Magazine Journal intime

Martha

Publié le 23 mars 2009 par Radiodrama
MarthaLe rêve - Pablo Picasso
Une petite nouvelle que j'ai écrite sur plusieurs étapes, et à chacune d'elles je me suis surpris à raconter ce que je ne prévoyais pas de raconter. Vous pouvez retrouver les différentes parties ici et là sur le blog mais je vous la livre en entier, c'est plus simple :p



Le rêve

Elle tira sur sa clope, bu dans mon verre, croisa mon regard et dit: «Alors, tu fais quoi dans lavie? ». Ce que je fais dans la vie? Ha! Comme si ça l'intéressait. « Je suis journaliste » si on peutappeler ce que je faisais du journalisme bien sûr, comme s'il suffisait de remplir une colonne dansun journal pour qu'on puisse t'appeler journaliste. « Journaliste hein! Ça doit être marrant ».Marrant, ha! Exactement! « Tu m'offres un verre? » Une inconnue qui se pointe, prend place à tatable et te demande de lui offrir un verre. Je suis entrain de rêver, ça ne peut pas être vrai. Qui es tu?Et puis quel est cet endroit? Attends, mais ce bar est désert, moi, elle et puis la fumée de sacigarette. Aïe! « Bah alors, je t'ennuie à ce point? Va me chercher un martini, au lieu de rêvasser ».Mais il n'y a personne derrière le bar, comment veut elle que je lui apporte ce martini. Je me levaisquand même, allais au bar et lançais :-"Y'a quelqu'un?", c'est ma voix? Je suis entrain de faire un rêve étrange...-"Oui, j'arrive. Que puis je faire pour vous? "-"Un martini et une bière s'il vous plait,"-"Ça marche, vous êtes avec Martha?"-"Martha?"-"Oui, elle..."-"Ah! oui." Mais, est ce que c'est moi qui est avec elle ou l'inverse?« Oui je suis dans ton rêve, je suis ton rêve ou plutôt j'en fais ce que je veux, regardes autour detoi » j'étais plus dans le bar, mais au milieu d'une place remplie de cris, de pas , de vie... Et elle étaittoujours là, son verre à la main, elle écrasa sa cigarette sous le bout de ses talons aiguilles etlança : « Tu danses? » Ici au milieu des gens, dans la rue, il n'y a même pas de musique. Elle sourit!Elle lit dans mes pensées? « Oui, je suis pas seulement dans ton rêve, tu m'as dans la peau ». Jedistinguais sa voix malgré tout le brouhaha qui régnait dans le coin. Non, c'est si silencieux,toujours la même place, mais, plus de cris, plus de pas, plus de vie, juste une mélodie qui semblaits'approcher de plus en plus et envahissait tout l'espace, m'envahissait, nous envahissait. Le rythmeétait soutenu, même le soleil se couchait au loin, me laissant seul avec Martha, qui s'avançait versmoi. Et plus elle s'approchait et plus je sentait mes membres s'engourdir, mes forces m'abandonneret mes pensées s'évader. Elle avançait d'un pas lent mais gracieux. Je sentais que je ne tiendrais paslongtemps, mon souffle devint saccadé et j'avais du mal à rester conscient. Elle était toute proche àprésent, son parfum m'envahissait et son souffle effleura ma joue. Elle prit ma main dans la sienneet comme par magie mes forces revinrent. Je me retrouvais enlaçant Martha, dansant avec Martha,épris de Martha. « Tu vois c'était pas si difficile que ça ». Non, c'est d'une simplicité parfaite:Martha dans mes bras, ses grands yeux noirs dans les miens. Oui je l'ai dans la peau. Elle rapprochases lèvres des miennes. Je sentis son souffle se mêler au mien. L'impatience me gagna et pour uninstant je ne vivais que pour attendre son baiser, pour sentir ses lèvres sur les miennes. Et soudain,l'obscurité gagna la place, le soleil laissa place à une nuit froide et sombre, mes membress'engourdirent à nouveau et Martha qui s'éloignait, Martha qui ne souriait plus, Martha qui n'estplus. Un bruit strident chassa la musique, et j'immergeai de mon rêve, « Oui, allo » « Tu dorsencore? si tu te pointes pas au bureau, dans 30 minutes tu es viré ». Oui finalement ce n'était qu'unrêve.
