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O du mein holder Abendstern...

Publié le 09 mai 2009 par Papote

Alors, il y a des choses qui vous tombent dessus sans que vous vous y attendiez mais qui sont de vraies bonnes surprises... Il n'était absolument pas prévu que j'aille voir un opéra et, pourtant, hier soir, j'y étais avec Belle-Blonde !

Et puis pour paraphraser Jacques Brel : j'ai voulu voir un opéra wagnérien et j'ai vu un opéra wagnérien !

Donc, hier soir, se jouait "Tannhäuser" de Richard Wagner au Grand Théâtre. Comme de bien entendu, cet homme là ne sait pas faire les choses rapidement donc c'est 3 heures 20 de spectacle...

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Bon, je vous plante le décor : Allemagne, XIXè siècle (la légende initiale se situant au XIIIè siècle mais Wagner l'a transposée), Vénus attire et retient des chevaliers dans son château. Parmi eux se trouve Tannhäuser qui, au début, était sous le charme mais qui, peu à peu, reprend ses esprits et décide de partir pour Rome dans le but que l'amour spirituel (à la Vierge Marie) prenne le dessus sur l'amour profane (à la déesse mythologique). Vénus, bien entendu, lui promet de ne jamais le laisser trouver la paix de l'âme et lui prédit qu'il reviendra vers elle en la suppliant.
Tannhäuser retrouve par hasard d'anciens compagnons qui le convainquent de repartir avec eux et de retourner auprès de son ancien amour, Elisabeth.
L'oncle de la jeune fille organise un concours de chants dont le vainqueur obtiendra la main d'Elisabeth mais, durant le concours, Vénus s'empare de l'âme de Tannhäuser qui se met à chanter les louanges de la déesse. L'oncle d'Elisabeth le bannit et le condamne à obtenir le pardon du Pape en allant en pèlerinage jusqu'à Rome.
En fait, à son retour de Rome, il annonce que le pardon ne lui sera accordé que lorsque son bâton de pèlerin fleurira (cela aurait été trop facile et ça ne durerait pas presque 4 heures). Elisabeth se sacrifie et offre sa vie à la vierge Marie pour obtenir le salut de son amour et Tannhäuser meurt sur la tombe d'Elisabeth juste avant que des pèlerins n'arrivent portant le bâton de pèlerin de notre héros entièrement fleuri...

Vous l'aurez compris, c'est un drame et, mis en musique par Wagner, ça n'est pas fait pour rendre les choses plus légères !!!

Et, pourtant, quelle soirée j'ai passé !!!

Les décors, les costumes et la mise en scène étaient sobres, esthétiques, contemporains mais sans être trop modernes.
Je me méfie toujours un peu des productions de l'opéra de Bordeaux qui a été capable de monter "Les Noces de Figaro" de Mozart avec pour tout décor une échelle double et un matelas par terre et des costumes de miliciens pour les hommes pendant que les femmes étaient en tunique blanche... Du coup, j'ai toujours une petite appréhension...
Mais, là, c'était bien !!! Sans chichis, sans flonflons, sans lourdeur mais avec suffisamment de consistance et de style !

En ce qui concerne le choeur, il faut bien reconnaître que nous avons un choeur, à Bordeaux, d'une qualité très très impressionnante et, là, augmenté des effectifs de l'opéra de Montpellier, ça vous flanquait des frissons le long de la colonne vertébrale.
Je ne connaissais pas d'air de cet opéra sauf celui-ci :

Et dans ce décor épuré de forêt, ces silhouettes de pèlerins, avançant, et leurs voix emplissant la salle du Grand Théâtre, les visages des spectateurs juste éclairés par les lumières de la scène. C'était d'une puissance émotionnelle magique...

La transition est facile puisque ce choeur est suivi par un solo d'Elisabeth qui offre sa vie à la Vierge Marie pour sauver l'âme de Tannhäuser et si vous aviez entendu cette soprane !!!
Elle a une pureté, une douceur de timbre à vous donner envie de donner aussi votre âme à qui elle voudra pourvu qu'elle continue à chanter encore et encore...
Contrairement à une Callas qui, par exemple, était plus en "force", la voix d'Heidi Melton se laissait glisser dans l'air comme une plume mais sans, pour autant, manquer de puissance lyrique.

La voix de basse de Marek Wojciekowski, celle de la mezzo-soprano Sylvie Brunet et même le ténor qui tient le rôle titre (et, pourtant, j'ai toujours du mal avec les ténors, je préfère les barytons ou les basses) Gilles Ragon, étaient excellents de qualités techniques comme de qualités émotionnelles dans leur interprétation...

J'ai vraiment passé une excellente soirée même si le style wagnérien est moins ma tasse de thé que l'opéra italien ou mozartien...
Dorénavant, je pourrai dire que j'ai vu du Wagner et que, même si ce n'est pas le type d'opéra que je préfère, j'ai assisté à une production d'une qualité incroyable qui m'a fait oublier les plus de 3 heures de spectacle !

Si cela vous tente, ça se joue jusqu'au 16 mai et il reste peut-être quelques places à grapiller au paradis (petit tarif, visibilité moyenne)...

A bientôt !

La Papote


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