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QI, Q(u)I es-tu ?

Publié le 17 juin 2009 par Ekilio

Souvent, lorsque je discute avec des gens à propos de l'intelligence, j'entends des choses assez incroyables - et complètement fausses - ou des préjugés très éloignés de la réalité. J'aimerais donc, chers lecteurs, vous proposer de vous aventurer dans le monde merveilleux du QI et de la précocité...

Le QI, qu'est-ce que c'est ?!!

Je pense que la première chose à faire serait de parler un peu de ça. Le QI, ou Quotient Intellectuel de son nom complet, est un test que certains psychologue (ou autres choses commençant par psy) font passer à leurs clients enfants. Je souligne tout de suite : enfants. Le QI dont je vais parler (que Wikipédia, dans sa grande sagesse, nomme "QI Classique") est un outil qui, couplé à d'autres, permet de détecter, chez l'enfant, des troubles divers : un QI bas implique un enfant en difficulté, qui va avoir du retard par rapport à ses camarades, et un QI haut implique à l'inverse un enfant en avance.

Je ne rentrerais pas dans les détails mathématiques du calcul ; mais pour faire simple, le QI est à relier à la notion d'âge mental. Pour ceux d'entre vous (veinards) qui n'auraient jamais passé de tests de QI, l'idée générale est de faire passer à la malheureuse victime l'enfant une suite de tests sous forme de petites énigmes de logique (suite de chiffres à compléter, formes à ranger dans l'ordre, etc...) et de noter les réponses et le temps mis pour les trouver. Ensuite, le médecin compare le résultat obtenu avec les résultats obtenus en moyenne par des enfants de différents ages. On divise l'age dans lequel "se trouve" l'enfant par son age réel, et on multiplie par 100 : ça donne un QI.

Un petit exemple pour mieux comprendre. Mettons que le petit Marc va passer le test. Marc a 10 ans ; mais les résultats qu'ils obtient au test sont ceux obtenus, en moyenne, par des enfants de 12 ans. Marc aura donc un QI de (12 / 10) * 100 = 120. Simple, non ?

Maintenant, là où ça se complique, c'est lorsqu'on parle de ce que signifie réellement le QI. Lorsqu'on viens à dire, quelle que soit la raison à cela, qu'on a un QI supérieur à la moyenne, on entends dire qu'on est "supérieurement intelligent", "surdoués"... Remettons les choses en place. D'abord, le QI ne s'adresse qu'à des enfants et montre un décalage, chez l'enfant, entre son age physique et son age mental. Mais chez l'adulte, ce décalage n'a plus de sens : tous les adultes ont acquis les bases logiques nécessaires. Le QI n'est plus un décalage, et d'abord un décalage entre quoi et quoi ? En étant adulte, il n'y a plus l'aprentissage tel qu'il est chez l'enfants ; on continue à apprendre des choses mais pas des façons de penser. En d'autres termes, le concept selon lequel 2 + 2 = 4 est acquis, et ce qu'on apprends encore c'est "couper le fil noir pour désamorcer la bombe". En gros, plus de tronc commun de concepts, mais une spécialisations d'informations.

Ensuite, le QI ne s'intéresse, de par son principe même, qu'à la logique des personnes passant le test. Lequel test a pour but, je le rappelle, de détecter d'éventuels problèmes chez les enfants (donc scolaires), pas de mesurer une intelligence que je serais déjà bien en peine de vous définir clairement. En d'autres termes, si un adulte vous dit qu'il a un QI de 160, vous pouez en déduire... qu'il aime probablement bien les maths. Et c'est tout.

Les EIP, ou la vie rêvée des surdoués.!!

Parlons maintenant d'un concept qui me hérisse les poils des bras rien que de taper ce mot : les soit-disant "surdoués". En pratique, on parle d'ailleurs d'EIP, ou Enfant Intellectuellement Précoce. Notez d'ailleurs que le premier mot est à nouveau "Enfant".

Un EIP, si on arrête notre définition aux mathématiques pures, est un enfant qui a un QI supérieur à la moyenne. Suivant les sources, on diagnostiquera un EIP à partir d'un QI de 120, 125 ou 130. Notez au passage que d'après Wikipédia, les enfants avec un QI situé entre 130 et 170 (limite haute du test QI) représentent 2% de la population environ. Soit deux enfants sur cent ; dans une école "classique" de 500 élèves, ça en fait une dizaine.

D'un point de vue plus "psychologique", un EIP peut être défini par certains traits qui sont particulièrements forts chez lui. Si on devait synthétiser rapidement les symptômes des EIP, on pourrait noter :

  • Une immense curiosité, principalement scientifique, et parfois abstraite (la mort, l'origine des choses, etc...). Cette curiosité se manifeste généralement par un goût immense pour la lecture (pour donner un ordre d'idée, la cadence hebdomadaire d'un EIP qui n'a pas d'autres obligations peut monter sans trop de problèmes à une trentaines de livres).
  • Un sens aigu de la logique et un besoin d'analyser le "fonctionnement" des choses. Cela induit aussi un besoin profond de justice et d'égalité, parce qu'il serait illogique qu'il y ai une injustice, même si il y a une raison sous-jacente.
  • Des difficultés scolaires, aussi étrange que cela puisse paraitre au premier abord : en effet, le système scolaire est conçu pour s'adapter au mieux à la moyenne des enfants. Qu'un enfant sorte du cadre vers le haut ou vers le bas, il sera toujours hors cadre
  • De très grosses difficultés à s'intégrer avec les autres. Ce point est assez facile à comprendre quand on le regarde après l'avoir vécu, et s'explique globalement par un fait simple : les EIP ont un raisonnement équivalent à celui que tiendrais un enfant plus agé. Ils ont par ailleurs (voir l'article de wikipédia pour des détails biologiques) une façon de penser différente, plus tournée vers la logique et l'apprentissage (la connaissance pure) et beaucoup moins vers les activités "sociales". Il n'y a dans cette phrase aucun jugement de valeur : on ne peux pas dire que le jaune soit meilleur que le bleu, ce sont juste deux couleurs. Ici, c'est pareil : ce sont deux schémas de pensée différents, sans que l'un soit meilleur que l'autre. Mais bien entendu, cette différence implique des difficultés à communiquer avec les autres : les goûts des EIP, au primaire et particulièrement au collège, sont complètement différents des goûts de leurs camarades, et leurs sujets de conversation ou leur manière d'être les différencient encore plus. Difficile dans ces conditions de nouer des rapports amicaux.
  • Une forte différence entre l'age émotionnel et l'age mental. Du fait de leurs difficultés à lier connaissance et à se faire des amis, mais aussi par leur tempérament, les EIP sont naturellements plus enfantins, plus fragiles aussi émotionnellement, que les autres enfants. C'est comme une sorte de miroir de leur avance "logique" : émotionnellement parlant, ils sont plusieurs années en retard.

Il existe beaucoup d'autres symptômes, je vous invite si le sujet vous intéresse à lire l'article de wikipédia en lien plus haut, il en montre même certains qui sont très vrais mais parfois durs à déceler. Bien sûr, toutes les personnes ayant ces symptômes ne sont pas des EIP ; mais la plupart des EIP ont ces symptômes.

Il existe une autre dimension à ces problèmes, la dimension humaine. Dans mon prochain billet, j'aborderais ce sujet, en tentant de décrire autant que mes souvenirs me le permettent mes sentiments et mes ressentis lors de mon enfance, et la façon dont cela influe sur ma vie actuelle.


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