Le hasard
17h30 enfin! Je débranche mon ordinateur, le met dans sa sacoche, rassemble les quelquesbrouillons qui trainaient sur le bureau et je m'arrache au siège qui m'a emprisonné toute la journée.Je dois passer par le bureau du chef pour lui remettre mon article. Et puis non, il va encore me sortirsa fameuse phrase : «Huh! Au dernier moment, comme d'habitude. » Il l'aura par mail son article, çam'évitera de sentir l'odeur infecte de son cigare et entendre la nuisance sonore qui lui sert de voix.Ascenseur, parking, bip et vroum! Enfin libre. Un week-end à me prélasser sur mon cher canapéet à trouver des excuses pour ne pas sortir. Première à gauche, au feu prendre à droite et le periph'hideux t'ouvre les bras pour t'entrainer dans cette succession de panneau d'indications, de feux designalisations et de chauffards: La modernité! Tsss. « Route barrée pour cause d'accident grave,veuillez prendre... » Qu'importe ce que je vais prendre, l'essentiel c'est que je vais rejoindre mon20m² mal éclairé et mal aéré. J'allume mon GPS. « Au prochain carrefour, prendre à gauche. » Etcomme un élève modèle je me range à gauche pour prendre le trajet conseillé. Au bout de la rueétroite que je venais de parcourir, une grande place « Serrez à droite, au feu prenez la bretelle » Ouimaitre! Des gestes machinales comme cette voix qui s'efforce d'être humaine sans y parvenir. Aufeu je plonge ma main dans la poche de ma veste à la recherche de mon autre joaillier. Je m'allumeune cigarette, le feu passe au vert, et ma voiture ne bouge pas d'un poil, je ne bouge plus. Cetteplace, ces cris, ces sons de pas saccadés, je suis déjà venu ici, ce n'est pas juste une impression dedéjà-vu, je me rappel tout les détails. Je suis déjà venu ici, oui, mais en rêve! Ce rêve qui m'a hantédepuis des mois, ce rêve qui revenait tout les soirs me rappeler que je suis son prisonnier, ce rêvequi était plus réel que la réalité.« Mais tu vas bouger espèce de... ». Je me range sur le coté en ignorant les recommandation duGPS et je sort de la voiture. Les mêmes senteurs, le soleil qui plonge dans l'horizon, les mêmespassants qui te bouscules sans crier gare, serait ce encore un rêve. Non cette fois ci c'est bien réel!Et puis cette mélodie, la même que j'entendais dans mon sommeil! Je cherche des yeux l'endroitd'où elle pouvait venir, en vain, les passants cachait la vue, tellement ils s'entassaient sur lestrottoirs. Je me fie à mon ouï et j'avance bousculant tout ceux qui me croisent et ignorant les regardsnoirs qui se posaient sur moi. La musique fut de plus en plus proche et l'impatience me gagna. Jesentais que je ne tiendrais pas longtemps, mon souffle devient saccadé et j'avais du mal à resterconscient . J'arrive enfin à coté de la bouche de métro. Pétrifié, je la vois, je la reconnais: Lesmêmes cheveux sombres, le même regard profond, la même robe rouge. Martha était là, accroupie àmême le sol, tenant une guitare et chantant cette même mélodie sur la quelle on a dansé, dans monrêve. Martha jouait, Martha chantait et les gens passaient. Quelques uns laissaient tomber une pièce,dans l'étui à guitare et Martha les remerciait en souriant, ce même sourire que je voyait dans monrêve. Je reste planté là, écoutant Martha et sa guitare, admirant Martha et sa beauté. Les passants sefont de plus en plus rares, la nuit prenait le dessus de plus en plus et le calme commençait à régnersur la place. Et moi je suis encore là, à quelques mètres d'elle, comme ensorcelé. Elle m'a remarqué,mais ne faisait pas trop attention à moi. Allumant une cigarette, Elle fini par m'adresser un sourire etcommence à remballer ses affaires. Que dois je faire? Je ne peux pas la laisser partir encore unefois. Que dois je dire? « Bonsoir, je vous ai vu en rêve »? Martha me tourne dos, tire sur sa cigaretteet part dans la direction opposée.Moi, je reste encore planté ici la suivant du regard.
