Magazine Journal intime

Comment ça va pour vous ?

Publié le 07 octobre 2009 par Beatrice29
"Dehors on s'fait des comment ça va, au fond on sait comme on s'en fout et c'est fou comme on s'en va loin de tout c'qui sent vrai."

Cette phrase dans une chanson de Gérard Lenorman me plaît beaucoup. C'est vrai... on est comme ça, globalement. Il y a même des gens qui disent "ça va ?" au lieu de "bonjour" et ceux-là m'énervent encore plus que les autres lorsqu'en prononçant ces mots ils sont déjà partis. Ils pensent quoi ? Que ça fait mieux de demander si ça va, que c'est plus poli, plus altruiste ? Ça le serait s'ils attendaient un peu la réponse, oui. Mais lorsqu'ils tournent les talons à peine la question posée ça donne plutôt l'impression de dire "Oui, tu vas bien et si tu vas pas bien j'en ai rien à foutre."
A part à mes amis et surtout sur msn d'ailleurs, je demande rarement comment ça va aux gens. Non pas que ça ne m'intéresse pas mais simplement parce que si ça va bien, tant mieux, je peux le voir, et si ça ne va pas,  je vais le voir aussi et je sais qu'ils ne vont pas forcément avoir envie d'en parler.
Si je ne vais pas bien, j'ai encore plus horreur de cette question qui, de la façon dont elle est souvent posée, t'oblige de toute façon à répondre que oui, ça va bien... On constate que les gens n'ont pas le temps ni l'envie d'entendre que ça ne va pas... on voit bien que si on répond ne serait-ce que "Ouais, ça pourrait aller mieux..." ils changent de visage. On comprend qu'ils n'ont pas envie de savoir...
Mon meilleur ami m'a reproché de ne pas lui dire quand ça n'allait pas. Mais, pour dire quoi ? Si je vais mal, pourquoi j'irai l'embêter avec ça ? Si je sens qu'il est disposé à écouter, qu'il n'est pas trop occupé ou qu'il n'a pas lui-même d'ennuis, oui, à la rigueur, je peux décider de lui parler de ce qui ne va pas... ou bien si vraiment c'était grave. mais là, c'est encore différent. Mais je ne parle pas des choses graves qi, heureusement, n'arrivent pas trop souvent. Je parle plutôt des petits "maux" du quotidien, les petits coups de cafard qui n'ont pas de réelle cause ou bien si c'est un problème récurrent, on ne va pas chaque jour dire "Ah ben non, je vais mal..." Au bout d'un moment, il se dirait que je ne vais jamais bien et me trouverait lourde... Alors, il y a d'autres façons de dire les choses comme "On fait aller", "Ça va à peu près", "c'est pas trop mal."... selon la phrase choisie et la réaction de l'interlocuteur, on développe la pensée ou non... si je constate que un "à peu près" n'engage pas de commentaires c'est qu'il vaut mieux éviter d'aller plus loin parce que c'est aussi le droit de l'autre de ne pas avoir envie d'entendre.
N'empêche, c'est toujours gênant quand on pose cette question de répondre qu'on ne va pas trop bien... parce que ça implique un "pourquoi ?" et c'est souvent là que la bât blesse parce qu'on ne sait pas trop ou bien on n'a pas envie de s'éterniser ou même d'évoquer le sujet. Et, en même temps, je sais aussi parce que je n'aime pas quand on me le fait, c'est très désagréable de s'entendre dire "Non, ça va pas mais j'ai pas envie d'en parler."... parfois, c'est vrai. On n'a vraiment pas envie d'en parler mais on n'a pas ou plus le courage de faire semblant que ça va. Mais, une autre interprétation est possible aussi : " fous-moi la paix avec tes questions mais en même temps, je suis bien content(e) que tu en aies parlé pour que je puisse dire que ça ne va pas, quand même"... histoire de savoir que quelqu'un s'intéresse un peu à soi... oui, parfois, ça fait du bien, juste ça. Et c'est d'ailleurs dans ces cas-là que les faux "ça va ?" sont agaçants parce qu'ils nous renvoient à cette idée que tout le monde s'en tape de savoir si on va bien ou non. C'est égocentrique? Oui, un peu, j'en conviens mais quand on est seul (ou même autrement je suppose) on aime penser qu'il y a quelques personnes qui se soucient de nous, au moins un peu, au moins le temps d'attendre une réponse à leur "ça va ?".


Une chanson de Bruel pour illustrer tout ça

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