Magazine Journal intime

≠2. Réveil-café

Publié le 08 octobre 2009 par Deathpoe
Les mecs qui se lèvent à six heures du matin ont peur et ont soif. Regardez, ils veulent de l'argent et clament haut et fort qu'il n'y a pas plus méritant que d'être réveillé avant le soleil pour aller bosser. Et avant de clamser, ils clameront encore, c'est tout ce qu'il leur restera à faire. Il n'y aura plus de lendemain déjà programmé à attendre. Générique de fin, merci de rembobiner la cassette VHS avant de la rendre.
Je passerai ma vie à faire des grasses matinées si je le pouvais. Entre autre, ça m'évitera d'avoir le bide bousillé dès le matin, et de me vider deux fois avant de partir pour la fac buissonnière, le café du centre-ville d'où je vois passer les gens avec leur sourire figé et leur peau soignée. Mes problèmes gastriques ne regardent que moi et me font simplement espérer que la machine n'est pas rouillée. Peut-être est-ce simplement dû aux litres de café et de whisky ingurgités sans problèmes, sans aucune culpabilité tenace. Ce qui me bouffe le cerveau depuis tant de temps doit avoir dans l'idée de s'attaquer au reste, de me faire morfler chaque fois que je me lèverai trop tôt. Alors je ne fais que des suppositions, puisqu'aller voir un médecin autrement que pour quémander une ordonnance de codéine relèverait de l'exploit personnel. Ou encore, qu'il me dise que j'ai attrapé un microbe intestinal serait le comble de l'ironie. C'est ce qui a eu mon frère, sans qu'on lui laisse la moindre chance. A quelques temps près, ça fait vingt-et-un ans qu'il est rayé de la carte. Je ne suis jamais foutu de me rappeler la date, et ça ne m'intéresse pas.
Les mots n'auront d'intérêt que lorsqu'ils éveilleront un soupçon de vie dans les yeux de quelqu'un, à défaut de lire des chiffres, du rouge, des notes de service. Il y a fort à parier que je ne laisserai jamais une seule empreinte, si infime soit-elle, sur n'importe quelle route boueuse. Tout ce qui servirait à me justifier serait de dire "Au moins, j'ai essayé. Tant pis.". Mes prétendues ambitions littéraires ne servent qu'à excuser mon dégoût du travail et de la pointeuse, d'autant que boire et baiser jusqu'au milieu de la nuit ne permettent pas d'être frais et dispo le lendemain à six heures tapantes. Un jour on m'a dit que personne ne se souviendrait de moi. Rien d'autre qu'un pari de plus à prendre, mais c'est certainement vrai. Qu'importe.
Qu'importe puisque je dois avoir assez de monnaie sur moi pour prendre un dernier café. Dehors, cette connasse regarde les vitrines. Elle s'est peut-être même levée à six heures. Et dans quel but? Regarder une putain de vitrine pleine de traces de doigts, en mouillant sa culotte à force de penser aux prochains soldes. Les lumière du magasins s'allument, rien ne va plus. Très bien, une armée de mannequins nus va prendre possession du monde.

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