Magazine Humeur

Frayeur tardive

Publié le 05 mai 2009 par Ekilio

Je rentrais hier soir chez moi, après un excellent diner (normal, c'est ma mère qui l'avait cuisiné). Et je prenais donc le métro, fatigué après une longue journée, sans vraiment faire attention à ce qui m'entourais, plongé dans mes pensées.

Pour rentrer chez moi, je dois prendre le métro sur deux lignes différentes, et donc à deux station différentes : d'abord au Palais de Justice, et ensuite à Esquirol. J'arrivais donc à la seconde des deux stations.

Mes réflexes étaient presque automatiques. Descendre un escalator, passer ma carte sur la borne, pousser le tourniquet. Noter la présence d'un tube à essais par terre, sur le point de se faire casser par le tapis roulant. Descendre sur l'escalator, regarder machinalement de la marche où je suis si le métro est là, en me demandant si c'est bien cette direction. Me dire que j'aurais du noter quelque chose. Voir distraitement la personne chargé du nettoyage.

Un tube à essai. Ça, c'est pas normal. Dans un métro, le tube a essai n'a pas de raison d'être. Dans un laboratoire, oui, ok, je vois l'utilité du truc. Dans une cache terroriste, aussi. J'avoue d'ailleurs - matraquage médiatique, quand tu nous tiens... - que c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit : et si des terroriste tentaient d'attaquer le métro ? Une arme bactériologique, ou chimique ?

Je suis remonté en haut de l'escalator. Pas de doutes : c'était bien un tube à essai, assez grand, fermé par un bouchon (de liège apparement), lequel était scellé par un autocollant jaune. Sur la partie posée sur le sol, une étiquette, jaune également. Impossible à lire bien sûr sans tourner le tube. Il avait été repoussé sur le bord par l'escalator, et resté là, à coté du large plastique servant de rampe.

Bien sûr, pas de vigile en vue. Un coup d'œil de chaque coté : rien. Personne, pas un seul des blousons bleu foncé charger de nous mettre des amandes - et d'assurer, parait-il, notre sécurité. Je sors du métro : toujours personne, pas même à l'étage. Dois-je appuyer sur l'appel d'urgence ? Mais ce n'est peut-être qu'un vulgaire déchet...

Finalement, une idée me vient : la personne chargée du nettoyage. Elle, elle saura peut-être où trouver un vigile. Enfin, lui, pour être exacte : un africain d'une quarantaine d'année, qui semble passablement surpris que je lui adresse la parole. J'imagine que d'habitude, les gens doivent plus chercher à l'éviter... Je me demande un instant pourquoi un tel rejet à l'égard du personnel d'entretien, mais ce n'est pas le moment. Je lui explique rapidement ce que j'ai vu. D'abord incrédule, il accepte finalement de me suivre.

Je le vois pâlir légèrement lorsqu'il voit le tube. De sa poche, il sort un paquet de sacs poubelles et ramasse délicatement le tube, puis disparait dans une des portes menant aux coulisses du métro - et, je le sais, au pc sécurité. J'attends quelques minutes, il ne ré-apparait pas, je m'en vais.

Je ne saurais probablement jamais ce que contenait le tube à essai jaune. Mais il m'aura flanqué une belle frousse.


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