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A l’entrée nord d’Estepona, petit village situé à quelque...

Publié le 17 juillet 2009 par Didier T.
A l’entrée nord d’Estepona, petit village situé à quelque...
A l’entrée nord d’Estepona, petit village situé à quelque...
A l’entrée nord d’Estepona, petit village situé à quelque...
A l’entrée nord d’Estepona, petit village situé à quelques encablures au sud de Marbella, mon ami Raymond N avait jeté son dévolu sur un terrain d’une trentaine d’hectares où il avait fait construire une merveilleuse villa à laquelle on accédait après avoir franchi un monumental portail, en retrait de l’étroit chemin d’accès qui menait aussi au golf d’Atalaya situé plus haut sur la colline, et dont un des piliers arborait fièrement l’adresse: « Villa Mélodie ».
Un œil exercé y aurait reconnu, parmi les enluminures de fer forgé, la présence d’une caméra qui permettait de reconnaître les éventuels visiteurs avant d’actionner l’ouverture automatique des lourds battants .
Le portail franchi, il fallait encore rouler, passer le sommet d’une colline, dominée sur la droite par la copie d’un temple coréen réputé, puis plonger vers un paysage planté de hauts palmiers aux pieds desquels un ruisseau alimentait un lac artificiel sur lequel flottait une gondole vénitienne réservée aux occupations ludiques d’enfants sages, le tout sur fond d’une mer Méditerranée bleu azur.
Du pied de l’escalier à double révolution qui accédait à l’étage de réception, on pouvait deviner sur la droite la présence de deux autres villas, plus petites . L’une était réservé au personnel philippin, l’autre plus en avant, avec sa propre piscine était réservée à l’accueil des amis de passage. A gauche de cet escalier, une piscine de vingt mètres sur huit accompagnée d’un jacuzzi en plein air reflétait sur son eau bleue les stucs de la demeure principale. Sous la piscine, douze portes métalliques donnaient accès à autant de garages où le choix était ouvert entre de grosses américaines, plusieurs Rolls dont une superbe Corniche décapotable vert d’eau, une magnifique Mercédes coupé rouge des années 50, et une sublime Lincoln Intercontinentale.
Un vrai paradis sur terre ! C’est du moins l’impression que le premier quidam venu pouvait en avoir jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que les murs d’enceinte de la propriété étaient tous doublés d’un long couloir délimité par un haut grillage et que dans ce couloir couraient des molosses noirs, musclés aux oreilles courtes et droites, qui silencieusement montaient la garde.
A l’évidence, la sécurité de cette destination magique, réservée aux happy few ,avait été calibrée pour garantir à ces derniers une paix royale, la demeure s’avérait inexpugnable.
Nous étions déjà venus ici plusieurs fois à l’invitation de Raymond N et Kiméra, et y avions rencontré des artistes, des présentateurs de télé qui venaient se reposer d’Intervilles qui avaient concouru à leur gloire éphémère, des chercheurs et inventeurs dont les recherches étaient financées par Raymond N, des banquiers et nombre d’affairistes de toute nature. Bref, un condensé de jet secteurs dont les photos se seraient retrouvées dans Voici ou Gala s’ils avaient existé à l’époque.
Mais cette fois, c’est à la demande pressante de Raymond N et Kiméra que nous avions fait le voyage et ils ne nous avaient pas cachés qu’ils faisaient appel à nous, accompagnés de nos trois enfants, pour leur servir d’alibi…et justifier auprès de ceux qui fréquentaient assidûment la maison qu’il leur était alors impossible de les recevoir compte tenu de notre présence…
Ainsi donc, cet oasis de luxe généralement ouvert à tous, se recroquevillait sur lui-même et s’inventait des obligations pour ne recevoir personne. Il faut dire que sachant les sinistres aventures qu’ils avaient récemment connues, nous comprenions leur besoin tranquillité..
Quelques semaines plutôt, alors que les enfants, Mélodie et Amir, devaient se rendre à l’école, Amir, le garçon, comme souvent prétexta un malaise pour refuser de se lever et les parents laissèrent le chauffeur conduire leur fille. Ce chauffeur n’était autre que Raymond Jr, fils issu d’un précédent mariage.
