Magazine Journal intime

Le journal du silence VI (récit)

Publié le 08 septembre 2009 par Lephauste

Tu vois ! Qu'il me dit. Non, pour ce qui était de la perspective, je voyais au juste plus rien. sinon qu'il allait falloir passer les petits chiens au Karcher, "vous inquiétez pas madame, on va vous nettoyer tout ça au karcher!". Je sais plus où j'avais entendu ça, un type de la SPA ? Le chef d'une bande de Hells reconvertie dans la politique ? Le leader du  Harley Dog Etron Crew de Neuilly ? A la télé sans doute. Où ailleurs qu'à la télé une crapule bien mise, pouvait venir faire de la pub pour ce genre d'engin de maniaque ? ... Tu vois ... y remettait ça. Je crois que j'ai fait une pire connerie et ... Quoi ? J'en croyais pas mes oreilles, pourtant putain, qu'elles me parlaient mes oreilles : Y vas pas ! Fais pas le con ! Trouves-toi un taf ! Appelles ta mère ! T'as payé tes prunes ? C'est à cette heure-là que tu te lèves ? Elles me berçaient mes oreilles, comme un vieux tas de férailles, trop près du pylône. C'est que la vieille ... Y passait aux aveux, on était les nerfs en pelotes, je triturais le scalp de la mère Monpote, ses chaussons de feutre, sa vieille combinaison, tous ses petits effets, histoire de me rappeler que j'avais été un môme qui adorait sa mère ... Elle avait planqué  un mithonnaire à dix mille boules, et tu vas pas me croire ... j'sais même pas où ? La mère à mon pote venait de clamser une deuxième fois. Mais là, c'était dans l'air que ça se sentait, j'allais ouvrir une fenêtre pour que l'odeur fade de la douce colombe de son âme de nuntchak s'envole en cliquetant de la chaînette ... Sur la route de Momfils ! Et c'est là que je les ai vu.

Qu'est-ce t'as ? L'autre commençait à vider la boite à ouvrages, avait déjà détruit les tiroirs du vaisselier, les petits chiens grognaient, montraient les crocs comme dans un fait-divers. Des photos, des factures, des lettres pas d'amour se mêlaient aux reliefs du goûter. Pas traces du ticson gagnant. La porte d'entrée craqua comme un cure-dent de mammouth, et tous les quatre tout à coup on a eut l'air de ce qu'on était, des cons. Des cons besogneux, pas racés, sans talents particuliers, des cons ordinaires. Comme vous et moi.

Le premier que j'ai vu portait à l'épaule une sorte de flingue du futur, un truc avec un harnais et des cartouchières tout autour de le ceinture, il s'est précipité sur nous, a fait un tour sur lui même, puis collant son oeil à visée infra rouge au viseur il nous a mis en joue, et a appuyé sur la détente ... Les cons quand ça s'apprêtent à se faire défoncer le buffet par un engin pareil, ça demande pas le mode d'emploi, ça pose même pas les questions de pure courtoisie, du style : Et t'en bute combien à la seconde avec ta machine de paix massive ? Non, dans ces cas là les cons sont à l'arrêt, dans des postures pas engageantes pour la postérité. Les petits chiens savaient plus si il fallait attaquer, comme dans les faits divers de la réalité-télé-docu-fiction ou bien se coucher sur le dos et se pisser dessus. C'est pas bon de crever la vessie pleine. Mon pote a fait mine de sortir une équerre en plastique de sous le premier coussin venu, de glisser dedans un chargeur et de devenir menaçant, tout à coup, il a fait mine mais l'équerre voulait rien savoir du chargeur, elle voulait retourner à l'école, l'odeur de la maîtresse, les craies qui crissent sur le tableau noir, une sorte de nostalgie à angle obtus. Moi ? Moi je me demandais ce qu'en la circonstance, l'auteur gromaphone du "le journal du silence" aurait bien pu faire ? Extrait du journal du silence :

Dans le cas où pour des raisons diverses vous vous trouveriez dans l'éventualité d'assister en tant qu'acteur involontaire à une opération supposée d'une présumée force de police à l'intérieur d'un taudis de, mettons trente cinq mètres carrés, je pense qu'il serait urgent d'appeler le commissariat le plus proche pour savoir si effectivement vous avez bien affaire à de vrais flics flippés de la gachette, cocus, casqués et neuro-déficients. Mais d'abord, posez vous cette question : Pourquoi faut-il donc que de ces enfants dont nous bourrons le crâne avec de tant bonnes choses à savoir, nous finissons pour une partie non néglgeable d'entre eux, par en faire des flics ?

Faudrait que je pense à demander à mon pote, quand on serait enfin tranquille, étiquetés du doigt de pied, dans un frigo, bien à nous, Ce qu'il pensait : Tu crois que je dois arrêter d'écrire des poèmes ?

Chers amis bonsoir ! Et bien voici notre rendez vous hebdomadaire, pour les petits et les autres, alors ... Applaudissements je vous prie !!! C'est lui le deuxième que j'ai vu. Dans son costard de chez Balance-Iago, ses pompes british et derrière son petit délit de faciès perso, un sourire tiré à quatre rails ... Cette scène de crime c'eeeeeeeest laaaaa vooooooooooooooootre ! applaudissements je vous prie ! Votre émission préférée vous est proposée ce soir par les comdoms Kaputt, avec les comdoms Kaputt on se lâche ! On se lâche ! Mais jamais on s'attache ! Il enchainait en pro. Mon pote lâcha l'équerre et leva les mains en l'air, comme un con je vous dis. J'en fis autant, ami fidèle. Les petits chiens prirent des poses de gros chiens méchants. Le caméraman zooma, panoramiqua, travellingua, champa, contre-champa, toute les cours de l'école du parfait voyeur lui revenaient. Pavlov venait de trouver un nouveau cobaye. Et son matos faisait peur à voir en action. N'empêche Warhol avait tout bon , on allait enfin l'avoir notre minute de gloire. On l'attendais plus. Mais on a tous entendu ça un jour : Les trucs c'est quand tu t'y attend plus, quand tu désoles en pissant à côté de la lunette écaillée de ton destin, qu'elles finissent par arriver, toute crue, dans ton bec, rien que pour toi. C'est à ce moment là que le GIGN a déboulé par la porte fenêtre du balcon. Cons, je vous dis.


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