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L'extraordinaire Quotidien

Publié le 06 octobre 2009 par Didier54 @Partages
L'extraordinaire QuotidienAllez, confidence. Séquence retournons quelques instants au pays du rétroviseur.
Lorsque le thème "quotidien extraordinaire" a été choisi par le grand jury du défi photo (voir ci-dessous), ma première idée a été de publier une photo qui se lit. Un texte, quoi. Cette photo aurait raconté mes premières heures dans un quotidien, lisez un journal. Un quotidien régional, quoi. Un canartd. Des heures extraordinaires pour moi. De ces heures où l'on est à la fois une particule et un géant, serein et jubilant, assommé et survitaminé.
Quotidien, extraordinaire : j'ai aussitôt pensé à cela.
Tous les jours, pendant des années, j'ai lu ce journal que dans le coin, on appelait tout simplement "Le journal". N'y en avait qu'un et c'était (encore) le temps où c'était vrai, puisque c'était dans le journal. La lucarne ne trônait pas dans les salons et les doigts se noircissaient dés potron minet.
Des années passèrent. J'avançai dans mes études. rencontre se fit avec un journaliste de ce journal.
Important, la rencontre, dans un quotidien extraordinaire. Rencontre se fit et courant passa.
Je décidai alors de devenir journaliste. Dans ce journal. Cela coulait de source. Allait de soi.
Je dus me coltiner un parcours semé d'embûches. Pas de piston. Pas de notes exponentielles. Pas de fibre hautes études. Pas de carton du côté de la culture général et du savoir encyclopédique.
Je ne lâchai pas prise, cependant. Journaliste je le devins. Il est des petites portes qui ouvrent que des baies immenses.
Un jour, persévérance remarquée, j'eus droit à un entretien et dans la foulée, je décrochai un stage d'été à la rédaction sportive. J'entrais dans le théâtre. Ce que je vis me ravi et je fus ravi de ce vécu.
Je dormis mal la nuit précédent mon entrée dans le saint des saints. Je dormis peu la nuit suivante. Ce quotidien extraordinaire dura plusieurs jours, en fait. C'est comme ça, sûrement, quand on entre dans le rêve, le sien.
Je me souviens comme mes yeux captaient tout, mes narines sentaient tout, mes oreilles entendaient tout du moment où je mis le pied à la rédaction au moment où je quittai le site, il faisait nuit, le ballet des camions livreurs allait commencer. Je quittai le lieu avec mon journal sous le bras, tout frais imprimé, tout chaud. Je le reniflai quelques minutes, m'imprégnant de cette odeur d'encre et de papier si typique. Si particulière. Et si chargée du travail de femmes et d'hommes.
Car ce quotidien extraordinaire m'apporta la conviction que métiers et organisations concourant à un même objectif faisaient la grandeur d'une fonction. Et que cette conscience de tous était la clé d'une vie professionnelle accomplie. Je découvris par la suite, au fil d'autres expériences, que cela valait pour tout et qu'il n'était pas de hiérarchie qui se tenait, pas de grades qui dégradaient, pas de place qui valaient mieux que d'autres. Des femmes, des hommes, des fonctions, une place pour chacun, des temps des uns, des temps des autres, chacun son temps et son lien avec celui d'avant et celui d'après.
Mon quotidien vécu de l'intérieur me sembla encore plus extraordinaire et donna à mon quotidien de l'extraordinaire à mesure que je le vivais, que je faisais partie de lui. L'oeil resta émerveillé longtemps et j'ai aimé cette émerveillement, cette conscience.
La "machine" me paraissait épatante d'être à la fois si fragile et tellement solide. Tellement fragile et si solide.

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