Magazine Journal intime

Journal du silence II (récit)

Publié le 05 septembre 2009 par Lephauste

On en était à la troisième cafetière, et pas une larme, ce type là avait un coeur d'or, une pépite grosse comme un oeil de perdrix à la place du remord. Je croyais le connaître. Il s'éfondrait pas, à peine si le café lui filait des petites décharges électriques, un tic à la jointure des paupières, comme un feu tricolore qui se serait emmêler les pinceaux au moment de lâcher la meute sur le passage surélevé où des mômes passaient avec des mines désoeuvrées de manoeuvres. Tu vas faire quoi à présent ? J'essayais encore de le relancer sur une des pistes probables de l'humain fait comme un rat. Mais lui, il soulevait les papiers. Tiens, tu fais des poèmes ? C'est quoi ça "l'ôde aux nouilles" ? Un truc qui parle de loutes ?

L'ôde aux nouilles ? Ah oui je me souvenais. tu parles d'un tabac que j'avais fait avec ça ! Ça racontait comment un type en pleine guerre des gang, à Crosne, avait sauvé au péril de sa vie toute une palette de farlafelles, dans un Leader Price en flammes. A la fin le type il s'envole avec la palette, sur un tire-pale avec en fond l'incendie qui fait rage et consume un bébé sans papiers coincé dans un mini caddie lancé par un faux pilote  d'Air France déguisé en terroriste napolitain. Hollywood avait voulu racheter les quarante lignes pour en faire un film à gros budget. Mais ça avait capoté, le patron du Leader Price voulait plus rien savoir à propos des scènes d'incendie, et on avait eu du mal à trouvé le figurant pour le plan serré où le bébé calciné a juste le temps de hurler : Allah est mort ! Avant de finir dans le rayon mozarella. Moi aussi je suis gramaphone ! J'avais pourtant juré au producteur. Mais tu parles.

Non c'est rien, laisses. L'autre lisait en se curant le nez pour récupérer un peu du goudron de tous les mégots qu'il venait de griller, sans me demander si j'avais arrêté de fumer. Puis il leva la tête, me planta son regard d'assassin pas concerné dans les yeux et j'eus peur. Justement ! Qu'il me dit. J'avais pensé ... tes deux dogues là, il les avait quand même vu, j'aurais du me douter. Ils sont pas à moi, fallait que je lui coupe la chique. Deux dogues argentins, tout d'innocence faits, sur un banc aux assises ... Ça allait chercher dans les combien. Oui bon, c'est pas grave ! Qu'ils soient à toi. T'es pas obligé de venir, tu me les passes, pas plus de deux heures. Vu l'épaisseur de la vioque, si en plus j'enlève la blouse, le tablier, les chaussons et que je te ramène les os, pour le bouillon ... Fallait que je le stoppe net, je voyais d'ici la patronne : T'as pas vu Space ? Et Défi, elle est passée où ? Tiens non t'as raison, ils sont pas là ? Les petits chiens ? Les petits chiens ? Je me voyais soulevant les coussins, cherchant dans les tiroirs, tournant, virant, secouant le paquet de gateaux secs et faisant des petits claquements de langue, comme quand je rentrais la nuit, un peu bourré, sans savoir si ils allaient se souvenir que j'habitais là et que je les aimais bien. Mais le matricide démordait pas. Tu referais pas un café ? Pendant ce temps je leurs y explique le topo.

Non mais t'es frappé ! Ces bêtes elles s'endorment en écoutant Hannibal Troïlo, elles mangent que du frichti que la patronne fait cuire à quatre heures du mat, en jouant au poker avec une pince à linge sur le pif. Et en plus, tiens toi bien, le Space y pleure comme une madeleine quand sur TF1, une vieille se fait agresser par un membre d'une communauté de souche incertaine, devant un GAB de la poste inc. Et alors ? Qu'il me répond la purge, j'ai qu'à leur raconter mon enfance misérable, qu'elle me cognait la daronne, avec un nunchaku, en écoutant Eddy Mitchell à fond sur le gramophone ! Comment ça ? que je lui rétorque, ta mère aussi elle était gromaphone ? P'tain la salope ! Si ca se trouve c'est elle qu'à signer le puscule de l'aut' tenture, comment qu'il disait que ça se nommait ? Journal du silence, ouais c'est ça, merci. Attends c'est moi qui vais leur causer aux dogues ! Spaaaaaace ? Dééééfiiiiiiii ! Venez les petits chiens, ouiiiii ! Beaux ! Sages, bons chiens, chair morte, maman de mon pote, oui oui oui en voiture ! On y va en voiture. Quatre dans la polo, ça devrait pouvoir le faire. On a qu'à emporter la cafetière...

N'empêche c'était gonflé, on allait enfin faire la une, faudrait toiletter les petits chiens, acheter des beaux colliers étrangleur, des vaches de muselières en cuir de puma, et pour mon pote et moi des survet's de Boca Junior. Je peux avoir Rivers, c'est pour mon standing, tu comprends ? N'empêche la journée avait commencer morne mais les dogues flairaient la promenade. C'est toujours bon d'aller se dégourdir un peu.


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