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Les contes de l'ordi sacré : la vengeance du caribou fou 21

Publié le 29 mai 2009 par Porky

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EPISODE 21 : Où les héros de ce conte stupide se retrouvent par miracle là où il le fallait et où une longue et fatigante ascension se révèle nécessaire pour déjouer (peut-être) les pièges semés par le caribou fou.

 Le contact avec la pierre de l'escalier fut un peu rude, il faut l'avouer. Multimédia eut le malheur de choir sur sa déjà naze télécommande, laquelle avec « hic ! » d'horreur explosa littéralement, au grand désespoir de sa propriétaire qui commença à ramasser d'une main fébrile les micro-machins et les macro-trucs éparpillés dans tout l'escalier.

Myxomatose ayant eu la bonne idée d'empoigner la main de Marsupilania au moment de la propulsion dans les airs, ce fut sur elle qu'il s'écrasa et ne se fit donc aucun mal. Par contre, la Vaillante mit un certain temps à se relever, et on comprend aisément pourquoi.

Comme d'habitude, Logarithme Prince Charmant s'était brisé quelque chose. Cela n'émut absolument personne. « C'est quoi, cette fois, Loga chéri ? interrogea la Belle Monogramme qui elle, étant une Princesse de conte de fée, avait su se recevoir avec toute la grâce et la légèreté inhérente à son état. Un bras ? Une jambe ? » « Le genou, dit tranquillement Logarithme. Et bien comme il faut. Regardez : ma jambe est à cent quatre vingt degrés. » On s'émerveilla sur cet extraordinaire exploit. Même le caribou magique, qui en avait pourtant vu de raides depuis qu'il fréquentait la bande d'infréquentables, n'en revenait pas. « Ca, c'est de la fracture, Prince, dit-il, très respectueux. Dommage que nous n'ayons pas d'appareil photo numérique pour immortaliser un si beau résultat. Mais le temps presse et invoquer le pouvoir des M serait trop long. Je vais m'en charger. » En une seconde, la jambe fut remise d'aplomb et le genou reprit un aspect tout à fait normal.

On regarda enfin autour de soi. Où se trouvait-on ? Dans l'escalier de la tour, certes. Mais il fallait encore monter un sacré nombre de marches pour arriver au repaire du caribou fou et de Gudule. Et en haut, tout en haut, on percevait une vague lumière rouge pour le moins sinistre. « Mon abruti de frère a encore fait des siennes, dit le caribou magique, consterné. Il a placé un autre cercle rouge devant la porte du laboratoire maudit. » « Je refuse de monter autant de marches, dit Marsupilania, verte à l'idée d'une pareille ascension. Utilisons le pouvoir des M pour nous rendre au dernier étage. » C'est alors que la Princesse de conte de fée fit preuve d'une très grande intelligence et d'un sens inné du danger. « Impossible, chère Vaillante, dit-elle. Si nous nous écrasons comme des bouses trop près du cercle, nous nous retrouverons sur Sirius et j'aimerais vivre encore un peu sur terre si cela ne vous fait rien. » « Projetons-nous directement dans le laboratoire maudit », proposa Multimédia, les mains pleines de micro-machins et de macro-trucs qu'elle fourra finalement dans ses poches. « Ce serait encore pire, énonça gravement la Belle Monogramme. Imagine -ce qui arrivera sûrement- que nous rations notre réception, avec toi qui ramasseras tes merdes, Loga qui se sera encore démis un membre et Marsupilania qui essaiera de retrouver son souffle perdu, le caribou fou et Gudule auront tout le temps de nous passer à la moulinette avant que nous puissions réagir. Et bonjour Sirius, une fois de plus. »

Les paroles de la Princesse de conte de fée jetèrent la consternation parmi le groupe mais ravirent le caribou magique à qui l'atterrissage pour le moins problématique avait fait entrevoir l'avenir sous des couleurs particulièrement sombres. « Monogramme a raison, notre point faible est là, ne nous leurrons pas, approuva-t-il. Et d'ailleurs, ce n'est pas un point, c'est une montagne. » « Bon, alors montons à pied, dit Logarithme à qui son jogging matinal dans le parc du château enchanté avait donné une forme physique éblouissante -ou presque. Et pendant ce temps, chacun réfléchira à la façon de franchir ce deuxième cercle, si cercle il y a. Il suffira de prendre garde en arrivant en haut. »

Marsupilania grogna quelque chose qu'on ne comprit pas et qu'on ne chercha pas à comprendre. Elle avait son visage des mauvais jours, celui qu'elle prenait quand son ordinateur était en panne. Sans attendre, Multimédia, légère comme un cabri, s'était jetée dans l'escalier et avait commencé la montée. On la suivit avec des sentiments divers. Parvenue à la moitié de l'escalade, la Belle Monogramme se mit en tête de tester la complaisance de son Prince Charmant et s'arrêta, boudeuse, puis déclara qu'elle était trop fatiguée pour continuer, surtout avec cette robe et cette cape qu'elle devait tenir à bout de bras pour que l'ourlet ne traînât pas sur les marches couvertes de poussière. « T'as qu'à te mettre en sous-vêtements, t'auras plus ce problème », hoqueta Myxomatose, au bord de l'asphyxie. « Je t'ai demandé quelque chose, lapin putride ET asthmatique ? répondit Monogramme. Continue de semer tes poumons dans l'escalier et mêle-toi de tes affaires. » « Si tu es fatiguée, je vais te prendre dans mes bras et te porter », dit Logarithme, charmant entre tous mais stupide au dernier degré, il faut bien l'avouer. « Oh, Loga chéri, tu ferais ça pour moi ? » roucoula Monogramme avec un sourire dégoulinant de guimauve. Comme tu es gentil ! »

Le Prince prit donc la Princesse dans ses bras et continua son ascension ; il dépassa facilement Myxomatose qui continuait d'ahaner, Marsupilania qui s'était arrêté pour la cinquantième fois, prête à expirer, le caribou magique qui trouvait l'exercice amusant mais ne put rejoindre Multimédia qui, aérienne, grimpait, grimpait, grimpait, si bien et si vite qu'elle faillit donner de la tête dans le cercle rouge qui ondulait méchamment sur le palier du dernier étage et manqua se retrouver sur Sirius. (Et là, honnêtement, l'auteur aurait fait quoi ?)

Le pas de Logarithme, assuré au début, se ralentit assez vite, puis devint de plus en plus chancelant. Mais il ne disait rien, se contentait de serrer les dents, et de penser « j'y arriverai, j'y arriverai, bon sang ce qu'elle est lourde, il va falloir qu'elle perde des kilos, ma Princesse. Je suis vraiment le roi des cons. »

(Logarithme est-il vraiment le roi des cons ? Comment va s'achever cette ascension ? Le cercle rouge va-t-il les engloutir l'un après l'autre ? Et vont-ils arriver en haut sans crever en route ?... A la grâce de Dieu pour la suite.)


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