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Chéri, t'as pris tes précautions ?

Publié le 05 août 2009 par Audine
Espadon sicilien n'ayant pas pris assez de précautions.JPG

Voilà que tout le monde s’agite à propos du principe de précaution, et quand je dis tout le monde, ça va même au delà de la réacosphère habituelle, pour qui le principe de précaution est une hérésie.

Tout ça à cause d’un ministre qui a cru bon de faire des rodomontades suite à la noyade d’une gamine dans un camp de vacances.

Fait divers qui en l’occurrence n’a aucun rapport avec la choucroute, puisqu’il s’agit de règles existantes et non appliquées, et surtout, d’un risque parfaitement connu – celui de la noyade.

Je ne vais pas revenir ici sur les discours accusant le principe de précaution d’être cause de suppressions des libertés individuelles :

Plus le droit de la tabagie, plus le droit de rouler vite, plus le droit de mettre ma vie en danger, nom de Dieu.

Ce que n’ont pas compris ces chantres des libertés individuelles, c’est qu’on s’en fiche, de leur vie. On veut juste faire aussi ce qu’on veut de la notre.

Beaucoup de nos habiles hâbleurs n’ont pas réfléchi à la définition même du principe de précaution, faut croire.

S’abstenir de faire courir un risque à autrui, dès lors que l’on connaît son existence, même en ne pouvant estimer les probabilités de ce risque, et à partir du moment où il pourrait aboutir à une atteinte grave de l’intégrité physique de quiconque.

Surtout quand quiconque n’a pas les moyens de connaître ce risque.

Surtout quand on sait que ce risque existe.

Et à partir du moment où on ne sait pas l’éviter.

On voit que ça élimine pas mal de règles qui sont des règles de police, au sens comment on fait pour vivre ensemble sur terre.

On connaît comment pallier le risque ? on applique la prévention.

La prévention, ça permet d’éviter la précaution.

Allez, donnons un exemple : monter sur un toit présente un risque de chute de hauteur. Il n’est pas sûr que le couvreur coure ce risque. D’ailleurs, il le dit parfois : « mais je suis jamais tombé ! ».

Qu’importe : l’employeur ne fait pas courir le risque à son salarié, on connaît les moyens de prévention, on met un échafaudage en encorbellement, par exemple.

Est-ce qu’on parle ici du principe de précaution ?

Absolument pas. On parle de prévention.

Dans notre vie, quand le principe de précaution nous a-t-il embêtés ?

Peut être jamais.

En revanche, certains auraient peut être aimé que d’autres soient embêtés par le principe de précaution.

Les 100 000 victimes de l’amiante, par exemple.

La France, pays où Dieu a élu domicile et championne des libertés individuelles a été un des derniers pays à interdire l’amiante.

Pourtant, les dangers de l’amiante étaient connus et signalés depuis le début du siècle.

Les ouvriers de l’amiante, rapportant des fibres d’amiante avec leurs vêtements de travail, ont contaminé aussi leurs familles.

Allons demander aux ouvriers de l’amiante ce qu’ils pensent du principe de précaution.

Dommage d’oublier à qui profite le rejet du principe de précaution.


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