Magazine Humeur

Des droits, donc des devoirs

Publié le 08 mai 2009 par Fbaillot

Voici ce que j’ai dit ce 8 mai 2009 au monument aux morts, à l’occasion de la commémoration de la Fête de la Victoire.

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Les salariés français et allemands de Continental, à Hanovre, le 23 avril

Nous nous retrouvons comme chaque année pour commémorer la fin de ce qui a été le dernier conflit dont notre pays aura été le théâtre. Nous l’espérons en tout cas.
Je voudrais profiter de cette cérémonie pour revenir sur une échéance qui nous attend dans quelques semaines. Le 7 juin prochain, nous élirons nos députés au parlement européen. Vous le savez, l’Europe est aujourd’hui devenue un peu le souffre-douleur de nos institutions. Et avant même que ce scrutin ne se soit déroulé, on nous prédit un taux record d’abstention. Je crois important et utile de rappeler aujourd’hui que l’idée de la construction européenne est née avant tout pour réconcilier les peuples qui s’étaient fait la guerre.

Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi, Paul-Henri Spaak, les pères de l’Europe, voulaient construire un édifice qui rende impossible tout nouveau conflit au sein du Vieux continent. Voici comment débutait la déclaration historique de Robert Schuman, le 9 mai 1950, dans le Salon de l’horloge du quai d’Orsay. C’est un peu l’acte de naissance de l’Union européenne : « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. »

La Communauté européenne du charbon et de l’acier, créée en 1951, réunissait 6 pays, la République fédérale d’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Aujourd’hui, nous sommes 27. Depuis bientôt 60 ans, l’Union européenne attire de nouveaux pays, qui ont bien compris que la stabilité et la paix passaient par l’union.
Et cette Union, cette alliance, c’est une réalité qui nous a appporté beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients.
Les 11 millions d’étudiants européens du processus de Bologne, dont on vient de fêter les 10 ans, le savent bien, eux qui peuvent obtenir des bourses de mobilité, valoriser des diplômes équivalents, exercer leur métier en Allemagne, en Suède, en Lettonie, en Bulgarie…

Les artistes le savent aussi, et les manifestations de l’Europe XXL, que nous accueillons dans quelques jours dans notre commune, en sont un magnifique exemple. A leur niveau, les musiciens, les plasticiens, les cinéastes contribuent à créer le ciment d’une nouvelle nation européenne tellement riche et multicolore.

Et puis, l’Europe c’est surtout une force économique dont chacun comprend l’intérêt dans cette période de crise. A ce propos, je voudrais revenir sur un épisode dont on a beaucoup parlé il y a quelques jours. Vous vous rappelez tous du fabricant de pneus Continental, qui va fermer son usine de Clairoix dans l’Oise, après avoir demandé à ses salariés de travailler quarante heures par semaine. On a beaucoup parlé de la colère de ces ouvriers qui ont saccagé la préfecture de Compiègne, le 21 avril dernier. Je crois que chacun a compris la réaction de ces femmes et ces hommes qui se sentaient trahis, même si nous avons trouvé ce geste inutile et surtout inefficace. Mais quelques jours plus tard, ils sont allés en Allemagne, à Hanovre, au siège de leur maison-mère, et ils ont manifesté pacifiquement en compagnie de leurs collègues allemands. Les uns et les autres ont bien compris qu’ils avaient des intérêts communs à défendre.

A l’évidence, beaucoup des sujets auxquels nous devons trouver des solutions pour nos enfants ne pourront être résolus qu’au niveau de notre continent : le réchauffement climatique, les paradis fiscaux, la circulation des capitaux, la sécurité sur nos routes et dans nos foyers, la qualité de notre alimentation, les droits sociaux, les droits de l’homme nécessitent un niveau de négociations européen sinon mondial.
Il faut pour cela que l’Union européenne prenne enfin une véritable dimension politique. Cela passe par une représentation démocratique forte, un Parlement qui soit un réel contre-pouvoir politique face à la machine règlementaire, administrative que devient forcément une organisation fédérant autant de pays avec des cultures, des histoires différentes.

Je ne puis donc que vous inciter à remplir votre devoir démocratique le 7 juin prochain, et à persuader vos proches à faire de même. Le 8 mai 1945, nous avons tourné le dos à la dictature. Nous y avons gagné des droits mais aussi des devoirs : celui de voter pour une construction européenne que nous avons voulue et que nous souhaitons poursuivre en fait partie, à l’évidence.


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