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Traven saisi au vol

Publié le 20 avril 2009 par Fuligineuse

La maison d’édition au beau nom de L’Insomniaque vient de publier, sous le titre eastwoodien « Insaisissable », la biographie d’un auteur qui m’est cher, B. Traven. Cet ouvrage (que je n’ai pas, enfin pas encore, lu) est l’aboutissement des longs travaux de Rolf Recknagel qui s’est attaché à prouver, dès les années soixante, que le mystérieux B. Traven (1882 ?- 1969) – vagabond et conteur établi au Mexique dans les années 1920 – n’était autre que l’agitateur allemand Ret Marut.

Jusqu’à sa mort en 2006, Recknagel ne cessa d’affiner le portrait de ce grand défenseur des pauvres, immensément populaire en Allemagne et au Mexique, et dont les œuvres ont été traduites dans des dizaines de langues (une douzaine de titres en français).


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« On verra à la lecture de cette biographie à la fois rigoureuse et passionnée qu’on peut dire de Traven, à l’instar d’un Lord Byron ou d’un Jack London, que sa vie aventureuse fut encore plus romanesque que ses écrits. », ajoute l’éditeur.

Pour compléter, et étant donné que ce texte n’est plus disponible sur le blog, je copie ci-après ma note de mars 2006 parue sous le titre « Traces de Traven ».

Je possède un livre de poche dépenaillé, corné, fatigué, aux feuilles jaunies, mais que je garde précieusement. C’est le recueil de nouvelles, d’’histoires’ intitulé « Le Visiteur du soir », de B. Traven. Traven est un étrange personnage et ses fans forment un réseau international fidèle. L'écrivain mystérieux qui se fit appeler B.Traven (ou Bruno Traven ?) était – peut–être – d'origine allemande, né en 1882 (ou 1890 ? ou 1900 selon d’autres ?) Son vrai nom serait Otto Wiennecke. Il prit également comme identités : Hal Croves, Torsvan Traven, Otto Feige…

Il se fit aussi appeler Ret Marut au moment de sa participation à la République des Conseils de Bavière en 1919. Militant anarchiste, il publia la revue « Der Ziegelbrenner » (le briquetier) entre 1917 et 1921, à Munich. Mais selon d’autres sources, il aurait été américain, né dans le Middlewest de parents suédois.

Après bien des errances, en partie romancées dans « Le Vaisseau des morts » écrit en allemand, il se fixe au Mexique en 1924. Il publiera alors en allemand, anglais et espagnol en vivant en communion avec les Indiens du Chiapas qui, à sa mort en 1969, dispersèrent ses cendres sur leur territoire.

Quel que fût son état-civil, c’est lui en tout cas qui a écrit le livre « Le Trésor de la Sierra Madre » dont Huston tirera son célèbre film. « Un écrivain ne devrait pas avoir d’autre biographie que ses livres », disait Traven.

J’ai retrouvé la trace de Traven en lisant le merveilleux livre de Enrique Vila–Matas, « Bartleby et compagnie », dont je reparlerai bientôt. EVM donne bien d’autres pseudonymes de Traven, de nombreux détails sur les mystères de son parcours, et conclut : « B. Traven, le mieux caché de tous les écrivains cachés, me rappelle Le Nommé Jeudi de Chesterton, un roman qui parle d’une vaste et périlleuse conspiration menée en fait par un seul homme qui, pour reprendre les termes de Borges, trompe tout le monde ‘en usant de barbes, de masques et de pseudonymes’. »

Fuligineuse


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