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"Cannibales et marchands à la recherche de l’embryon"

Publié le 27 avril 2009 par Micheljanva
Ainsi titre Libération pour un article assez technique de Jacques Testart, le père scientifique du premier bébé éprouvette français né en 1982, qui remet nettement en cause la recherche sur l'embryon :
"Le premier projet relève d’un élargissement du DPI (diagnostic préimplantatoire) afin de qualifier aussi bien le potentiel de viabilité (cet embryon est le plus susceptible de se développer après transfert in utero) que des caractéristiques propres (le génome de cet embryon laisse espérer le meilleur profil de «normalité» pour l’enfant à naître). Une telle investigation sur une ou deux cellules soustraites à chaque embryon permettrait, selon les demandeurs de la «recherche», d’augmenter simultanément le succès du transfert in utero et la qualité des bébés nés de Fivete. Pourtant, on estime que la moitié des embryons humains possèdent un nombre anormal de chromosomes (situation exceptionnelle parmi les mammifères et souvent létale), on sait aussi que la plupart de ces anomalies sont portées par les gamètes si bien que toute volonté réellement scientifique de générer des embryons normaux (pour leur nombre de chromosomes) exigerait des recherches sérieuses en amont, sur la fabrication des ovules et spermatozoïdes et leur rencontre dans la fécondation (...)
Emb J’ai assez alerté depuis 1986 sur les risques éthiques et anthropologiques attachés à cette perspective eugénique appropriable en démocratie pour ne pas développer ici en quoi l’horoscope génétique me semble constituer le défi éthique le plus important parmi tous ceux introduits par la Fivete. Le législateur ne devrait-il pas prendre en compte la systématisation ainsi annoncée du DPI pour évaluer les demandes de «recherche sur l’embryon» ? (...)
Le second projet d’utilisation de l’embryon est celui qui agite le plus les milieux concernés autant que les débats de bioéthique. On peut s’étonner de la volonté de s’emparer de l’embryon humain afin de développer une stratégie thérapeutique qui n’a pas encore fait ses preuves chez l’animal, comme si l’humain pouvait être un matériau expérimental banal (...)
Les demandeurs prétendent qu’il serait nécessaire de développer tous ces programmes simultanément, comme si une étrange urgence dans la compétition avec des laboratoires étrangers permettait de nier le poids éthique particulier à chaque programme. Comment ces chercheurs empressés justifieront-ils leur entorse à l’exigence éthique d’un modèle animal pour la recherche médicale, telle qu’établie il y a quarante-cinq ans à Helsinki, et aussi d’avoir inutilement «taquiné le catho», s’il se confirmait finalement que la thérapie cellulaire n’a nul besoin de l’embryon ?
A l’évidence, des motivations non exprimées se substituent ou s’ajoutent aux arguments à prétention scientifique des conquistadores de l’embryon humain. Peut-être est-ce le mythe de la fontaine de jouvence qui leur fait privilégier le plus jeune des matériaux biologiques ? Ou est-ce parce qu’ils ne supportent pas que l’embryon se trouve encore légalement préservé de «la recherche», laquelle peut cependant concerner tous les autres stades de l’humain, du fœtus jusqu’au cadavre ? La pulsion d’accaparement du plus petit de notre espèce pourrait ainsi relever d’une exigence de consommation cannibale…"
Lahire

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