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L’arbre et l’enfant

Publié le 10 octobre 2007 par Jlhuss

C’est comme un nid de lenteur, au plus épais d’un feuillage où le vent même n’atteint pas. L’enfant grand s’y blottit jusqu’au soir, et la peur guette pour lui tout le jour à la cime, rentrant dans la sève à l’heure où la clarté s’en retourne par le fleuve.

Vous les avez connus, et oubliés. En son berceau l’enfant n’avait pas la parole ; en haut du tertre l’arbre était fleur. Puis l’enfant trotteur se hissa pour saisir, tomba, heurtant de la tête ; l’arbre était fruit, roula au pied du mur, germa. Et quand le père voulait essarter en cet endroit, l’enfant criait si fort qu’il fallut couver l’arbrisseau ; étayer l’arbuste ; ne jamais tailler l’arbre ; laisser s’ébranler le mur du jardin sous la poussée, chanceler la maison sous l’ombre immense.

Le père mourut, et la mère, et jusqu’à la mémoire exacte des gens et des lieux. L’enfant grand n’avait pas la parole. Il battaitt de nuit la campagnne, voleur de fruits et gobeur d’oeufs, défiant les chiens. Une nuit le sang coula, il en fut soupçonné. On fouilla la plaine et le mont, les granges, les caves. En vain… Si vous parlez et qu’on vienne encercler l’innocent en ce refuge, vous verrez l’arbre armer tant de colère à ses branches, tant de soulèvement à ses racines, et d’autres arbres l’imiteraient : c’en serait fait de la stabilité du paysage.


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