Magazine Journal intime

La mois des petits vieux.

Publié le 18 mai 2009 par Wawaa

Non mais, je sais pas vous, mais moi, je suis persuadée que je dois sécréter des hormones atypiques qui attirent uniquement les personnes âgées. Des gériathomornes tiens. Un vrai aimant à vieux ! Je sais pas pourquoi, peut-être faudrait-il que j'arrêtasse de leur sourire bêtement quand je les croise ou de leur répondre quand ils me parlent. Ou alors j'ai une tête à faire parler les vieux, allez savoir.
La première quinzaine de Mai a pour ainsi dire été très fructueuse en discussions avec les vieux. Faut dire que bon, dans le Gers, y'en a quand même pas mal. Evidemment, je ne compte pas les 112 000 vieux croisés par jour à mon boulot et qui sont toujours contents de me voir, ceux-là c'est pas du jeu, même si dernièrement je les trouve encore plus bavard qu'avant. Non, moi je veux parler des vieux que je croise comme ça dans la rue.
Tenez par exemple, l'autre matin du premier Mai 2009, il pleuvait comme vieux qui pisse et moi je me baladais dans le joli village de Montesquiou; j'allais retourner dans ma voiture, habillée de mon magnifique K-way rouge, quand soudain, un vieux qui faisait son footing sous la Halle m'a parlé. Evidemment, au premier coup je ne suis pas arrivée à décrypter son flot de parole. Accent gascon oblige. Je lui ai donc fait répéter au moins 12 fois ce qu'il venait de me dire, à la 13 ième j'ai fait mine de comprendre et je crois que j'ai à peu près compris. Il me racontait que des oiseaux habitaient un troglodyte, dans l'mur de la Halle et que si j'voulais faire une belle photo c'était le moment, mais moi je voulais pas me prendre un coup d'bec ! "Vous savez ce qu'est un troglodyte mademoiselle ?". Nan mais genre le vieux là, tu me prends pour une inculte ou quoi ! Bien sûr que j'sais ! Et l'autre hé ! Comment il crâne parce qu'il est vieux et qu'il sait tout. Genre ! Il ajoute un "Voyez, à Montesquiou on sait préserver la nature !". Comme j'aime pas les chauvins, j'ai ajouté "Et même partout dans le Gers en fait". Il m'a parlé du préfet, des députés, des maires, des politiciens qui s'étaient succédé, de son enfance à Montesquiou, de la guerre, de sa femme, de son fils, de sa sœur, de sa tante, de son oncle, du temps qu'il faisait. "C'est pas très agréable pour vous quand même de vous promener sous la pluie, mais bon, on dit bien qu'il faut arroser les belles plantes". Ouais l'autre hé là ! Comment qu'il me drague ! Je réponds "Ca me dérange pas la pluie !". "Vous êtes d'où ?". Je lui dis le nom de mon Village et là …il recommence à raconter sa vie ! Il a mangé au restaurant disparu du centre de mon village il y a bien longtemps. Je voyais l'heure tourner, ma foi, je suis polie, je le laisse parler, sauf que j'avais rendez-vous à midi avec une copine et j'avais encore trois villages à silloner. Il continue son blabla et il me parle de la Radio. Parce que bon, dans le Gers, la radio, on a du mal à capter, sauf SudRadio. Et là il me dit qu'un des présentateurs est un sale connard. Ben je suis bien contente de le savoir ! Ma foi, je coupe court à la conversation d'un "je m'excuse, mais on m'attend, il faut que j'y aille !". Il me répond "Oh ça ne m'étonne pas qu'on vous attende". Rhô, mais tagueule le vieux ! Tu pourrais être mon grand-père, t'arrêtes de m'brancher maintenant, l'allumage peut VRAIMENT PAS se faire.

