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Phase 1 - expérience 15 - La bouche de l'enfer

Publié le 04 décembre 2006 par Phracktale

Au bord du trou on voit les choses différemment. On sait  que c'est déjà foutu, on sais que quoi qu'il arrive on va y passer.
En ce qui me concerne mon âme avait déjà fait le chemin, il ne restait plus qu'à la suivre pour la ramener.
Mais que pourrais-je bien faire d'une âme ?

Je m'obstinais à ne pas être un animal, j'avais envie de mieux, de plus.
De plus que quoi ? de mieux que qui ?

Je n'ai plus d'âme et je suis encore, je suis quoi ?

J'ai été homme, j'ai été dieu, je suis animal, et maintenant je saute dans ... rien, le néant, mais pourquoi ?

Au bords du trou on voit les choses différemment, on a été et on s'aperçoit que l'on ne va plus être, quoi ? peu importe, quelqu'un.

Je saute.

Vers quoi, vers où, vers qui ? Je tombe, sans fin ...

Des images apparaissent, elles me sont inconnues, une autre vie, pas la mienne.

Une nymphe me tend la main ...

Je ne suis pas là pour ça, je suis là pour retrouver, quoi ? moi, je suis perdu.

Je n'ai plus d'âme car je l'ai tuée, j'ai aussi tué dieu, puis j'ai sauté.

Oh oui, j'ai tué, je suis un criminel, j'ai tué l'espoir, j'ai tué l'avenir, je vais en enfer.


Contrairement à ce qu'on dit, l'enfer a un fond, un mauvais fond, mais un fond quand même.
Au bout de quelques jours à tomber ainsi, je me retrouvai dans une espèce de grotte.

Le temps n'ayant pas de sens défini, du moins dans ma tête, je retombai en arrière de plusieurs millénaires.

Des hommes, quoi , non, des animaux ? autour d'un feu, non, quoi ? qui étaient-ce ?
Des singes, des grands singes en groupe autour d'un feu enterraient un des leurs.

C'était la première fois qu'un singe enterrait un autre singe, c'était l'hiver, et la mort, ça sent mauvais.

La mort est naturelle, mais la mort c'est dégueulasse, les chairs se liquéfient, les vers et autres bestioles indéfinies se jettent sur le buffet, mastiquent petit bout de chair aprés petit bout de chair et défèquent sur place participant au pourrissement inéluctable de l'être qui n'est plus.
Petit à petit le masque tombe et apparait le plus intime de nous même, cela même que nous ne voulons plus savoir, une âme pour mon squelette ! car mon squelette est mort.

alors, ces singes là, qui ne pouvaient pas jeter la dépouille dans un endroit retiré, bloqués dans leur caverne par la glace du dehors, ont été obligés d'enterrer le mort...

Avant, ils l'auraient laissé en arrière et peuple nomade auraient changés de demeure, puis, oubli.

Mais maintenant, il ne pouvait pas l'oublier lui qui dormait sous leurs pattes, sous leur feu, sous leurs couches, non il ne pouvait plus l'oublier désormais.

J'avais retrouvé mon âme, elle était enterrée dans la tombe de ce premier homme.

Je compris alors, oui nous sommes des animaux et nous réagissons comme des animaux, la civilisation est venue après pour justifier nos choix d'animaux.


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