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Revue de presse : Mylène Farmer la libertine

Publié le 22 juillet 2009 par Nicolas Koenig

mylene-farmer-france-soirChaque mercredi, France-Soir.fr revient sur ces femmes qui ont réussi en maîtrisant leur image et en jouant la provoc. Nées Norma Jeane Mortenson, Louise Ciccone ou encore Mylène Gauthier, elles sont devenues « Monroe », « Madonna » ou « Farmer ». Premier volet avec Mylène Farmer, l’incendiaire libertine, qui a traversé les époques sans contrefaçon…

« J’aime ce qu’on m’interdit, les plaisirs impolis… » Dès 1984 et son premier titre Maman a tort, Mylène Farmer joue la transgression. Cette comptine maligne est un véritable ovni, chanté d’une voix fluette par cette femme-enfant au châtain encore confus. Pourtant, sa rencontre avec Laurent Boutonnat, celui qui sera son pygmalion, compositeur, producteur, réalisateur, confident et complice, va donner naissance à un mythe. Ensemble, ils vont bâtir une carrière jalonnée de tubes romantiques et provocants, usant d’ambiguïté, d’imagerie sexuelle ou religieuse.

En 1985 avec Plus grandir, le duo propose déjà un premier vidéoclip tourné avec les moyens du cinéma. La chanteuse y est battue par des nonnes et violée par un inconnu, avant d’aller se recueillir sur sa propre tombe. Mais ce culte de l’image maîtrisée va s’accélérer en 1986 avec Libertine. Son premier vrai tube, pour lequel elle devient rousse et évolue dans un univers gothique.

En 1991, un déséquilibré vient abattre froidement le standardiste de sa maison de disques, déçu que la star ne réponde pas à ses coups de téléphone. Un événement tragique qui va sans doute la précipiter dans un mutisme. Dès la fin de sa première tournée en 1989, Mylène opère un vrai virage médiatique. Fini les émissions de télévision hors sujets (celles de Collaro par exemple). Mylène s’emmure dans le silence. Sa vie privée ultra-protégée, elle ne se livre plus qu’à travers ses albums, dont elle écrit depuis (presque) le début chaque texte. Distillant ça et là quelques passages dans des émissions de variété ou des JT. Et n’accordant quasiment plus d’interviews.

Calculée ou pas, cette stratégie du mystère va s’avérer payante. La belle rousse enchaîne les tubes et enrichit sa vidéographie de personnages torturés. Dans le désordre, brûlée sur un bûcher (Beyond my control), chef de rébellion (Désenchantée), violée par un prêtre (Je te rends ton amour), pantin de bois maltraité (Sans contrefaçon), taureau humain dans une corrida improvisée (Sans logique), dévoreuse d’hommes (Q. I.), prostituée (Libertine), cause du massacre de soldats anglais (Pourvu qu’elles soient douces)… Aimée ou haï, Mylène Farmer ne laisse personne indifférent.

Evidemment, l’image seule ne suffit pas. Derrière cet écrin, il y a des qualités artistiques évidentes, beaucoup de travail et un vrai business. Chef d’entreprise, Mylène Farmer détient la quasi-totalité des droits de ses chansons, et c’est une productrice respectée (elle avait lancé Alizée). Ses concerts, de véritables messes (car seul moment de communion avec son public), sont bâtis à l’américaine et disposent d’un budget conséquent : chorégraphiés, costumés, dansés… En 2006, elle avait ainsi donné 13 concerts parisiens intransportables en province.

Actuellement en préparation de ses deux dates au Stade de France (le 11 et 12 septembre), après une tournée triomphale en France et en Russie, Mylène pourrait aussi revenir au cinéma, dans une adaptation du roman de Nathalie Rheims (L’Ombre des autres). Entre ombre(s) et lumière(s), être là ou personne ne l’attend… Finalement sa plus grande force. Son plus beau talent. France Soir.


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