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De Joliette à la Sibérie : quand la prière n'a pas de frontière

Publié le 21 juillet 2009 par Fbruno

Les Marguerites, ce mouvement inspiré par Margaret O'Donnald et fondé en 1978 par Mme Louise Ward, prend sous ses pétales de prière tous les prêtres du diocèse de Saint-Joseph à Irkutsk ainsi que la moitié de ceux du diocèse de la Transfiguration de Novosibirsk, tous les deux situés en Sibérie.

Au début de l'été, le jardinage bat déjà son plein et les fleurs sauvages sont presque toutes écloses et prêtes pour leurs floraisons. Par contre, les marguerites dont on parle ici ouvrent leurs pétales été comme hiver. En fait, il s'agit des ces priants, laïcs pour la plupart, qui une fois par semaine, s'engagent à faire oraison pour un prêtre, dont ils connaissent le prénom et le diocèse. « Un mouvement à sept pétales qui désignent sept personnes qui s'engagent à soutenir un prêtre dans leurs prières et leurs sacrifices les sept jours de la semaine », indique les responsables du mouvement dans leur présentation.

Le mouvement est actif et présent au Québec, entre autres dans le diocèse de Joliette (nord-est de Montréal), depuis vingt ans. Cette section, qui compte plus de 1000 membres, a décidé d'avoir comme projet anniversaire, le parrainage de prêtres en Sibérie. Pour ce faire, les Marguerites se sont adressées à l'Aide à l'Église en Détresse (AED), qui lui a donné une liste de leurs prénoms. Ainsi, celles du diocèse de Joliette, en collaboration avec les Marguerites du diocèse de Rouyn-Noranda, partagent le parrainage spirituel de 67 prêtres des diocèses de Saint-Joseph à Irkutsk, ainsi que ceux du diocèse de Novosibirsk, tous les deux en Sibérie.

Pourquoi prier pour les prêtres ?

En Église, surtout dans les pays occidentaux, il n'est pas rare que le prêtre passe ses dimanches seul. Bien sûr, il préside la messe le matin et dans certains cas, s'il n'y a pas de diacre dans la paroisse, il présidera la célébration du baptême d'un ou plusieurs enfants dans l'après-midi. Sinon, il reste seul, les paroissiens ayant retrouvé leurs familles ou s'affairant à d'autres occupations. Il est rare que le prêtre soit invité chez l'un de ses paroissiens. La solitude est alors pesante.

Cette description d'un dimanche matin à l'occidental dans la ville de Montréal nous a été confiée par un prêtre qui ressentait une grande tristesse à cause de cette coupure de la communauté, une coupure qui survient pourtant juste après le moment numéro un de la semaine chrétienne catholique : l'eucharistie. Une situation qui démontre bien le besoin pressant de prier pour les prêtres, où qu'ils soient et quelles que soient leurs situations.

Un mouvement, dont l'intuition est mondiale

L'intuition de la prière pour les prêtres est montée dans le cœur de plusieurs grands mystiques. On a qu'à penser à Sainte-Thérèse-de-Lisieux ou encore à Marthe Robin. Au Québec, Margaret O'Donnald, jeune femme handicapée par la poliomyélite dont elle a été atteinte plus jeune, avait témoigné au début des années 50 de son intention de ne pas se plaindre de son incapacité à se servir de ses membres. « Toujours souriante, elle devint le rayon de soleil de toute la paroisse », indique le mouvement des Marguerites dans sa biographie. « Durant toute la journée, la jeune dame priait pour sa paroisse, pour les prêtres, pour l'Église. » Aux visiteurs qui venaient la voir, elle faisait offrir une marguerite par sa mère, « symbole de son amitié ». Margaret avait appris que le mot marguerite était d'origine française et désignait cette fleur, « symbole de simplicité ». Durant les années 60, elle a même reçu la visite des étudiants rédemptoristes d'expression anglaise, qui « allaient, tous les soirs, “chercher leur ration d'espérance auprès d'elle” ».

Le mouvement des Marguerites désire « que tous les prêtres soient adoptés par des laïcs, des religieux, des religieuses, et des diacres », afin de répondre à l'invitation de Paul : « Priez pour moi afin que je puisse prêcher hardiment la Parole », ainsi que « l'appel du Maître : “priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson.” » Mathieu, chapitre 9, verset 19. C'est une véritable « famille spirituelle » qui est ainsi créée par le mouvement.

Les Marguerites québécoises ne sont pas seules à vivre cette mission. L'Agence Zénit rapporte dans son édition du mardi 16 juin dernier, que le mouvement Lazos de Amor Mariano (LAM), né le 16 juillet 1999, jour de la fête de la Vierge du Carmel, poursuit essentiellement les mêmes objectifs. Il invite tous les laïcs qui le peuvent à « adopter » un prêtre, « , de manière à l'aider le plus possible, en le confiant à nos prières et en offrant des sacrifices pour que Jésus Christ lui donne la force et le don de la persévérance dans sa mission rédemptrice ».

Ces deux initiatives sont d'autant plus intéressantes à souligner en cette année sacerdotale, lancée par le pape Benoît XVI le 19 juin dernier. Elles ont une couleur qui permet d'être véritablement partie prenante de cette année spéciale où le rôle, l'agir et l'être du prêtre sont mis de l'avant, et où tous les laïcs sont invités à dire et à redire toute l'affection qu'ils portent à ceux qui président l'eucharistie, « don de Dieu pour la vie du monde », comme le disait si bien le thème du 49e Congrès Eucharistique International de Québec l'an dernier.

Depuis le début, l'Aide à l'Église en Détresse soutient les prêtres spirituellement et matériellement dans leur mission, en distribuant des offrandes de messe. Un geste de solidarité qui permet aux prêtres les plus pauvres de continuer à vivre leur mission première, tout en priant aux intentions des bienfaiteurs.

Un échange spirituel et matériel unique entre les pays en développement, et ceux dit développés.

En 2008, ce sont près de 15 millions de dollars canadiens qui ont été distribués partout dans le monde en offrande de messe, 18,8 pour cent du budget consacrés aux projets.

C'est dire toute l'importance de ce secteur !


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