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Mémoire

Publié le 17 mai 2009 par Nina73


Mémoire (Prose poétique et philosophique)


Je ne remercierai jamais assez Monsieur Paul Frédrick, mon initiateur, Professeur de Lettres, journaliste poète et écrivain qui m’ouvrit, par sa patience et sa foi en les écrits, le sentier de l’imaginaire, mais aussi celui du concret et de la hardiesse des mots.
Je reprends quelques passages de Au fil de mes pensées…
Les idées et l’esprit sont comme le vent qui souffle où il veut, et je me fais le marin sur le voilier de l’écriture.
Une petite voix intérieure me murmure : lance toi, Nina, n’aie crainte, il n’y a plus d’inquisiteurs, on ne te brûlera point, cela ne se fait plus, et un moine rangera précieusement tes écrits d’enfance dans sa bibliothèque.
L’écriture est la mémoire de la pensée, et lorsque celle-ci ne véhicule pas des idées de pouvoir ou de contre-pouvoir, ce constat est une manifestation du Tout Puissant qui règne sur nous. Et pour régner, il faut avoir une certaine capacité à séduire, à gagner les cœurs.
Ces yeux qui me regardent sont autant de miroirs dans lesquels se reflète ma propre image dont mon « moi » intérieur retient le désir, la sympathie, l’antipathie, l’amour, la haine, la critique ou l’estime des autres…
Insouciante du temps que je prête à la réflexion, j’invente… Au seuil de mes raisonnements, tout se métamorphose pour donner libre court à mes rêves, mes fantasmes, mes pensées, mes désirs…
J’avance, en solitaire, dans des mondes sans lumières ou étincelants comme un tas de pierreries. Intransigeante dans mes pensées et mes actes, ils s’associent en une œuvre linéaire, fosse souterraine sans fond ; elle puise ses vérités en elle-même. Rien n’est fugitif, en ce monde. Les saisons le disent à leurs façons. Ainsi, je m’appuie sur du concret pour rendre les choses impalpables, pures comme le cristal, inaccessibles, comme au travers d’un songe. N’y a-t- il que des bonheurs précaires ? Non ! si on exclue de notre vocabulaire le verbe « désespérer ». Reconnaissant ainsi la vie, tout péché serait de s’en détourner. Mon présent me semble parfois absurde, car je ne sais pas toujours saisir la stratégie d’un univers qui me plonge dans une sorte de brume crépusculaire. Pourtant, dans des réflexions hivernales, je grossis de belles images. Ainsi, le monde de mon enfance me semble moins douloureux. Et je réponds gentiment à ses souvenirs imposés à mes pensées, comme des graines éparpillées sur un sol fuyant sous mes pas : les tous premiers. J’excuse le mauvais germe des radicelles génitrices qui m’ont fait voir le jour. Pardonner c’est se libérer, respirer, rire et sourire. Pourtant, à l’heure où l’on désacralise les sentiments, où certaines valeurs morales nous échappent, comme feuilles au vent, au point que l’on ne sait plus vraiment desquelles il s’agit, les chemins des plus belles choses peuvent aussi nous conduire à la perversité, à la perdition immuables comme un tombeau. En cet instant, je me souviens de quelques instants passés auprès d’un être à ma convenance. Cela semble peu, mais je sais que j’ai pleinement vécu. Probablement parce que, entre souffrance et bonheur, le temps perd sa notion pour une dimension relative en faveur de l’un et en défaveur de l’autre ; c’est pourquoi, cette demi-heure m’a parue étrangement courte. Inconsciemment, j’ai misé sur des valeurs bien fragiles. Lui semblait dans la perplexité. Avait-il raison ? Je ne saurais le dire, car qu’est-ce que le doute ? sinon un état de désaccord entre une incertitude et une confiance bien installée ? Stagner en eau trouble, on s’embourbe et jamais on ne verra la limpidité d’une eau tranquille. Notre méfiance est innée. Pourquoi ? Ressens-tu cette petite peur, parfois, qui sommeille en toi ? où est-ce ta disposition naturelle à réfuter les choses pourtant, aussi réelles et palpables fussent-elles, qui déstabilisent ta propre confiance face à une vérité sans tache pour nos esprits retors ? Ainsi, une œuvre très belle peut paraître douteuse. Attiré d’instinct, même si le regard est admiratif, il suffit alors d’une minute pour chercher le défaut. Consciemment ou inconsciemment, on le cherche toujours, car il est dit que la perfection