Magazine Journal intime

Haut et fort

Publié le 06 juin 2009 par Lephauste

Une épitaphe, c'est encore du travail et le travail est le pire que l'homme puisse produire. Ici gîte un rafiot que le remord  vague jeta mollement sur le flanc. Il fit long feu dans le brasier de la nuit mais n'atteignit jamais le sommet du monde marin. Ici jouit un sire sale et repu que rien n'affecta plus qu'une érection laissée à l'abandon, flacide forfanterie. Ici gît, vaguement celui qui fut poète, sans songer que cela fut d'un bon rapport, ni en terme de termes ici en matière de reflets. Ici meurt ce qui mord. Ci-joye la voix dévoyée, la voie mal menée, le voile aimé mort-né. Il n'est que de se retourner parfois, tirer le fil ce faisant et vibrer à l'ombre d'un point de croix et croire sans se relever, sans plus jamais se relever. Le verbe n'est en rien l'ami de l'homme. Mieux vaut pour fuir, un mulet sur trois pattes qu'une phrase retournée au vice des slogans. Mieux vaut pour s'affronter à l'affreux tintamarre obnibulé, volubile, un silence désuet. Un silence solide comme le masque de Rimbaud, couronné jusqu'à la fin par la colére divine. Mourir, parfois, ferait du bien. Même si ça ne doit pas être drôle tous les jours.

Alors voila, une dernière fois une dernière page à la volée, déchirée d'un cahier invisible et jetée là sur la nappe d'un festin noir de voix ésseulées. Alors voici ce silence désuet et pour finir, rien.


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