Une semaine plus tard, j'ai cru que le scénario allait se reproduire alors que je tirai de l'argent à La Romieu, en allant visiter les jardins de Coursiana. Le vieux monsieur qui s'en allait du distributeur automatique me dit avec un humour absolument poilant "J'ai tout pris ! Pas la peine d'y aller, y'a plus rien !". Moi, évidemment, que vouliez-vous que je fasse à part sourire et répondre "Vous ne m'en avez même pas laissé un petit peu ?" en faisant la moue. Il rigole, et là, d'un coup il se met à parler de la pluie qui tombe. OUI JE SAIS QU'IL PLEUT TOUS LES JOURS FERIES EN CE MOMENT ET ALORS ?. J'esquive en disant "Oh faut faire avec, bonne journée".
Le soir même, alors que ma pote Laeti et moi allions fureter dans une boutique qui liquide son stock à -70% dans une rue d'Auch, nous avons eu la grande chance de connaître ensemble l'expérience "La Vieille te gratte l'amitié". Ouais ! Youpi ! J'en rêvais ! Voilà le topo. Je suis convaincue qu'elle cherchait à faire la conversation, parce que déjà, elle nous suivait partout dans la boutique. Elle avait déjà tenté l'coup avec Laeti en lui demandant des renseignements. Et puis elle a tenté le coup avec moi. "Dites mademoiselle, c'est quoi ces trucs en cire là ?" "Ce sont des bougies madame ! Regardez, ce sont des chiffres avec lesquels vous pouvez composer votre âge" dis-je en alignant un 1 et un 8. Quelle erreur n'ai-je-pas fait là ! Elle a commencé à dire qu'elle avait 77 ans, blablabla. Et là c'est le drame. LE DRAME. Elle a continué par raconter sa vie en débutant par sa tendre enfance. Pour résumer elle a toujours été trop gentille, mais dans sa famille y'a plein d'gens qui sont vrais. Bon elle nous racontait des trucs plutôt joyeux, et ma copine Laeti qui n'en pouvait plus et voyait que je n'en pouvait plus allait franchement éclater de rire quand soudain, madame la vieille nous a raconté que sa fille de 36 ans s'est suicidé y'a deux ans. Ouais mais non là on va devoir se la jouer compatissante et tout et continuer à écouter. Bon, ok c'est triste, mais j'irai pas raconter ça aux premières personnes venues moi. Elle blablate, elle blablate. Blablabla. Et elle en vient à nous dire je vais vous laisser. Je lui dis "allez, je vous fais la bise ! bonne soirée". Mais là tout à coup, contre toute attente, elle réembraye sur le thème du "Faut pas vous laisser faire, mais faut quand même être gentil". Oui oui d'accord, on se laissera pas faire ! Ca faisait juste 30 minutes qu'elle blablatait… Et 18h approchant et moi commençant à 6h le lendemain, j'avais un peu envie d'rentrer chez moi.
La voilà qui nous dit "Vous voulez pas venir manger un bout de gâteau avec moi ?" en nous donnant par la même occasion son adresse. "Oh, ça va pas être possible, j'habite à 40 km et il faut vraiment que je rentre !". Allez ouf, ayé ! Enfin, elle s'en va. J'en pouvais plus, Laetitia non plus.  Quand même pas farouche la vieille ! On aurait pu aller la dévaliser en l'attachant à son radiateur ! Faut pas donner son adresse à n'importe qui ! Ou alors c'était une vieille psychopathe qui cherchait à séquestrer des jeunes filles dans sa cave en leur faisant manger du gâteau au somnifère.

Après avoir réglé nos achats en sortant de là, nous l'avons aperçue dans la rue et de peur qu'elle se réaccroche à nous comme une sangsue, nous avons préféré nous planquer derrière nos achats et nous dépêcher de rattraper une autre rue pour semer mémé !
Après ça, je me demande quand même si je suis pas un peu méchante … mais ça pourrait pas être plutôt de gentils jeunes hommes intelligents, cultivés et plein d'humour à la place ?



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