Magazine Journal intime

Sweet Nothing

Publié le 15 mai 2009 par Gaspard_w

banana

<p><p><p>Document sans nom</p></p></p>        

Le poste de douane de Ranong flotte sur les eaux boueuses de l'estuaire de Kowthoung, sous l'ombre tranquille d'un grand bouddha doré.
Un type en costume vert, un mec en uniforme. Dans sa main gauche mon passeport, dans sa main droite le vide qu'il tripote nerveusement entre ses doigts. "Nodhing do declar ?" il demande. Je hausse les épaules. "Pas grand chose. Quelques trucs. Des kilos de coke, des montagnes d'herbe, des cascades de Valium, déluges de Xanax , de tranquillisant vétérinaire dilués a la vodka, la tequila, le white spirit. Des alcools forts quoi. Des centaines de gigas de pop mielleuse, de tubes melo-dépressifs, des heures de Velvet, de Cat frelatés.
Des tentatives de suicide mon douanier, des sabordages, des déversements de larmes tristes, des chutes en avant, yeux ouverts, rire aux lèvres. Enfin rien tu vois, presque rien. L'équipement réglementaire du jeune occidental tourmenté. Des détails, tu comprends ? Non ? Tu parles pas français ? Ah bah nothing alors. Nothing, ou si peu. Je suis amoureux; ça compte comme un truc ? D'ailleurs du coup j'y pense, si t'avais un sac pour que je mette ma coke, ma vodka, mes sourires tristes, deux litres  de white spirit. Un genre de doggy bag, que j'te fasse un pack, une déprime en kit que tu fileras a des mômes qu'en on pas.
Hein ? Dans mes poches ? Tu m'agaces mon douanier. Mes poches elles sont vides, l'essentiel maintenant je le garde dans ma poitrine. Ouais, là. T'entends ? Ca cogne ? Ça cognait plus avant. Enfin si tu veux j'ai quatre cents bahts, des M&Ms si t'aimes et mon Nokia qui sonne, ma fiancée qui me cherche. Hein ? Ouais voilà, nothing, rien et laisse-moi, je file. Je rentre. On m'attend et mon amoureuse elle est genre trop jolie pour qu'on la laisse attendre. Tiens mate l'écran de mon Touch. Non c'est pas une pub Banana Moon, c'est ma femme sur mon île. Bah non, mais pleure pas mon douanier, te déprime pas, t'en trouvera une, peut être pas une pareil, mais une bien quand même j'suis sur. Console-toi mon douanier, un soldat du roi qui pleure, ça fait désordre. Sèche tes larmes, mouche ton nez et, si ça pique et que ça te passe pas, plonge une main dans le doggy bag, pioche dans mon Happy Meal, c'est plein de surprises, je te les laisse. Profite, abuse, fait toi plaisir. Moi ça va, je suis bien, je suis a deux, j'ai besoin de rien. Hein ? Ouais, rien, nothing. Sweet nothing."

   


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