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J'avais oublié (MBBS)

Publié le 14 avril 2009 par Mbbs

« J’aimerais être une chanteuse » me ditma fille. « Moi, une actrice » me dit sa copine. « Et ben moi, un explorateur » poursuit mon fils.

Je les regarde et je souris. Rêver à des carrières hors du commun, quoi de mieux à cet âge où la vie n’a pas encore commencé à remplir ces petites têtes des soucis qu’il leur faudra affronter plus tard. Mon fils me demande.

- Et toi maman, tu voulais être quoi quand tu étais jeune ?

Etait jeune…Cela fait toujours un peu mal quand je reçois ce genre de constatation mais une mère, peut-elle être jeune pour ses enfants ? Je me souviens de cette fois où ma fille n’avait pas voulu de moi pour une activité me jugeant à l’époque déjà trop vieille. Je lui avais alors demandé quelle maman parmi celles présentes elle aurait aimé avoir. Me montrant la mère d’une de ses copines, j’avais tiré un peu la tête en constatant que ladite femme semblait avoir le même âge que moi mais son visage était encadré de longs cheveux blonds alors que je porte court et brun. Syndrome de Barbie ?

- Alors ?demande mon fils, me ramenant à la réalité du moment.

- Je voulais devenir…avocate, pour défendre mon père contre tous les méchants qui lui faisaient du mal.

- Parce que des gens embêtaient Papi ?

- C’est ce que je croyais à l’époque mais après j’ai compris que cela faisait partie de la vie de tous les jours, que les gens, jeunes ou vieux, ont parfois, d’autres personnes qui leur causent des soucis ou des ennuis.

- Et toi maman, tu en as eu des gens qui t’embêtaient ?

Et là, comme un flash, je vois remonter à la surface de mes souvenirs des visages, des lieux que je pensais avoir enfouis et oubliés. Je visualise soudain cet homme, ce professeur dont j’étais devenue la souffre-douleur, qui prenait un plaisir sadique à faire rire le reste de la classe à mes dépens, qui disait que je parlais l’allemand comme si j’avais une patate dans la bouche et qui, en m’imitant pour le plus grand plaisir de mes camarades, fracassait ma confiance en moi et m’humiliait.

- Oui, j’en ai eu des personnes qui m’ont fait du mal mais tu vois, Julien, je ne veux pas y penser car elles n’en valent pas la peine.

Le téléphone sonne, je réponds et quand je reviens au jardin, il n’y a plus personne, chacun est retourné à ses occupations. Je reste seule avec le fantôme de ce professeur surgit du passé comme un diable hors de sa boîte…je ne regrette rien même après toutes ces années. En fait, il n’a eu que ce qu’il méritait, j’ai même réussi le crime parfait et personne n’en a jamais rien su…c’était si « normal » que même moi, j’avais oublié…


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