Magazine Journal intime

De la dignité du faison sauvage [au fin fond de la Petite Camargue]

Publié le 27 septembre 2009 par Audine
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Nous nous étions divisé en 2 équipes, et j'étais avec X.

Nous rentrions au bout des chemins dans des mas parfois à l'abandon, transformés en entrepôts pour chaises longues de paillote estivale ou en locations pour néo ruraux sur la paille.

Nous remontions nos fenêtres, X coupait le moteur pour mieux percevoir des aboiements. Il descendait prudemment et criait "bonjour !", tel un représentant cherchant à placer des encyclopédies à des petits vieux devenus sourds.

Dans un mas, nous étions tombés sur un type qui avait l'air à l'ouest, il était allé chercher sa mère, qui bon pied bon oeil, nous avait déclaré avec un air de triomphe derrière ses lunettes, que non, il n'y avait plus personne, le couple logé dans une maisonnette à coté était là comme gardiens, un peu. Ils m'avaient fait penser au films de Depardon, ces films fascinants sur les paysans de Corrèze. J'avais dit à X que le type n'avait pas fini de cuire, il n'avait jamais entendu l'expression et s'en est amusé longtemps.

Dans un autre mas, nous hésitions à sortir de la voiture quand une camionnette blanche que nous avions croisée, figés sur le bord du fossé, est arrivée et le conducteur est sorti, alors nous sommes allés à sa rencontre. Un énorme chien est arrivé en aboyant, sa gueule au niveau de mon ventre. X a dit il est gentil le chien ? et le type a répondu oui enfin attention, il ne faut pas lui toucher la tête. Des fois qu'on aurait eu l'intention.

Finalement, pas de logement non plus ici, enfin juste le permanent espagnol, avec sa fille de 7 ans, nous ne sommes pas allés voir, nous voulions voir les logements des saisonniers, s'il y avait.

J'avais pris mon appareil photos, et aussi un mètre, pour les surfaces d'habitation.

Il faisait un temps splendide.

Nous longions les chemins bordés de vergers, dans lesquels des pommiers rouges alternent avec des pommiers verts, des pommes jonchaient le sol, souvent.

Parfois, nous atterissions en butée sur les rives réhaussées du Vidourle ou dans des mas d'élevage de chevaux, si enchanteurs.

Nous avons silloné toute la carte, une carte de randonnée, entre Marsillargues, Saint Laurent d'Aigouze et La Grande Motte. Je cochais les mas sur la carte pendant que X conduisait, en essayant d'éviter les nids de poule des routes, des dérivés de départementales, des déclinaisons, des chemins sans nom ou ayant plusieurs noms, chemin des Bois ou chemin des Mas, tu parles d'une indication.

Il était midi passé et une bonne douzaine de mas était cochée, nous étions partis depuis le matin 8 heures de Montpellier.

Régulièrement, j'appelais l'autre équipe, qui avait l'air occupé.

X a reçu un coup de fil et il s'est mis à répondre, sur cette route déserte de western camarguais, il était presque à l'arrêt, et d'un seul coup, le faisan a déboulé devant, du coté gauche. X a dit vous êtes chasseur monsieur Machin ? parce que j'ai devant moi un superbe faisan. X a stoppé, j'ai attrapé mon appareil photo et l'ai allumé et j'ai bondi hors de la voiture, pendant que le faisan courrait en faisant une boucle sur le coté droit de la voiture, dans un champs arrasé, repassait derrière la voiture et rejoignait de nouveau le coté gauche.

J'ai réussi à l'attraper, une seule photo.

Puis nous sommes allés déjeuner à Marsillargues sur la place, dehors, les autres nous ont rejoint.

En buvant un muscat, ils nous ont raconté qu'ils avaient vu, un mas avec des logements indécents mais familiaux, un artiste forgeron soudeur vivant dans un mobile homme déglingué, un vieux marocain de 72 ans, ex travailleur saisonnier vivant dans un bungalow sans eau ni électricité mais ne voulant pas que l'on s'occupe de lui, puis enfin, des logements de 22 salariés saisonniers. J, qui est en formation, décrivait avec émotion la façon dont un pièce du bâtiment avait été créée, à l'aide d'une bâche plastique tendue au milieu de la pièce.

L'après midi, X est reparti, et je suis restée avec F et J.

Comme J ne connait pas la région, après être allés dans encore 2 mas, nous avons décidé de lui montrer La Grande Motte, la Motte du Couchant, le centre ville et Le Ponant, et nous avons regardé la mer, en mangeant des glaces artisanales et en regrettant de ne pas avoir nos maillots de bain.

Mais je me suis rattrapée ce week-end, maintenant que les touristes sont partis, on est plus tranquilles.


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