Magazine Humeur

NAO : Espoir mode d'emploi

Publié le 07 juillet 2009 par Stoerckler

Peu après la partition sanglante de l’ex-Yougoslavie une blague faisait fureur parmi les Serbes : « notre passé est une catastrophe, notre présent est un cauchemar, heureusement que nous n’avons pas d’avenir ».

Bon d’accord, Sonovision-Itep ce n’est pas la Tchéquie mais force est de constater que nos aimables dirigeants laissent peu de place aux rêves : « Oh toi Mortel qui franchit ce seuil laisse ici toute espérance » (Dante)

La démonstration est fournie en 3 coups : 2 réunions de NAO pour discuter augmentations des salaires et une 3ème réunion, celle du CCE pour parler de la situation générale de l’entreprise.

La NAO ou l’art de dissiper les illusions

Outre les remarques déjà publiées sur ce blog il faut souligner à quel point l’indice INSEE influence l’attribution des augmentations. En effet ce dernier décrète que l’inflation 2008-2009 est de 0,1% et notre direction propose royalement de 0,7 à 0,9% d’AG pour les salaires compris entre 1.500 e et 2.450 €.

Nous sommes loin de la réalité ou peut-être ne vivons pas dans le même monde. Soulignons que la CFDT demandait, outre une AG de 3,5%, l’attribution d’une prime transport et la revalorisation des tickets restaurants, formules partiellement défiscalisées pour l’entreprise. En parallèle à ces fastueuses négociations une rumeur (mais est ce vraiment une rumeur) parle de l’attribution en 2009 d’une prime exceptionnelle de 70.000 € à un collaborateur ( !!!!!!!! ), soit 3 années du salaire moyen…

« Oh toi Mortel qui franchit ce seuil laisse ici toute espérance ».

La 2ème réunion de NAO fut également consacrée aux négociations obligatoires : GPEC, emploi des handicapés, employabilité des seniors. Pour rappel la CFDT avait soumis une proposition d’accord GPEC (les propositions sont en lien sur le blog), destination les oubliettes du dialogue social. La direction reste campée sur un simulacre d’accord c'est à dire absence d’intention, de moyens et de volonté. Mon honnêteté intellectuelle m’oblige à souligner l’avancée fondamentale de la 2ème mouture de l’accord GPEC : insertion dans le titre de la mention « l’emploi des seniors ». Et oui car il faut parler emploi des seniors sinon l’entreprise va devoir payer des agios à l’Etat. Donc on parle des seniors, dans le titre.

« Oh toi Mortel qui franchit ce seuil laisse ici toute espérance ».

La réunion du CCE

La lecture et les commentaires du rapport de l’expert comptable du CCE, le cabinet Syndex laissent peu de place aux illusions (version optimiste) ou à l’avenir (versus pessimiste).

En effet globalement Sonovision-Itep résiste à la crise, avec une croissance et des résultats positifs mais en retrait par rapport aux prévisions. Là ou le bât blesse c’est de constater que 3 ans après l’acquisition du groupe par LBO France, Sonovision -Itep ne semble pas avoir de projets d’entreprise (développements) : la production 2008 est au niveau de 2006 ; pas de croissance externe (hormis Cigma, anecdotique) ; pas de business plan. Enfin une part non négligeable des résultats servent au remboursement de la dette.

Car sachons le, un LBO est la martingale des nouveaux joueurs que sont les financiers (spéculateurs) dont les récents exploits défrayent la chronique. Le principe est simple : je rachète une entreprise de 90 M€ en mettant 10M€ sur la table et en empruntant le reste. Par contre l’échéance des emprunts (la dette) est entièrement supportée par l’entreprise acquise à qui on impose des résultats (15 à 20% mini), pas du développement. L’objectif étant la revente à court terme et la récupération du placement (x par 6) et des plus-values. Sans oublier le versement annuel de dividendes à ces actionnaires qui ont constitués le LBO.

Notre président, M. Riou rétorque que l’entreprise, malgré la crise, se développe pour preuve des recrutements de commerciaux, des recherches de partenariats en zone dollars, des développements sur des métiers connexes ou de nouveaux clients.

Rappelons que l’argument du groupe Caravelle qui nous a revendu à la LBO était de dire que leur spécialité et image étaient la reprise d’entreprise en difficulté et qu’en conséquence ils avaient perdu des opportunités de croissance en raison de ce marquage « entreprise en redressement ». Par contre, nos acheteurs débarrassés de ce carcan pourraient investir dans le développement…

« Oh toi Mortel qui franchit ce seuil laisse ici toute espérance ».


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine