Magazine Journal intime

11/09/09

Publié le 11 septembre 2009 par Lephauste

16 heures 59. J'étais assis devant un guéridon dans un café de la rue de la Gaité, une des rues les plus tristement réaménagées de la Capitale. Pas une seule boulangerie, par exemple. Plus un seul cinéma porno, par exemple. Plus un seul de ces bistrots, dans lesquels les mecs en sortant de la boulangerie, se précipitaient jusqu'aux toilettes pour se vérifier l'état du petit pain au lait. Par exemple. Sous le plateau de plexiglass TM du guéridon une pub hurlait à l'étouffée, à peu près ceci : Et maintenant, fais toi des amis ! Même assis peinard à une terrasse de cette rue néo-réaliste, pas moyen d'avoir la paix, par exemple. Fais toi des amis, tapes toi une pute, fais toi vacciner, va à la FIAC, porte un masque, mange pas ça, va chez Monpote (vieille réminiscence, un peu comme "Eat at Joe's!). Pas moyen de leur échapper. Je songeais à me retirer de la liste des perdants, à déserter le camp des recalés. Au repéchage, je me disais, ils pouvaient toujours compter sur moi. J'allais tailler. La rue de la Gaité avait été pour moi la plus joyeusement crasseuse des rues de Paris, j'y fréquentais toutes les boulangeries. Les chiottes du PMU, au mitan de la rue, j'en avais encore l'odeur qui me remontait à la madeleine.

C'était l'heure du discours, depuis Washington le président Beaubama prononçait son vibrant discours sur les morts de l'Union. Les tours (nous sommes deux tours jumelles, nées sous le signe des gogos!), cet avion qui s'écrase lâchement loin de sa cible, le pentagone tout aussi lâchement percuté par un truc, on dirait un avion (comme un avion sans ailes, j'ai piqué toute la nuit, oh libellule, faut que j'regarde ailleurs!), ça ressemble à un avion, c'est fait comme un avion mais c'est ... un avion. Derrière le président, une sorte de pangolin tout de blanc vétu comme un amiral de la flotte tient le flingue, qu'il pointe dans le dos de Barak. Ses lèvres remuent à peine mais on sent bien qu'il dit quelque chose. Quelque chose comme : Remenber JFK ! alors le président qui a une famille à qui il fait déjà faire le jardin, se souvient de son devoir de père et il répond au pangolin : I do, I do, I do ! Ce qui dans la simultanée donne ceci :

Et maintenant mes chers compatriotes dans le recueillement et la peine qui nous unissent aujourd'hui je voudrais saluer en votre nom, l'armée, la police, le corps des sapeurs pompiers, les pilotes de chasse au papillons, les secouristes volontaires, les mineurs démineurs et tous ceux qui veillent jalousement sur notre bien le plus cher, la sécurité ! Toute notre vie nous combattrons Al Quaida. Et comme ça va peut-être pas suffire, nos enfant et nos petits enfants et les petits enfants de nos de neveux, de nos nièces, du fils de la concièrge, tous combattrons pour la sécurité. Investissons nous! Rentabilisons le contexte!

Après vient l'heure de la gerbe, une main posée sur la poitrine pour pas tacher la pochette.

Ce qu'il en ont fait de la rue de la Gaité ? Un couloir de la mort, entre la rue Froidevaux et la tour Montparnasse. Entre le rien qui remonte et le rien qui descend. Et au dessus de la tour Montparnasse, cet après midi, j'en atteste j'y étais, pas l'ombre d'un terroriste. A moins que les laveurs de carreaux ? Qui sait ! Le Serbe est fourbe.


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