Magazine Humeur

France VS England

Publié le 22 juillet 2009 par Dalyna

Un jour, j’ai regardé un téléfilm anglais sur Arte ou on y voyait un couple mixte. Un homme d’origine indienne avec une femme anglaise blanche. Cela avait suffit à créer de gros conflits entre les familles. Je me souviens de ce téléfilm parce que j’attendais impatiemment qu’arrive enfin l’intrigue du film. Jusqu’au moment où après 45 minutes de visionnage, j’ai enfin compris que l’intrigue, bah c’était juste ça : l’histoire d’un couple mixte au milieu des conflits familiaux. Je me rappelle aussi que lorsque j’ai compris ça, je me suis dit « Pfff, quelle connerie ce téléfilm… faire un tel pataquès pour quelque chose d’aussi banal ». A ce moment-là, je ne m’étais encore jamais rendue en Angleterre.

foule londonienne

Quand on arrive à Londres, l’une des premières choses que l’on peut constater, c’est un multiculturalisme comme on n’en voit pas à Paris. Que l’on soit à Hyde Park ou Soho, dans le bus, dans le métro ou à pied, partout, on croise des personnes de tous les types : asiatique, indien, blanc, pakistanais, iranien, arabe… Tous ces types constituent la foule dense londonienne dans une sorte d’unité. A Paris, c’est plus segmenté en fonction des quartiers. Le quartier chinois dans le 13ème, l’Afrique à Château Rouge, le Maghreb à Barbès, les bourges dans le 16, les bobos dans le 11 etc.

Paradoxalement, alors que la foule dense de l’Angleterre semble marcher du même pas, on constate assez vite que les gens vivent les uns à côté des autres et fréquentent les mêmes lieux, mais ne se mélangent pas. C’est là où je comprends enfin le téléfilm d’Arte. Nous nous sommes rendus dans un bar londonien un soir. Plusieurs groupes d’amis étaient présents côte à côte. Il y avait le groupe des étudiants iraniens, celui des indiens et plus loin, celui des asiatiques. A chaque groupe sa couleur. En Angleterre, on existe aussi par son origine ethnique, un peu comme aux Etats Unis. C’est une façon de revendiquer son existence ou d’avoir le droit d’exister, d’être visible, et de prendre part légitimement à la société. Les publicités sont déclinées en plusieurs versions dans le métro, en version blanc, version indien, noir… En tant que française, le grand inconvénient qui m’apparaît est forcément ce risque d’être enfermé dans ce statut que donne l’origine ethnique. Vivre éternellement comme une pièce rapportée du pays, et jamais comme un citoyen à part entière.

En France, nous n’avons pas le même fonctionnement. Nous avons intégré que l’origine ethnique est une question secondaire car elle n’existe (officiellement) pas pour la République. Officiellement, il n’y a que des français qui constituent la communauté nationale. Officieusement, c’est autre chose bien sûr, mais légalement c’est ainsi. Le point positif est que les populations se mélangent plus aisément, ce qui aide par ricochet, (à une vitesse plus que réduite hein) à faire accepter le nouveau visage de la France et à ce que chacun fasse vers un pas vers l’autre. En dépit des divisions, on ne compte plus le nombre de couples mixtes, en hausse de façon constante depuis des années. Même si la question sociale est un critère de sélection internationale, je pense que chez nous, c’est surtout celle-ci qui divise, plutôt que l’ethnie d’appartenance des individus. Il est plus fréquent de croiser des Jamel Debouzze avec Melissa Theuriau, qu’un Jean Sarkozy avec la fille d’un ouvrier. Un fils de Président ne tolère qu’une fille de PDG, logique. C’est aussi pour ça qu’existent encore les rallyes. Non, pas le Paris-Dakar, je parle de ces fêtes-prétextes où les fils de veulent s’assurer de rencontrer une fille de, des fois que la monarchie réapparaitrait en France.

Lequel de ces deux systèmes je préfère ? Je crois que j’aurais du mal à répondre. Mon cœur de française préfère ce système français, car même si j’ai des origines qui viennent d’ailleurs, je sais que je ne me définis pas en fonction de mon appartenance ethnique. Mes origines berbères sont importantes pour moi, c’est une culture dans laquelle j’ai baigné et qui me sera toujours chère, mais pour moi, ce n’est qu’un aspect de ce qui me constitue, pas la pièce maitresse. Ce qui définit quelqu’un pour moi, ce n’est ni son ethnie ni sa religion, mais sa personnalité avant tout. Quand je rencontre quelqu’un, je ne vois pas sa couleur, mais la personne telle qu’elle est tout simplement. Aussi, être « réduit » à son origine comme en Angleterre est un système qui ne peut pas me plaire car il n’est pas en adéquation avec ma façon de concevoir l’identité humaine. Mais à côté de ça, le système français à ses propres failles, car on fait mine d’être laïc et de ne pas faire de distinction entre français « de souche » et français « d’origine », alors que dans les faits, c’est tout le contraire qui se produit. Les soit-disantes laïcité et égalité citoyenne entraînent surtout le manque de reconnaissance de certaines personnes maintenues de côté, éternellement considérées comme des « minorités visibles », qui sont françaises au point de vue de la nationalité, mais ne sont pas considérées comme telles dans la réalité du fait d’un nom, d’une couleur, d’un visage. Et comme elles ne sont pas considérées comme telles, ces minorités ne se sentent pas françaises non plus, quand bien même elles le sont. C’est un cercle vicieux dont on ne sortira pas tant que l’hypocrisie de ce système ne sera pas dénoncée. En France, on a tendance à louer notre système comme étant « le meilleur du monde ». Aaah oui, qu’il est beau notre système égalitaire. J’ai souvent l’impression qu’en France, ce qui prime, ce n’est pas la réalité ni les résultats, mais l’illusion. On aime l’illusion, on aime aimer des valeurs héritées des Lumières qui sont certes nobles, mais qui sont bafouées chaque jour dans un silence total. On préfère fermer les yeux pour ne pas se réveiller brusquement et se rendre compte à quel point on rêve son pays plutôt que de l’aimer réellement pour ce qu’il est. Mais qu’est-ce qui est le plus important, le rêve ou la réalité ? Ca fait longtemps que je ne me fais plus d’illusions, mais il va falloir se battre pour que ce pays reprenne son identité. Et ce n’est pas un ministère merdique et déshonorant pour la France qui va nous la rendre. Je parle d’identité nationale en termes de valeurs. Il va vraiment falloir changer tout ça, car j’en connais qui doivent en avoir marre de faire des triples saltos dans leurs tombes.

En attendant la révolution, je vous laisse avec quelques clichés londoniens…

bus londres

Des bus désengorgés grâce au sens pratique des anglais…

ecureuil londres

Une capitale où la nature reste très présente…

la crise londres

Crise, vous avez dit crise ?

whiskies londres

Des pubs très XIXè aux noms classiques…

pubs noms originaux londres

… et d’autres aux noms moins classiques

buckingham palace
big ben nuit

Des visites habituelles…

memorial diana

Petit big up à Diana…

recueil ou pause pipi

Recueillement ou pause-pipi, that is the question…

abbey road

Recueillement ou pause-pipi, that is the question…

abbey road

Un passage piéton incontournable…

abbey road pancarte

… dans un quartier incontournable…

abbey road visiteurs

avec des visiteurs qui font chier depuis 40 ans les automobilistes du coin…

abbey road traverse

… tout ça pour ça (j’avoue, je ne pouvais pas ne pas la faire)


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