Qui est Martha?
« Bonjour, Fab' ». Ah ce sacré Fab' le premier debout de tout le squat et pourtant le plus camé detous. Il se réveil à l'aurore grimpe sur le toit pour admirer le levé du soleil, Il faut surtout pas luidemandé pour quoi tient-il tant à le faire, il se mettra dans tout ces états et boudera pendant le restede la journée. Enfin, on rencontre de drôle de pigeons dans des endroits pareils et il n'est pas le pireexemple. Allez, un café chez Gio, et au boulot. Celui la aussi est un drôle de personnage, qui n'a del'italien que le nom ou le surnom devrais je dire. Ah si! son béret, qui date de l'époque à laquelle iltravaillait comme garçon de café à Naples ou on lui a préféré Gio à Mohsen. Depuis il se prend pourun Napolitain, un vrai. « Martha! » En rallongeant la première syllabe, comme l'aurait prononcé unItaliano vero, s'il vous plait. « Gio! Comment vas tu? Alors, des nouvelles de la famille à Naples? »Je ne peux m'empêcher de me prêter à son jeu. « Si, si, va bene la familia. Alora un café commed'abitoude? » Un Italien tu parles! Une journée qui s'annonce comme toute celle que j'ai vécu depuisque j'ai abandonné ma « bonne situation » comme disait mon père. Oui pour résumer, je suisdiplômée en Histoire de L'art, j'avais un bon poste au sein d'un musée de renommée et je faisais desétudes de marketing à coté pour reprendre ensuite la galerie d'art de mon paternel, jusqu'au jours ouje décidai d'abandonner cette vie pour une autre, disons plus satisfaisante à mes yeux. Ma guitare,mes pinceaux, mes colocataires, les squats et Chez Gio, voilà à quoi se résume ma vie. Un choix quine fut certes pas évident , mais qui m'a libéré d'une vie monotone et ennuyante. Je ne pouvais vivreentourées de snobs de tout genre et de coincés. Je leurs préfère largement mes colocataires, eux aumoins savent vivre. Aussitôt mon café fini, je me laissait emporter par mes pas, à travers les rues dela capitales que j'ai préféré à ma ville natale. Je parcourais ses boulevards, ses rues et ses ruelles, enm'arrêtant de temps à autre pour esquisser un croquis ou deux. J'aimais aussi à me prélasser dans lesparcs, tantôt plongée dans la lecture d'un roman, tantôt chatouillant les cordes de ma guitare. Vientmidi, un bon petit plat « Italo-Tunisien » chez Gio et me voilà partie pour ma petite place, jouant etchantant pour les passants, bien qu'ils ne le méritent pas . Mais il faut bien gagner sa vie. Ouimessieurs dames, je gagne ma vie! D'une façon peu conventionnelle, mais honnête. Voilà majournée, simple, monotone certes mais satisfaisante.Mais depuis quelques jours, à l'heure des sorties de bureau, j'avais remarqué un homme, latrentaine, assez grand , habillé et coiffé maladroitement qui se postait à quelques mètres de moi etqui restait pointé là à m'écouter ou à ma regarder, que sais-je, jusqu'à mon départ. Il ne medérangeait pas à vrai dire, et il n'avait pas l'air d'être l'un de ces vicieux que les filles de ma situationconnaissaient que très bien, malheureusement. J'avais l'impression, à première vue, de le connaître.L'aurais je vu quelques part? Faisait il partie de mon ancienne vie que j'ai volontairement enterréequelques part dans ma mémoire? Non, c'est très improbable. Ce n'est pas seulement une impressionde déjà vu, ça va bien au delà de ça. J'ai comme le sentiment que j'avais partagé quelques chosed'intense avec lui, mais que je ne saurais pas définir exactement. Au bout de quelque temps jecommençais à m'habituer à sa présence, ça devenait une sorte de rendez vous journalier entre nous,moi accroupie ici, lui debout à coté de la bouche de métro. Un lien mystérieux nous unissait, undialogue silencieux s'engageait entre nous, mais il me rendait jamais mes sourires!Qu'importe de toute façon.
