Magazine Journal intime

Jour J vécu sous l'uniforme canadien

Publié le 11 juin 2009 par Araucaria
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Léo Gariepy, pilote l'un des dis-neuf chars Sherman amphibies lancés à l'assaut de la plege de Courseulles... Quinze chars coulent avec leurs équipages avant d'atteindre la plage.
Nous lançons nos chars à l'eau comme prévu et nous tournons en rond, essayant de pratiquer les manoeuvres que nous avons apprises à l'entraînement. La mer est trop agitée...
C'est alors que je décide de mettre le cap sur la plage, (je ne sais pas nager). Nous sommes environ à 4 kilomètres au large; le mouillage est très difficile à cause de la furie du vent.
Dix-neuf chars... Alors que tout semble se passer normalement, je vois derrière moi un char couler, ensuite deux autres, complétement envahis par les vagues qui montent à une hauteur alarmante; je continue mon chemin en crabe; l'ennemi tire beaucoup à la mitrailleuse mais très peu d'obus de gros calibre. Les mitrailleuses n'ont pas d'autre effet sur un char qu'un crépitement désagréable... Quand mes chenilles touchent le sable, je m'aperçois que sur les dix-neuf chars partis du bateau, nous ne sommes plus que quatre, les autres ont sombré...
Alors commence la tiédeuse tâche de descendre les mines "Teller" qui jonchent le trajet que je dois parcourir pour approcher ma cible, un blockhauss sur la digue. Les mines sont détruites avec un fusil que je manie debout sur la tourelle. Fil de fer barbelé, asperges de Rommel, chevaux de frise, portes Maginot : tout le barda que l'ennemi a échelonné sur la plage ralentit notre approche mais tant de choses dépendent de nous que nous n'avons pas le temps de songer à notre sécurité individuelle et nous, les quatre chars, savons que nous sommes plus nécessaires que jamais à cause de notre nombre réduit...
J'arrive finalement à 10 mètres de ma cible; le blockhauss tire de plus belle mais je suis trop près de lui pour lui offrir une cible : ses obus passent au-dessus de ma tête. Je place deux obus dans la gueule du canon pour déranger son tir et, faisant le tour de la défense, je défonce la petite porte métallique derrière et engouffre six à huit obus explosifs dans l'écorchure. Les quatorze bonshommes dans le blockhauss sont réduits en bouillie, sur le mur, le plafond, partout...
Léo Gariepy
Paroles du jour J - Lettres et carnets du Débarquement, été 1944 - Librio n° 634.

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