Au sortir de la propriété, alors que la grosse berline américaine empruntait l’étroite route d’accès à la propriété, une BMW circulant en marche arrière leur barra la route, deux hommes cagoulés et armés se précipitèrent et après un moment d’hésitation constatant la seule présence de Mélodie, s’emparèrent de celle-ci et assommèrent le conducteur avant de disparaître.
Deux heures plus tard, alors que l’alerte au kidnapping avait déjà été donnée un appel téléphonique, passé d’une cabine trop lointaine pour indiquer où se trouvait la sinistre équipe, faisait connaître aux parents affolés le montant de la rançon exigée : cinq millions de dollars.
A partir de ce moment, Raymond N et Kiméra ne pouvaient faire un geste sans que la police en soit immédiatement informée, leurs lignes téléphoniques étant sur écoute et la villa totalement isolée du monde extérieur, le personnel consigné à domicile.
Par je ne sais quel stratagème, Raymond N obtint au bout de cinq jours de savoir où et quand devait être remise la rançon. Se raccrochant à toute hypothèse, il m’avait demandé d’obtenir d’un ministère des informations concernant les agissements d’un groupe industriel français lié à l’approvisionnement du marché de la construction, groupe avec lequel il était en concurrence dans le sud de la France. Pour lui, il ne faisait aucun doute que cet enlèvement était lié à cette affaire et que le groupe en question devait être le vrai commanditaire de l’opération.
Avec l’aide d’amis britanniques il réunit, la veille de la date fatidique de remise de rançon, la somme de cinq millions de dollars….en faux billets !
Puis, un miracle se produisit : alors qu’un des ravisseurs faisait son jogging dans un parc de Malaga, ce dernier perdit son portefeuille dans lequel, la police, à qui il fut remis, découvrit une photo de Mélodie dont une partie des cheveux avait été coupée et envoyée à ses parents, qui l’avaient demandé, pour prouver qu’ils étaient bien les vrais détenteurs de la fillette.
La chasse à l’homme aussitôt ouverte se traduisit par l’arrestation des kidnappeurs et la découverte de la fillette qui vivait sous une tente installée dans un appartement de Malaga. Le débriefing de celle-ci démontra qu’elle avait reconnu une des personnes qui la retenait en otage et tout le monde en conclut que cette petite n’avait aucune chance d’être rendue vivante à ses parents… Elle l’avait échappé belle !
L’enquête démontra rapidement que l’instigateur principal de cet enlèvement était le père d’une des élèves qui fréquentait l’école bilingue où Mélodie était inscrite. Ayant eu l’occasion fréquenter la villa en accompagnant sa fille à un goûter d’anniversaire, il en avait cogité la possibilité de s’enrichir en procédant à cet acte odieux et avait imaginé mieux convaincre de sa détermination en s‘emparant du fils Amir et de Mélodie. L’assassinat de l’un des deux devait servir à vaincre toute idée de résistance chez un homme qui, de notoriété publique adorait ses enfants mais, n’était pas du genre à se laisser faire sans réagir violemment.
Aujourd’hui, dans les geôles espagnoles le principal accusé purge ses 30 ans de réclusion. Et il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que là où il est, il est en sécurité car je ne donne pas cher de sa peau le jour où il en sortira.
La fillette ayant été très traumatisée par ces évènements, sur les conseils de la police, Raymond N et Kiméra, décidèrent de limiter leurs invitations à la villa au strict minimum et nous invitèrent avec les enfants afin de justifier cette opération porte close.
Même pour de proches escapades de lèche vitrines dans les magasins de Puerto Bañus, même pour des dîners fabuleux au Vagabundo, un restaurant chic qu’ils avaient créé alentour, nos sorties étaient systématiquement suivies par une voiture dans laquelle deux hommes, recrutés auprès d’une agence britannique, veillaient sur nous.
Le soucis de sécurité était devenu tellement prégnant qu’une visite projetée à Ronda, magnifique cité andalouse perdue dans la montagne que l’on souhaitait rejoindre par la petite route qui partait d’Estepona, due être annulée car l’étroitesse de la voie et ses nombreux virages ne permettaient pas garantir une sécurité suffisante à la Lincoln que nous souhaitions utiliser.
De retour en France, nous pûmes mesurer après coup, tous les inconvénients d’une prison dorée .
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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