n’existe pas. Tandis que j’écris tout cela, que les mots s’inspirent dans le vague de mes pensées, qu’ils s’entrechoquent et s’emmêlent, que la joie inonde mon cœur de pourvoir les écrire, je me demande si je suis la seule en ce monde à balader quelques idées et idéaux, une philosophie confuse traversée d’éclats ? Je ne le pense pas, car nous avons tous, au plus profond de nous-même, l’ambition du bonheur. C’est pourquoi, je ne brasserai plus de larmes amères, je n’irai plus dans des sentiers d’errances inutiles, dans des soirs cafardeux où tout semble s’éteindre bien avant le coucher du soleil. Il est en moi un flamboiement indicible Je ressens sa chaleur dans un immense bien-être. Désormais, ma vie me semble faite pour aimer encore. D’ailleurs, on ne refait pas sa vie. Elle est une continuité, pareil à notre premier amour que l’on n’oublie pas. En projection, il épouse cette continuité sous un aspect différent pour d’autres amours, en demeurant identique. Singulier paradoxe ! qui nous offre cependant la possibilité de redécouvrir pour mieux renaître. Nos vérités claires ne sont pas toujours le miroir de nos pensées distinctes. Celles-ci vont bien au-delà de ce que nous croyons détenir, sinon, nous cesserions d’aimer, nous refuserions la vie. Si les liens qui nous retiennent à l’existence ne sont pas mensonge, alors tout nous est permis pour faire de nos douleurs une symphonie, quand s’estompent les brumes de la plainte dans un espace où le temps s’accrochent aux rayons lumineux de nos affectivités.
Je chuchote aux forêts, aux rivières, aux oiseaux : « Je vous aime », comme j’aimerais chuchoter un je t’aime authentique. Que m’expliquent ces frissons joyeux de mon cœur ? La beauté de l’amour peut être parfois dévorante pour l’esprit car, enchaînée à nos émotions, elle développe notre asservissement dans l’espace infini de sa transcendance.
Il me vient à l’esprit des souvenances très particulières, puisque celles-ci m’appartiennent. Ainsi, d’un regard d’éternelle écolière, reviennent les chapeaux fleuris et charmants des jeunes filles d’autrefois. Lorsque, béantes, les portes de nos églises offraient aux passants un Christ écartelé, dans des coins sombres, adolescente, j’allais prier. Je me sentais aimée par cet Etre Suprême dont certaines personnes disent que tout n’est qu’invention des hommes, et que, pour donner une raison à l’inexplicable, ils invoquent ou incriminent l’existence de Dieu. Il n’y a de convictions imaginaires. Vis et tu verras. Vois et tu sauras. Prie et tu gagneras l’espérance. La vie a ses trésors de sciences qui, sans les Sages, ne pourraient perdurer. L’athéisme, en vérité, n’existe pas, car l’espérance par nature, celle qui éclaire nos ténèbres, répond à nos attentes, assied notre confiance, fait la croyance ou notre croyance propre. Si l’on songe à notre mort, même si celle-ci ne nous effraye pas, il subsiste en chaque être un vécu, un espoir qu’il ne peut nier ou renier. N’est-ce pas là le tout premier pas vers l’éternité ?
Mes regards se tournent alentours de mes repères, d’un arbre en bourgeon, d’une demeure fleurie, perdue dans une vaste campagne cernée de champs à la senteur fraîche de sa terre retournée par le paysan à son labour. Et bien plus que ma mémoire ne pourrait se souvenir, quelques bribes de mon passé ressurgissent comme, tout au long de notre existence, nous nous souvenons de ce que cette mémoire veut bien se rappeler, jusqu’à ce que nos réminiscences ne nous appartiennent plus vraiment qu’en clichés sur fond noir et blanc. Parfois, en grandes processions noires, viennent les revenants de mon enfance que ma mémoire préfèrerait enfermer dans les tiroirs de l’oubli. L’essentiel est d’avancer. Il est des absences qui sont un manque de courage envers nous-même. On ne peut revenir sur les traces de son passé, car toute chose révolue est inscrite dans notre mémoire et informe notre esprit, seul notre cœur peut raviver l’amertume de nos erreurs ou apprécier nos exploits. Nous sommes l’artisan de notre propre destin. En partie seulement ! Nous devrons donc chercher longtemps des vérités qui résident souvent dans notre inconscient. Le cerveau est un outil fragile auquel on doit se garder de nuire par de faux sentiments ou tout ce qui court-circuiterait ses raisonnements intelligibles. Ne dit-on pas que la vie est un rêve éveillé ? Et bien avant de rêver les yeux fermés, ne serait-il pas plus judicieux d’instruire notre conscience, afin que rien ne meure dans l’absurdité ? Tout se tait, autour de moi, car le monde que je perçois n’est pas illusion, ni chimère, pas même un tableau rustique, mais une œuvre désordonnée par des êtres de mauvaise foi. Barbarie de jadis ou de maintenant, rien n’a changé au cours des temps. Les hommes se disent être tellement différents des autres. Bien sûr, puisque chaque être est unique. Mais cela ne va pas au-delà de cette distinction. Chacun n’étant pas plus mauvais ou meilleur que l’autre pour le plus commun des mortels. C’est vrai, il y a ceux qui tuent, violent, transgressent les lois… Autant de nuisances relèvent d’un état particulier : les marginaux de notre société ou les profanateurs existentiels. A contrario, il y a ceux qui se singularisent par leurs actes qui tentent de revaloriser l’humanité. Malheureusement, ces êtres ne sont pas assez nombreux. Il y a les saints. Rarissime ! On ne sait, par delà leur altruisme, leur charisme, les situer dans un monde bouleversé ou bouleversant. Les grandes pensées ou découvertes de notre siècle valent celles du temps passé, car l’homme avance dans sa technologie mais ne progresse pas dans ses penchants affectifs envers autrui. Tandis que je cherche des causes en parallèle avec d’autres raisons que les miennes, je me dis que je suis femme qui succombe pour mieux se relever. J’aime dans la lumière, dès l’aube et ses pâles lueurs, jusqu’au soir studieux qui a su garder ses vérités éternelles. Ses ombres et ses obscurités ne me feraient plus rien craindre si un être de chair était à mes côtés pour charmer les heures, sans même les compter, d’une voix qui ferait chanter les mots de ceux qui naissent là où jamais le soleil ne s’éteint mais veille à ses futures féeries jaspées. Mais que cet être prenne mon cœur ! Comment ? Comme le ferait un cueilleur de roses, en douceur, de crainte de se blesser. Par cet être là, je prendrai plaisir à caresser son visage, nos corps enlacés, dans des nuits sensuelles et soumises à nos désirs les plus fous. Et je capturerai ses regards enfiévrés, pour que chaque jour fredonne des couplets harmonieux. Nous ne serions plus que des amants lucides et fous à la fois, afin que nos tourments se fassent clarté, nos peines des rires, nos souffrances des sourires. Au ciel indigo, tout scintillant, je lèverai des yeux étonnés, jusqu’à l’heure où, lui près de moi, maître de mes soupirs d’amour, je le verrai, l’esprit doux, s’ouvrant à moi, bouche et cœur dans l’air parfumé de nos ébats. Nous irions, fiers de nos combats, car l’existence, il est bien dit, est souvent morose, mais il n’y a de perte de temps pour ceux qui savent voir, écouter, aimer… C’est pourquoi, nous régressons. J’avoue ne rien comprendre à l’amour qui habite les hommes. Il me semble appartenir à une autre planète et non à celle où les choses devraient prendre le vrai sens que l’on voudrait leur donner. Parfois, je suis prise d’une haine soudaine. Celle-ci me laisse pantelante, écoeurée, vomissante… Et l’impossible, l’impossible est d’aimer à nouveau, me semble-t-il. Cependant, à la femme passionnée que je suis, le vie dit : « Aime ! avant que l’hiver éternel ne tombe ! » Comme l’hirondelle, de son cerveau occulte qui n’a de cesse de bâtir son nid amoureusement, patiemment… Celle-ci murmure à mon oreille : «Bien stupide celui qui veut tout dépasser, surpasser, détrônant, sans gêne, les talents que la nature s’évertue à nous léguer ».


L’hirondelle dit encore :
« Et comme à la monotone montée du soir,
Dans le lointain, on voit des bandes d’étourneaux
Voltiger comme sur une balançoire ;
De branche en branche, ils vont jusque dans les rameaux.
Les tendres minois d’Enfants riants, jouant aux amoureux,
Dans de grands jardins : ceux de nos villes…
L’oiseau épris de sa liberté est le plus heureux,
Se moquant des hommes si étourdis et vils…
Beaux malins ! Comment atteindraient-ils le faîte des cieux,
Quand moi, naïf étourneau, je salue le Bon Dieu ?... »
Nina
 
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