Magazine Journal intime

journal du silence IX (récit)

Publié le 11 septembre 2009 par Lephauste

... La tristesse du soir sortir en grand arroi et la raie au milieu.

J'écrivais court, des épures en quelques mots qui pouvaient tenir dans un mouchoir de poches. Le mouchoir de poche, cette pléiade du pauvre qu'on pouvait mettre à bouillir et repasser à la pattemouille. Space négociait un contrat juteux avec la prod, pour une fiction documentée sur la vie et l'oeuvre de Claude Moine. Défi surveillait que son grand se fasse pas arnaquer. Mon pote et moi, puisque personne s'intéressait plus à nous on est redescendu dans l'escalier. Je te raccompagnerais bien mais faut que je range un peu, tu comprends ? Je comprenais surtout qu'à défaut de gloire hertzienne, le mythonnaire disparu continuait à lui courir sur le haricot. Il allait sans doute mettre tout sans dessus dessous pour le dénicher. Et après pour peu qu'il le trouve, j'entendrais plus jamais parler de lui. A part qu'on le verrait sans doute avec un chèque d'un mètre carré sur les bras, les épaule ceintes par la complaisance amicale de l'animateur qui venait d'échapper à la météo des plages. La gloire c'est pas compliqué, suffit de faire envie à pas d'bol et le tour est joué. Je retournais à la voiture, la nuit était faite, sur le toboggan, pas un mouflet pour faire pimpant. Tous y étaient sans doute, bien sage devant la télé, à questionner l'avenir en regardant débouler une file indienne de camions farçis de CRS. Tu veux savoir ce qui se passe chez toi , Allumes ta télé.

Le pharmacien assis derrière son guichet blindé finissait de recompter les boites de sparadrap : Y a émeute ce soir ! Y aura même des journalistes ! Vous voulez pas rester ? Toute façon votre bagnole elle est bonne à crâmer. Du baume au coeur cet homme là, le petit commerce dans les zones de relégation, c'est du lien social. J'avais piqué ça au polygraphe, cette phrase. Il avait dit, en réponse à une question qu'on lui avait pas posée : Je crois pouvoir affirmer, étant moi même d'un milieu extrêmement populaire et défavorisé, que l'école est le premier dressoir, le tout premier lieu où l'enfant, cette espèce si particulière de genre humain, peut exprimer ce désir d'appartenir au groupe. Désir si il en est, que tous nous avons à coeur d'assouvir par tous les moyens que nous offre la servitude, la liberté, l'égalitude et bien entendu la sacro-sainte fraterniterie.

Il faut beaucoup interprèter si l'on veut s'en sortir avec les intellectuels; Je pense comme ça qu'il voulait parler de dressing, dressoir je voyais pas bien de quoi il voulait conceptualiser. Moi l'école j'y avais trainé ma dégaine d'artichaut mais le dedans, le coeur et le foin, j'avais dès le début pris bien soin de les laisser s'ébattre loin des coups de règle sur les doigts. J'ouvris la portière arrière de la Polo, Space et Défi s'amenaient, quelque chose avait changé dans leur démarche, on sentait bien qu'un boulevard s'ouvrait devant eux. Un champ Elyséen pour eux tout seuls. Ils montèrent, je refermais la portière délicatement et repris ma place de larbin.

Nous rentrons ! Me fit Space en allumant le gros Cohiba que lui avait offert le commissaire, animé des meilleurs intentions. Mais avant, Mère éprouve le désir de se détendre un peu, déposez nous donc place Vendôme, quelques diamant pour son collier. Allons !

Au loin quelques feux commençaient à prendre sur quelques parkings, les reflets bleus des gyrophares miroitaient dans les vitrines du centre commercial, les petits, du ketch up plein les joues renversaient quelques poubelles. Au loin madame Monpote roulaient des pelles de rêve à une star de la chaussette. La vie, quoi, la vie.


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