Magazine Journal intime

petite envie d'astrologie

Publié le 05 avril 2009 par Pffftt
Je t’ai aperçu(e) dès ce coin de rue, ta silhouette se glissant par la porte cochère, le poids du monde sur tes deux épaules, tes hurlements d’au secours silencieux, la défaite comme un voile sur ton regard…je t’ai aperçu(e) ce soir là…la pénombre sur les pavés, la pâleur du réverbère sur tes pas pressés, la pluie de l’orage d’été ruisselant sur ton front, le bordel de nœuds dans tes cheveux blonds…je t’ai aperçu(e) pour la première fois, à cet endroit là, ma respiration s’est accélérée, la vie me semblait prisonnière toute entière dans ma cage thoracique et je n’ai plus jamais fermé l’œil depuis.
Pourquoi ?
Je ne m’explique toujours pas.
Tu t’es arrêté(e) devant cette porte cochère. Nerveusement dans ta poche tu cherchais tes clés, elles sont tombées au sol sans un bruit, comme si nous étions morts, dans un monde parallèle qui ressemblerait au paradis, mais la serrure a cédé et tu es entré(e) chez toi. Tu as viré tes pompes, tu as ouvert et fermé le frigo plusieurs fois. Tu cherchais quelque chose mais tu ne trouvais rien. Tu n’étais pas vraiment fort(e) à ce petit jeu là.
Je crois que ton portable a vibré, parce que c’était l’heure, sans doute. Les technologies silencieuses, comme les cris dans ta gorge, ne faisaient que t’agacer encore plus. Tu savais la nouvelle, et pas la peine d’en parler, pas la peine de chercher les mots, le jour, l’heure, tu n’oublierais jamais. Le portable a continué de vibrer sans toi, tu t’es mis(e) en boule sur le lit.
Ton jean et ton tee-shirt étaient trempés de la pluie, ça collait contre ta peau, et de là où moi j’étais je pouvais sentir ton odeur et même après le malheur…tes mains, tes mains, tes mains…encore et toujours, comme une empreinte, un délit.
Tu les a planquées en dessous de toi, ton corps était comme une boule, je pouvais deviner la douleur dans ton ventre et pourquoi tu contenais autant les choses du dedans, mais j’avais beau deviner tout, je ne pouvais rien d’autre.
Les autres croient toujours que l’on peut oublier la douleur, les autres absurdement encouragent le monde encore à tourner, mais toi tu fonctionnes en sens inverse, je sais que c’est dur, je sais que tu as été oublié(e), je sais que tu traces la route à contre sens, que ça t’épuise, que tu bouillonnes de colère, d’incompréhension, de mots à l’envers, mais j’ai beau savoir tout, je ne peux rien d’autre.
Tes mains sont apparues de nouveau dans mon champ de vision lointain, et ta culpabilité avec, peut-être aussi la honte, la rancœur, la terreur. Tu as tenté d’attraper la bouteille d’eau près du lit, elle était vide, tu as failli chialer mais de justesse tu as retenu…
Toi tu fais toujours ça ; de justesse tu retiens…méfie toi.
Tes mains te faisaient mal, peut-être d’avoir cogné trop fort, ou pas assez, qu’importe, tu as serré un poing, tu as mordu dedans et le goût de tes phalanges t’a semblé bien amer, tu t’es trouvé(e) con, tu as laissé tomber.
Un peu plus loin sous ce foutu lit il y avait une autre bouteille bien moins vide, et bien plus avantageuse, tu t’es contorsionné(e) pour l’atteindre en grimaçant de douleur, ton épaule a pourtant résistée, quel homme (femme) solide tu étais.
Le liquide brûlant ta gorge t’as soulevé le cœur, mais d’un petit effort le truc est vite passé et tu as renouvelé l’opération jusqu’à plus soif, jusqu’à avoir bien chaud aux tripes et que le drame au final te semble moindre…
…ce n’est jamais venu.
Ça ne vient jamais, ou alors juste le temps d’un éclair, celui d’un orage de l’été, un éclair furtif de chaleur, celui qui annonce la pluie…
On nous promet la paix dans nos têtes, mais toujours ça s’écroule encore, et même les jours où l’on pourrait être heureux on se retient un maximum de peur de tout faire foirer, ce qui arrive…invariablement…car le sens de la vie et de tout voir disparaître.
Si seulement il y avait autre chose qu’un truc à retardement…mais non.
Et on s’enlise.
Un(e) pour tou(te)s, tou(te)s pour un(e).
Chaque jour, chaque seconde la même histoire, sans fin…
…ça fait loin, bien trop loin.
De quel genre de vie suis-je encore l'ange gardien?

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