Qui suis je?
Regardez les ces deux là, Martha et son amoureux mystérieux. Ils se sont rencontré comme trèspeu de gens peuvent le faire, là ou très peu de gens prennent conscience de ce qui leurs arrivent.Imaginez les, assis à une table, dansant dans la rue, parlons sans même prononcer mot. C'est bon?Vous y êtes? Maintenant, dévisagez les, n'ayez crainte ils ne vous remarquerons pas. Observez toutsleurs gestes, toutes leurs mimiques, leurs habitudes. N'y a-t-il pas un détail qui vous saute aux yeux?J'avoue volontiers que ce n'est pas facile. Moi même, j'ai eu du mal à le percevoir. Qui suis je?Mais attendez, chaque chose en son temps. Laissez moi d'abord vous aider à voir ce que j'aidécouvert. Mais avant toute chose, il faudrait qu'on scelle un pacte : Vous ne les jugerez pas, ni mejugerez moi. Si vous vous sentez capable de tenir cette promesse, on pourra continuer...J'attends votre réponse! Parfait.Voilà ce qu'il en est : Un jeune homme apparemment blasé, exerçant un métier qui, pour le moins,ne le satisfait pas, étouffé par un cadre dont il juge malsain et superficiel. Mais qui a une faculté querare ceux qui l'ont, celle de rêver! Vous me diriez que le rêve est un phénomène qui survientpendant notre sommeil, qui résulte de la représentation aux yeux de notre esprit des objets quioccupent notre pensée et surtout que tous rêvons. Certes, mais ce jeune homme a réussi à voir laréalité en rêve, d'une certaine manière. Et ce n'est pas un prophète!Vous êtes toujours là? J'aimerais pas vous perdre, arrêtez moi dés que vous commencez à perdre lefil. C'est bon? Revenons donc à notre sujet.Quel est cette réalité qu'il voit en rêve au juste? Exactement, Martha! La question qui nous sauteaux yeux, donc, est : Qui est Martha? Elle a beau se présenter comme elle l'a fait, on la cerne quedifficilement, hein? Moi même je n'y arrive pas, et j'aurais beau essayer je n'y arriverai jamais. Elleest compliquée, fugueuse, passionnée, aventurière, artiste, autoritaire, confiante, curieuse... et tantd'autre adjectifs me viennent à l'esprit en me l'imaginant, pas vous? Maintenant mettez les dans lamême scène, cote à cote, quelque chose cloche hein? Je vais vous dire ce que c'est : Sous cet angle,on se rend facilement compte qu'ils ne sont pas fait pour se rencontrer, n'est ce pas? Ni pour vivrequoique ce soit ensemble. Et pourtant ils étaient là ensemble, et le pire c'est que ça nous paraissaitd'une évidence et d'un naturel! Vous y êtes? Vous le voyez ce petit détails? Non, pas du tout, et peutêtre que même si je le pointais du doigt vous ne le remarquerez point. Parce qu'il fallait avoir rêvéde Martha ou de ce jeune homme. Concentrez vous, parcourez votre mémoire à la recherche de l'und'eux et aussitôt trouvé, une évidence vous sautera aux yeux: Ce n'est qu'une seule et uniquepersonne! Une personne déchirée entre sa réalité et ses désirs qu'elle effleure de temps à autre. Unepersonne qui change de route par le plus grand des hasards, pour découvrir que son rêve est bel etbien réel. Mais qui n'arrive pourtant pas à s'en saisir, aller à sa rencontre et se contente simplementde le voir partir tout les soirs.Qui suis je? Ai je vraiment besoin de répondre à cette question?
Par Drama

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