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Contes de l'ordi sacré : Gudule au centre de la terre 11

Publié le 16 septembre 2009 par Porky

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Episode 11 : Où l'on retrouve avec une joie non déguisée un personnage qui s'est fait discret depuis quelques épisodes mais qui nous revient dans toute sa gloire et nous fait découvrir un nouveau personnage pas vraiment inconnu.

Pendant qu'avait lieu le Miracle de la Femme Maigre, le caribou fou continuait de déambuler dans les couloirs du centre de la terre et il se disait que cette promenade sans but avait certes un charme assez particulier, surtout lorsqu'elle lui permettait de scotcher une emmerdeuse contre les murs et de se laver les pattes dans de l'eau savonneuse, mais qu'elle (la promenade) commençait à devenir fastidieuse parce que vraiment, il n'y avait pas grand monde à cet endroit. « Il faut que je déniche cette pétasse de Gudule, grognait-il. Mais comment savoir où elle se trouve ? D'habitude, c'est assez facile, ses conneries laissant nombre de traces. Mais là, nib ! Serait-elle devenue compétente, par hasard ?... Oh, mais ça ne va pas aller du tout, ça ! » Et il marchait en grommelant tout en donnant de grands coups de pattes contre les parois histoire de voir s'il ne pourrait pas les faire s'effondrer.

Il arriva tout à coup à un croisement. Devant lui se tenait une affreuse gamine qui louchait et dont le crâne était couvert de quelque chose qui ressemblait vaguement à des fétus de paille pas propres. Elle était juchée sur un escabeau et balançait ses jambes (fort petites) de telle manière qu'il était impossible de ne pas en recevoir une dans la figure si on s'obstinait à vouloir passer. « Halte ! fit-elle. Tu es le caribou fou et tu cherches Gudule. Juste ? » « Juste, poufiasse décolorée », répliqua le caribou fou. Il s'approcha afin de mieux la voir. En fait, ce n'était pas une enfant. Ce n'était qu'une toute petite femme. « Après la maigre, la moche, se dit le caribou fou. Mais qu'est-ce que c'est que ce lieu délirant ? Le dépotoir mondial ? » « Je t'interdis de penser de moi en ces termes, dit la petite femme, froissée. Sache que je sais tout, j'entends tout, je vois tout. » « Et celle-là, connasse, tu l'as vue venir ? » répliqua le caribou fou en balançant une patte contre l'escabeau, lequel chancela et s'effondra, entraînant avec lui dans sa chute celle qui s'en servait de perchoir.

« Aïe, ouille ! gémit la malheureuse en se recevant sur le derrière. C'est comme ça que tu traites ceux qui veulent t'aider ? » « Qui parle de m'aider ? Toi, peut-être, ras-la-moquette ? » rétorqua le caribou fou qui n'avait nullement l'intention d'être serviable et de relever la petite femme. Cette dernière, d'ailleurs, se releva toute seule. « Quand je pense que j'aurais pu être ton ange gardien, râla-t-elle en s'époussetant. Et voilà, tu as fait tomber mon escabeau et j'ai oublié l'énigme que je devais te poser. C'est malin ! » C'est quand même fou le nombre de créatures bizarres, pour ne pas dire débiles, que je croise en ce moment, pensa le caribou fou en dévisageant son interlocutrice. Et il dut pour cela se mettre à sa hauteur, c'est-à-dire s'agenouiller sur le sol. « Mais d'abord, qui es-tu exactement ? » interrogea-t-il, laissant pour l'instant de côté sa manie de frapper à tort et à travers. « Je m'appelle Jo la Fine, dit la petite femme. Je suis là pour poser une énigme, mais je ne sais plus laquelle à cause de tes conneries et si tu trouves la réponse, je deviens ton ange gardien et je t'aide à te repérer dans le labyrinthe du centre de la terre. Grâce à moi, tu peux éviter de te faire bouffer inconsidérément par des tas de monstres (on a beaucoup d'hommes politiques qui rôdent dans les parages), tu peux retrouver Gudule la Nulle et éviter un long séjour sur Pluton l'Infernale Atrocité. J'ai aussi les moyens de vaincre la SFM, je veux dire la femme maigre, car elle est devenue l'amie de tes ennemis et elle va certainement utiliser contre vous le baquet et la planche à laver magiques. Avec moi à tes côtés, tu ne risques rien et tu peux regagner sain et sauf la surface de la terre en passant non pas par la cheminée de l'Etna mais par l'ascenseur, comme tout individu un peu moins taré que les autres. As-tu compris ou dois-je répéter ? »

« Surtout pas ! se hâta de répondre le caribou fou. Je suis déjà saoulé, une fois suffit. Je n'ai retenu de ta colique verbale qu'une chose : tu peux m'aider. Alors fais-le, et sans tarder ou je t'en flanque une qui te fera voler bien loin d'ici. » « Pas la peine de menacer, caribou déglingue, répliqua Jo la Fine. Aide-moi plutôt à remonter sur l'escabeau, il n'y a qu'en haut que j'arrive à avoir une vue suffisamment étendue pour me souvenir de l'énigme. »

Une fois réinstallée sur son promontoire, la petite femme se frotta les mains, puis les yeux. « Bien, fit-elle au bout d'un instant. Ca me revient. Combien font deux et deux ? » « Ben, quatre », fit le caribou fou en haussant les épaules. « Bravo, dit Jo la Fine. Enigme résolue. Fais-moi descendre, je te conduis là où se trouve Gudule. »

Le caribou fou fronça ses gros sourcils.  « Non, là, ou je rêve, ou j'ai des hallucinations. Ce petit boudin ne peut pas être ce qu'elle prétend. On ne peut pas s'appeler Jo la Fine avec son tour de taille. Et depuis quand ai-je un ange gardien ? Démon, à la rigueur... Elle me raconte des salades et me prend pour un con. Je vais lui en mettre deux, histoire de voir si elle sait aussi bien décoller qu'atterrir. » « Tu perds du temps, caribou fou, dit Jo la Fine. Je sais tout, je te l'ai déjà dit. Je lis dans tes pensées. Fais-moi descendre ! » « Eh, démerde-toi toute seule. Si tu es bien ce que tu dis, tu devrais y arriver sans mon aide. » « Evidemment que je vais y arriver, patate ! grommela Jo la Fine en se contorsionnant pour arriver à poser le pied sur la première marche. Mais cela aurait été plus vite si tu m'avais aidée ! » « La charité pour les moches, c'est pas mon genre, assura le caribou fou. Alors, tu te grouilles, oui ? » « Ouf, aïe ! Ce que ces marches sont hautes ! Si seulement j'avais des échasses ! »

Parvenue enfin au bas de son escabeau, Jo la Fine tendit la main vers son compagnon. « Empoigne-moi par la manche et allons-y. » « Par la manche, je veux bien, dit le caribou fou. Mais pas ailleurs. J'ai pas l'habitude de me salir les pattes. » Et sur cet échange de paroles d'une rare courtoisie, notre nouveau couple se mit en route pour retrouver Gudule la Nulle.

(Décidément, ce conte est plein de surprises ! Qui est vraiment Jo la Fine ? Le caribou fou a-t-il raison de lui faire confiance et de la suivre ? Va-t-elle vraiment l'aider à retrouver Gudule et à affronter la Marsupilania's band ? Et quels sont ses pouvoirs ? Sont-ils réellement plus forts que ceux de la femme maigre ? -on ignorait d'ailleurs qu'elle en possédait. Bref, que va-t-il se passer ?... Quand on aime, on ne compte pas les jours d'attente...).


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