton, n'y change rien. A Strasbourg c'est tout autre, ni ne bine ni ne bêche, ni ne sarcle ni ne prépare au semis aucun lopin, trop de matraques au centimètre carré, une vraie forêt de scions caoutchouteux. Un peu comme après le crash d'un Tupolev, l'odeur de roussins en plus. Non pas que les rouges ait pris d'assault le fleuron de l'honneur national et que la France de ce matin se soit réveillée dans un bain de sang de cigognes. Mais à Strasbourg, dans les bois, on désherbe, on foule, on couche, on enfume les verdeurs de langage d'une jolie jeunesse que par ailleurs on préfêrerait voir faire la queue au MC drive, son BAC mention en poche et prête à fournir de l'emploi au pôle emplois. Les caméra-méra ! Sont au postes avancés, les journalistes se font embarquer, on sort toutou, il fait si doux.

Mais ici monsieur nous ne sommes pas à la Guadeloupe ni en Martinique, ni dans une de ces quelconques régions de la Corse maffiotine, ici nous sommes sur le sol sacré de la patrie. Et la patrie elle dit qu'il y a de la promo en masse sur le rayon jardinage. Des 20% sur les tondeuses ! Du 15% sur les taille-haies, du bulbe à se les arracher, des jardinières pour y faire prospérer les petits et des tuteurs pour qu'ils grandissent dans le respect des valeurs cotées.

Alors depuis ce matin, c'est bruit de bottes de saison. Et que je te pousse l'engin et que je te lance l'engin et que je te dévide des mètres de prolongateur électrique et que je te passes une pair de bottes pour pas que tu salisses la terre avec tes escarpins finement brodés et que je me colle à l'oreille le coton-tige au doux bruit bleu comme la mer de silence où est plongé la 3G. Et je ne dirais pas la noble activité des machines à farcir les parterres et je cacherais pudiquement à vos regards envieux, vous n'en avez pas de jardins, c'est pour ça, vous ne pouvez pas profiter des super promos ... Les épaules voutées des amoureux du radis dix huit jours et du géranium double à effet de serre. Non ! laissons les en paix, ces gens simples qui au jardin oublient les tracas de l'actionnariat populaire et font fleurir la France avant l'arrivée des tourisss, des festivaliers, des estivants, qui de Mayotte à Gibraltar préparent les valises dans la fébrilité que produit l'annonce des retrouvailles fraternelles. Ne moquons pas ces besogneuses autruches qu'un trou dans la terre plonge dans des abîmes de réflexions, telle que : Je t'avais pas dit qu'il fallait en racheter une de bêche mécanique à triple rotation excentrée vers l'avant ? Ah ce prix là !

L'Europe parait-il va participer plus activement au rafraîchissement de la friche Afghane, l'outillage est fournit mais on peut apporter sa couenne. Quand aux appréciations subjectives concernant le nouvel ordre mondial annoncé par monsieur Gordon Brown à ses petits potes du jardin d'enfant, devant les yeux énamourés du présidnet, on peut bien se les jeter au compost. Notre avis de consommateur n'est pas requis.

Conseil pratique (fiche n° 20) : On aura soins chaque soir à la fraîche d'aller déposer un peu de compost démocrate au pied des rampes de missiles. La floraison et la propagation des spores radio actives en seront grandement améliorées en termes de terre à nouveau virginalisée et donc parfaitement arables pour nos générations futures. Roses et blondes comme les blés de la BCE.


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