Magazine Journal intime

Fly me to the moon

Publié le 25 juin 2009 par Lephauste

A Madame Sylvaine Vaucher.

Nous gambadions, badions, dagambions, gabandions, décampions, folâtrions, étalions nos ombres à l'abri des mirabelliers. Nous n'étions pas peu sans cervelle mais au moins ne nous trouvait-on pas à singer le programme du bonheur domestique, de la joie en laisse, celle qu'on laisse volontiers aux pragmatiques névropathes. On nous regardait, de loin, et le venin des postillons ne flétrissait l'herbe qu'aux souliers de ceux qui se pissaient dessus, sous le soleil des cellules. On ne nous visitait pas, on y pensait parfois mais quand un quelque chose sonnait le rappel, nous trouvions de quoi ouater la stridulation insipide et insectueuse, l'étoufant même d'un coup de talon, semant de l'ornière la poussière des bonnes relations humaines. Un rien paisibles, nous n'engagions pas le monde à courber l'échine, à lutter pour sa survie, à se déhancher le pantin pour gagner quelques suées de plus, à procréer à l'infini le semblable ennuis, la sempiternelle scie des générations aux mil conflits complices. La psychiatrie nous avait frôlé la rêverie. Nous sentions  suffisamment le gaz pour qu'à vouloir s'y frotter, le genre humain rétrograde avant le choc, puis aille s'écraser l'AirBus ailleurs. Nous ne ravivions le cuir des rencontres qu'à la condition que les boucles se dénouent avec le même éclat qu'elles avaient eut lors du nouement. On nous aimait de loin. Nous aimions cela. Nous passions, c'était ce que nous avions admis. Nous chevauchions déjà, alors que ce monde s'était voué à la roue, au cri inexprimable de son envie d'enfin paraître pour ce qu'il est, le plus parfaitement vertueux des cercles vicieux.

Nous étalions nos ombres à l'abri des mirabelliers. C'est tout. Ca suffisait à nos ambitions.


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