Magazine Journal intime

La maison du départ

Publié le 26 juin 2009 par Lephauste

C'est une curieuse idée que celle de cette maison là. Une maison toute faite comme l'anti-chambre du départ. Jamais on y arrive que pour en partir tout aussitôt, curieuse idée que celle de ce nulle part acquis de haute lutte sur le tarif de l'existence. Vivre avait un goût et il n'a plus, bon an mal an qu'un coût, généralement disproportionné pour les esclaves que nous sommes. Oh, ne vous offusquez pas ! Pas vous ! Pas vous ! Une maison aux jalousies de laquelle, l'attristement des atroupés vous fait un petit signe : A la revoyure ! Cette maison n'est faites que de quelques marches, inutile de ressortir de je ne sais trop quel moteur de recherche, un moteur qui recherche c'est un humain qui s'est trouvé, des bribes convenantes concernant les styles architecturaux en vigueurs. Tel pignon ? Ce colombage ? Le soubassement en pierres de taille est d'époque, c'est écrit là !

Trois marches, pas une de plus, trois degrés avant le fleuve, avant le crépitement de la cour gravillonnée, trois marges parfois grasses de pluie harassante et de lichens et de fougères et parfois pas. Trois marches de béton, de bois et de tout ce qui fait tomber le pas à hauteur de la résiliation des contrats et que le fleuve en silence, emporte aussi, dans sa serviette où flotte la vie mutante des naufragés.

La première des marches de la maison du départ, est celle où l'on nous pousse à sourire bien que l'on ait appris, au préalable, à baisser les yeux. De celle-ci de marche, on vous somme de vous élever tout en vous tirant l'oreille, et vous marquant l'affection de bonnes paires de gifles. Cette marche là est un ring et, vous avez perdu, la coquille vous allait pas.

La seconde des marches de la maison du départ, est celle où après le Knock Out de la première, vous titubez peut-être, mais avec humour, vous avez l'âge de l'esprit, la jeunesse vous encense de ses miasmes vagues et ses éruptions vous font presque passer pour un à peu près bientôt exploitable mais pas encore assez mûr pour la chicote. De celle-là de marche, on vous mirage des avenirs faciles, à la condition de ... Des ponts d'or lanternés de célestes appâts attendent que d'un pas ferme vous vous enfonciez dans le crédit, sans lequel vous ne sauriez prétendre à vivre parmi le Genre, sous le couvert de la bonne race, de la bonne couleur de carte bleue et accessoirement de la bonne entité politique. Cette marche-ci est un tremplin de l'autre côté duquel il n'y a à vrai dire que le tableau noir de la révision des fondamentaux. Inutile d'apporter ses craies et son chiffon.

La troisième des marches de la maison du départ, est celle que je cherchais à sauter, sans me faire d'entorse, par pure comodité pour ce qui devait suivre, une lente montée alerte vers les sommets du paradis, proposé dans le programme de plusieurs religions dont j'avais eu le temps d'étudier les prospectus, lors de mes nombreuses visites au cimetière de Montreuil-sous-bois, Seine-Saint-Denis (pour les adorateurs des formules simplifiées à deux chiffres : MÔa, ch'u du...). De cette dernière de marche, on vous y voit aller, on n'en vous dit rien, vous êtes passé outre des mailles de la raison, du bout du gros orteil. La présence du fleuve impose la prudence. On se chagrine un peu, on s'avertit par mail, on se téléphone plein les mouchoirs. Soyons francs, on s'obsèque. Enfin vous allez vous occuper de vos oignons ! Enfin on ne vous entendra plus éructer de la bile contre les évidences ! Enfin vous n'aurez plus à chercher des solutions à des problèmes qui font un peu rire sous cape ! Enfin!

Mais tout ceci n'est que fable, la maison du départ n'existe pas, pas plus que nous, même si de la troisième marche, on a sur le monde la vision la plus nette.


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