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Copé... Money Money

Publié le 24 juillet 2009 par Trinity

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Maître Copé touche-t-il 200 000 euros chaque année ?

                                  

Par Julien Martin | Rue89 | 24/07/2009 | 10H02

Député UMP de Seine-et-Marne, président de groupe à l'Assemblée nationale et maire de Meaux, Jean-François Copé n'est pas exactement ce que l'on peut appeler un chantre du combat contre le cumul des mandats. Cumul des mandats, mais aussi cumul des revenus.

La loi organique du 25 février 1992 plafonne ses revenus d'élus à 9730,41 euros bruts par mois. Mais celui qui est également fondateur du club de réflexion Génération France a trouvé le moyen depuis octobre 2007 d'augmenter sensiblement ses émoluments, en devenant collaborateur à temps partiel dans l'un des plus importants cabinets d'avocats d'affaires internationaux, Gide Loyrette Nouel.

Bien que Copé n'ait pas occupé de poste spécifiquement juridique, le Conseil de l'ordre du Barreau de Paris avait tout de même jugé recevable son solide CV (ministre délégué à trois reprises et deux fois secrétaire d'Etat) et lui avait attribué quatre mois plus tôt son certificat d'avocat par la voie d'accès parallèle à la profession, comme à bon nombre de parlementaires.

« C'est fantaisiste, c'est totalement fantaisiste ! »

Depuis le sujet demeure tabou pour l'intéressé. Qu'y fait-il exactement ? N'y a-t-il pas conflit d'intérêts avec ses activités anciennes au gouvernement ou actuelles à l'Assemblée nationale ? Impossible de le savoir précisément, son travail au cabinet n'étant évidemment pas rendu public.

Pas plus que ses honoraires. Fin décembre 2007, alors que Jean-François Copé réunit à l'Assemblée nationale quelques journalistes qui suivent l'actualité parlementaires, Rue89 lui avait demandé si lesdits honoraires approchaient 20 000 euros par mois.

Le chiffre provenait d'une source qui n'avait pu être recoupée. L'homme multitâches avait farouchement nié : « C'est fantaisiste, c'est totalement fantaisiste ! » (Voir la vidéo)


« Sa tâche principale ? User de son influence »

Dans une grande enquête sur l'argent des élus publiée en mai dernier dans le magazine Capital et reprise cet été sur le site Politique.net, le sujet est revenu sur le tapis, avec un chiffre pas si « fantaisiste » comparé au nôtre :

« Selon l'un des fondateurs [du cabinet Gide Loyrette Nouel], le contrat assurerait à Copé 200 000 euros d'honoraires fixes par an. Sa tâche principale ? User de son influence pour faire la médiation entre des société françaises et des Etats étrangers. »

Recontactés par Rue89, Jean-François Copé et le cabinet Gide Loyrette Nouel refusent tous deux de confirmer ou d'infirmer l'affirmation de Capital. Seule l'attachée de presse du premier ose : « Je peux vous dire que ce n'est pas du tout ça. » Combien alors ? Silence. L'élu auteur de « Promis, j'arrête la langue de bois » (éd. Hachette Littératures, 2006) a-t-il changé d'avis ?

Coppé cumulard (Hervé Fell)

Copé fait des heures sup' chez un avocat d'affaires

Déjà président du groupe UMP à l'Assemblée, maire et président d'agglomération, l'ex-ministre a encore du temps libre.

Jean-François Copé à l'Elysée, en 2002 (Charles Platiau/Reuters)

Déjà député de Seine-et-Marne, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, maire de Meaux et président de la communauté d'agglomération du Pays de Meaux, Jean-François Copé vient de réussir à dégager encore un peu de temps libre pour devenir collaborateur dans l'un des plus importants cabinets d'avocats d'affaires internationaux, Gide Loyrette et Nouel.

Celui qui n'a pas caché sa déception de ne pas figurer dans le gouvernement Fillon y travaillera les vendredis et samedis. Un recrutement annoncé par une brève de Capital.fr et confirmé par la communication du cabinet :

« Il est effectivement entré comme collaborateur à temps partiel. Il va traiter plus particulièrement les dossiers de médiation, et il ne s'occupera évidemment en rien des dossiers liés à l'Etat. »

Promis, donc, il ne mettra pas à disposition de ses nouveaux collègues son large carnet d'adresses pour les aider à traiter l'un de leurs plus gros dossiers : le cabinet Gide Loyrette et Nouel est le conseil de l'Etat dans le projet de fusion entre Gaz de France et Suez.

Jean-François Copé n'est pourtant pas dénué de compétences en la matière. Il a été ministre délégué au Budget auprès du ministère de l'Economie entre 2004 et 2007. Ministère qui pilote depuis le début ce projet de fusion.

Avocat grâce à la voie d'accès parallèle à la profession

L'auteur de « Promis, j'arrête la langue de bois » (Hachette Littératures, 2006) demeure toutefois muet sur le sujet. Rue89 a tenté trois jours durant, en vain, de recueillir auprès de l'intéressé des précisions sur son recrutement.

Ses collègues parlementaires ne sont pas plus prolixes. La dizaine de députés interrogés ont affirmé ignorer la nouvelle occupation du président du groupe UMP. Y compris Catherine Génisson, députée PS et présidente de la Délégation chargée de l'application du statut du député, qui vérifie la compatibilité entre le mandat parlementaire et d'éventuelles autres activités professionnelles.

Toujours est-il que Jean-François Copé n'aura pas tardé à tirer profit de son diplôme d'avocat, quatre mois après avoir prêté serment devant la Cour d'appel de Paris. Comme nombre de parlementaires, il est passé par la voie d'accès parallèle à la profession pour obtenir son certificat d'avocat.

Une voie d'accès réglementée par le décret du 27 novembre 1991 et fondée sur l'expérience professionnelle. Ministre délégué à trois reprises et deux fois secrétaire d'Etat, il n'a pas occupé de poste spécifiquement juridique, mais son solide CV a été jugé recevable par le Conseil de l'ordre du Barreau de Paris.

Des émoluments mensuels limités par le plafond légal

Un nouveau diplôme et une nouvelle fonction qui lui permettront d'augmenter ses émoluments mensuels limités par le plafond fixé par la loi organique du 25 février 1992. Un député exerçant d'autres mandats locaux ne peut toucher au total plus de 7 877,82 euros net par mois (sans compter son « indemnité représentative de frais de mandat » de 6 278 euros et les déplacements gratuits).

Reste à connaître la réaction de ses administrés, qui jugeront sur pièce sa disponibilité. Mais Jean-François Copé ne semble pas particulièrement gêné par les problèmes d'absentéisme. Au mois d'août, alors qu'il était question de sanctionner les députés trop souvent absents de l'Hémicycle, il s'y était fermement opposé, prenant justement en exemple la profession d'avocat :

« Qui considère que le travail d'un avocat se limite à sa présence au prétoire, à sa plaidoirie ? Le travail parlementaire va bien au-delà de la seule présence des députés dans l'Hémicycle. »

Addendum le 25/09/2007 à 12h12 : Interrogé par Jean-Michel Aphatie à propos de l'article de Rue89, Jean-François Copé a répondu, mardi sur RTL, que tout était « question d'organisation » et que cette activité lui permettait « d'avoir de temps en temps les pieds sur terre ».


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