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De la crise financière (6)

Publié le 06 avril 2009 par Saucrates

Réflexion trente-neuf (6 avril 2009)
Piste n°3 : repenser les modes de rémunération dans le système capitaliste et la fiscalité ...

Il s'agit d'une autre des pistes évoquées par les vingt pays les plus riches de la planète : réformer les modes de rémunération au sein de la finance mondiale, parce que ces modes de rémunération auraient conduit à une prise de risques excessive de la part des dirigeants des établissements financiers et des courtiers et des traders sur les marchés financiers.
Il s'agit également d'un des leit motifs de certains de mes amis internautes (Nolats et surtout Dima) ... qui vont bien au-delà de l'approche prudente des dirigeants du G20 ...
Nous avons tant vécu dans ce monde capitaliste occidental que les annonces de rémunérations mirobolantes des présidents directeurs généraux de grands groupes industriels et financiers, les rémunérations et les primes octroyées aux traders de tout accabit, les salaires des joueurs de football, des tennismen, des joueurs de NBA, de golfeurs ou de nageurs, ne nous étonnaient pratiquement plus. Il était accepté que ces rémunérations défiant la logique et l'entendement étaient la rémunération de risques pris et de résultats exceptionnels ... Et au cours des cinq dernières années, peu de voix s'élevaient pour s'interroger ou pour mettre en cause ces montants de rémunération ... ou du moins, peu d'entre elles réussissaient à passer le filtre et le barrage des médias ...
Aujourd'hui, l'époque a changé, notamment en France, mais pas uniquement. L'époque a changé notamment aux Etats-Unis, et c'est tout particulièrement notable dans un pays qui a longtemps prôné la libre entreprise et la réussite individuelle, signe à une certaine période dans les religions protestantes d'une prédestination divine. Et pourtant, si aux Etats-Unis, cette modification majeure du consensus national s'est effectuée sous un président pour la première fois non WASP (white anglo saxon protestant) et non issu d'une famille riche (à la différence de son prédécesseur Bush junior issu d'une famille enrichie dans le pétrole texan), en France, cette évolution beaucoup plus lente s'est réalisée sous un président issu justement d'une famille riche appartenant aux cercles les plus élevés de la finance et de l'industrie ... et qui ne cache pas ses amitiés bling-bling ...
En France, l'encadrement des salaires des dirigeants d'entreprises a été limité au minimum acceptable par les intéressés et par l'opinion publique. Nicolas Sarkozy ne pouvait pas ne rien faire ; l'opinion publique ne l'aurait pas compris. Il a donc encadré le plus légèrement possible les salaires de quelques patrons d'entreprises. Il acceptera difficilement d'aller plus loin contre les intérêts de ses mandants et de ses proches amis. Ne pas choquer l'opinion publique au cours des deux prochaines années ; voilà le message transmis aux dirigeants des entreprises aidées par l'état.
Et pourtant, cela ne suffira pas pour empêcher que la même situation ne se reproduise dans quelques années ; les mêmes prises de risques insensées ; les mêmes rémunérations affolantes et détachées de toute contingence terrestre, en totale rupture avec les rémunérations misérables perçues par des millions de travailleurs, leur permettant à peine de survivre en couple, d'élever leurs deux enfants, et de partir parfois chichement en vacances tous les trois ou quatre ans ...
Ce qui est inacceptable, c'est quand le dirigeant d'un grand groupe industriel ou financier s'octroie, à lui-même et à quelques uns des plus hauts cadres de l'établissement, des salaires et des primes se comptant en millions d'euros, alors que l'immense majorité des employés de son groupe est payé tout juste au Smic, et parfois même à mi-temps. Je me rappelle notamment du cas du patron du groupe Carrefour et du parachute doré qu'il devait percevoir pour son départ à la retraite ... Mais la situation est la même dans tous les grands groupes industriels ou bancaires français ... ou étrangers ... que ce soit Wendel, le groupe de Ernest-Antoine Seillères ... ou la Société Générale, où certains des employés de comptoir sont également payés au Smic ... C'est peut-être même encore plus terrible dans les grands groupes étrangers, comme en Inde où les patrons de ces entreprises sont milliardaires, lorsque leurs salariés touchent des payes véritablement misérables, de l'ordre de quelques dizaines à quelques centaines d'euros par mois ...
Le monde que nous avons contribué à construire et à faire fonctionner est fou et amoral. C'est le capitalisme !... Quelle réforme engager pour que le monde redevienne humain et moral ?
Saucratès
Mes précédents écrits sur la crise financière ...
1. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/05/19/de-la-politique-monetaire-huit.html
2. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/08/14/de-la-politique-monetaire-neuf.html
3. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/10/04/de-la-politique-monetaire-dix.html
4. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/11/01/de-la-politique-monetaire-onze.html
5. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/03/03/de-la-crise-financiere-5.html

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