Magazine Journal intime

Aller simple pour Mars ?

Publié le 23 septembre 2009 par Cassandre
Et pas forcément en mars... ahem, désolée, je ne rate jamais un mauvais jeu de mots ^^"
Source : Le New York Times - LAWRENCE M. KRAUSS  publié le 31 août 2009, vaguement adapté par mes soins :)
Dernièrement on a eu droit à toute sorte de soirées mémorielles sur les 40 ans de l'atterrissage d'Apollo 11 sur la Lune et il faut être réaliste, l'investissement financier pour retourner sur notre satellite voir les Sélénites coûterait 150 milliard de dollars. Le coût pour se rendre sur Mars serait facilement 2 à 4 fois cette somme, si jamais c'est possible de réunir un tel budget vu le monde dans lequel nous vivons, où il serait bon, peut être, d'aider l'Afrique et les pays pauvres... mais c'est un autre débat. Là, je veux parler de rêve, pas de réalités.
C'est la question à laquelle la NASA est confrontée, et qui a convoqué Norman Augustine, un ancien directeur général de Lockheed Martin pour présenter les options d'avenir à court terme de vols spatiaux habités au président américain, Barack Obama. Il devient vite évident que d'aller sur la Lune ou Mars dans les prochaines années ne sera pas possible sans un budget beaucoup plus important que ceux qui ont jusqu'ici été attribué. Et puis, est-ce que ça en vaut le coup ?
L'obstacle le plus difficile du voyage vers Mars ne semble pas être un lancement compliqué, la propulsion, le guidage ou la technologie d'atterrissage sur place, mais quelque chose de bien plus terre à terre (ou mars à mars, selon !) : le rayonnement émit par les rayons cosmiques du Soleil. Le blindage nécessaire pour assurer les astronaute pour qu'ils ne soient pas soumis à une dose létale de radiations sur un voyage aller-retour pour Mars serait tellement lourd que la quantité de combustible nécessaire devient, c'est sûrement le cas de le dire, astronomique.
Il y a, cependant, une solution pour surmonter ce problème, qui, tout en réduisant le coût et les exigences techniques, nous impose de nous poser cette question épineuse : Pourquoi serions-nous obligés de faire revenir les astronautes partis pour Mars sur Terre ?
Si l'idée d'envoyer des astronautes dans l'espace pour ne jamais les faire revenir semble affreuse à la première lecture, la justification des voyages "simples" dans l'espace prend ses racines dans l'Histoire. Les colons et les pèlerins partis pour le Nouveau Monde n'avaient pas l'espoir, ni même peut être l'envie, de revenir, généralement parce que les endroits d'où ils partaient étaient assez intolérables de toute façon. Donnez-nous un siècle ou deux et la Terre risque de devenir un endroit d'où de nombreuses personnes pourraient être heureuses de quitter.
En outre, l'une des raisons qui est parfois donnée pour envoyer des hommes dans l'espace, c'est que nous devons explorer l'espace au delà de la Terre si l'on veut pouvoir espérer améliorer les chances de survie de notre espèce si jamais il se produisait quelque chose de terrible ici bas.
Il y a même encore plus de raisons immédiates et pragmatiques de considérer des voyages humains en aller simple.
La première, l'argent. Le coût principal d'un voyage vers Mars serait dans le retour. Si le combustible pour le retour est transporté sur la navette, cela accroît grandement la masse de celle-ci, ce qui en retour demande plus de combustible.
Le Président de Mars Society, Robert Zubrin, a proposé une autre solution possible : deux navettes, envoyées séparément. La première serait envoyée vide et une fois sur place, combinerait l'hydrogène avec le dioxyde de carbone de l'atmosphère martienne pour générer du combustible pour le voyage retour. La seconde emmènerait les astronautes sur place, et serait laissée en arrière. Mais une fois le retour dissocié de l'aller, on doit se demandé si le voyage retour est vraiment nécessaire.
Certes, si le but est d'envoyer des astronautes pour réaliser des expériences scientifiques que les robots ne peuvent pas faire (ce dont je suis très sceptique et l'une des raisons pour lesquelles je ne crois pas que nous devrions utiliser la science pour tenter de justifier l'exploration spatiale humaine), et plus ils passent de temps sur place, plus ils peuvent en faire.
En outre, si les problèmes d'irradiation ne peuvent pas etre résolus de façon adéquate, la longévité des astronautes qui ont signé pour un aller-retour Terre-Mars serait gravement compromise. Aussi cruel que cela semble être, le temps des astronautes serait bien mieux utilisé en restant vivre sur Mars plutôt que de revenir mourir sur Terre.
Si cela semble peu réaliste de suggérer que les astronautes seraient prêts à quitter la maison pour ne jamais y revenir, il faut alors considérer les résultats de plusieurs enquêtes officieuses qu'a effectué Lawrence M. Krauss et ses collègues récemment. Un de ses pairs dans l'Arizona a récemment accompagné un groupe de scientifiques et d'ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory en excursion géologique. Pendant la journée, il a demandé combien seraient prêts à partir en mission "aller-simple" dans l'espace. Chaque membre du groupe a levé la main. L'attrait de l'espace reste un voyage enivrant pour toute une génération élevée à "Star Trek" et "Star Wars".
Nous pourrions vouloir restreindre le voyage pour les astronautes âgés, dont la longévité est limitée dans tous les cas. Là encore, il a été trouvé une fraction importante de scientifiques de plus de 65 ans qui seraient prêts à vivre leurs dernières années sur la planète rouge ou ailleurs. Avec des scientifiques plus âgés, il y aurait des complications supplémentaires pour la santé, bien sûr, mais le personnel médical nécessaire et les équipements seraient encore probablement moins cher que de concevoir une mission de retour.
Livrer de la nourriture et des fournitures pour ces nouveaux pionniers - de même que les outils nécessaires pour s'étendre et construire tout ce dont ils ont besoin, ce quelque soit le temps qu'ils vivent sur la planète rouge - est également plus raisonnable et peut être bien moins cher que la conception d'un billet de retour. Certes, comme dans la proposition de Zubrin, les engins spatiaux non habités pourraient constituer les lignes d'approvisionnement cruciales.

Le plus grand obstacle à l'examen de missions "aller simple" serait probablement politique. La NASA et le Congrès ont peu de chances de faire quelque chose qui pourrait être perçu comme la signature de l'arrêt de mort des astronautes.


Néanmoins, le voyage spatial humain est tellement cher et si dangereux que nous allons avoir besoin de nouveautés, même de solutions extrêmes, si nous voulons réellement élargir la gamme de la civilisation humain au-delà de notre propre planète. Pour aller avec audace là où personne n'est allé ne requiert pas de devoir rentrer à la maison.

Lawrence M. Krauss, directeur de l'Initiative origines à l'Arizona State University, est l'auteur de "The Physics of 'Star Trek'."



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