Magazine Journal intime

On ferme !

Publié le 18 octobre 2009 par Wawaa

La fermeture est un moment très important pour les caissières, car elles l’attendent avec impatience. Elles attendent ce moment où elles pourront enfin quitter l’univers de la caisse, les râleurs, les lourds blagueurs, les dragueurs et surtout la redondance de leur activité, le répétitif « bonjour/bonsoir, avez-vous la carte de fidélité, XX euros s’il vous plait, merci, bonne journée/soirée ». C’est un métier qui psychologiquement est très fatigant. Je tiens à le préciser, car certains s’imaginent qu’il suffit de rester assise en caisse et attendre le client et que ce n’est pas bien difficile de scanner de la marchandise ! Je défie ces personnes là de venir tester le métier une seule après-midi et de se confronter aux humeurs divergentes des clients, aux demandes, aux mécontentements, aux gens trop bavards, à ceux qui jettent les pièces sur la caisse comme on jette un mouchoir à la poubelle, au stress de voir la file grandir et de lire l’impatience sur le visage des gens. C’est un métier parfois ingrat, qui demande d’énormément prendre sur soi et qui implique donc, une fatigue psychologique intense… et des douleurs dorsales particulières !
Il y a donc un moment que j’aime voir arriver, et qui arrive plus ou moins vite selon le monde qu’il y a et les activités annexes qu’on a à faire (terminer de vider des palettes de marchandise, faire le facing c'est-à-dire avancer les produits au bord des rayons, créer les cartes de fidélités à partir des formulaires en attente, nettoyer les vitres, ranger l’accueil,  s’occuper de son rayon si une collègue reste en caisse…etc) : la fermeture. Quand 19h10 apparait sur la grande pendule accrochée au plafond du supermarché, je jubile, car je sais que c’est le moment de commencer à passer le balai et que 20 minutes plus tard, les clients n’auront plus le droit de rentrer ! Finito ! Nananère !
Il reste quelques personnes dans les rayons, mais personne en caisse. Nous nous affairons à commencer le ménage (oui nous faisons nous le ménage, avant de partir,  vous croyez quand même pas que le patron va s’offrir des femmes de ménage ? Mais rassurez vous, jusqu’alors nous sommes payées jusqu’à 19h45 …décision de l’ancien patron, reste à voir si le nouveau va maintenir tout ça !), vider nos poubelles, ramasser les paniers. On compte les clients. S’il n’y en a pas trop, on ne laisse qu’une caissière ouverte et la ou les autres (oui nous sommes un petit supermarché, donc en général, 3 au maximum l’après-midi en caisse), ça permet de pouvoir finir le ménage pendant que la dernière caissière compte.
A 19h25 (ou à 12h25 selon …), c’est l’heure de l’appel. Et quand je suis en caisse, c’est moi qui me le coltine, parce que parait-il que j’ai une voix qui ressemble fort à celle des dames qui parlent dans les hauts parleurs des aéroports. « Nous informons notre aimable clientèle que votre écomarché ferme ses portes à 19h30. Nous vous prions de bien vouloir vous diriger vers les caisses, nous vous remercions de votre visite et nous vous souhaitons une agréable soirée ». Seulement, nous n’avons pas le droit de fermer les portes avant 19h30. Et en 5 minutes il peut s’en passer des choses.
19h28. Une cliente entre avec un caddie. Elle vient souvent à cette heure là, nous avons beau à chaque fois lui expliquer, elle semble le faire exprès. La mettre dehors ? Une cliente qui en fait deux fois par semaine pour 200 euros de courses ?  On ne peut pas !
Nous savons ce qui nous attend, elle va prendre son temps ! Je fais un second appel à 19h30 pour qu’elle se bouge les fesses. Mais elle continue à flâner. Nous éteignons les lumières. Elle continue ses courses, elle s’en fout. Nous allons la chercher une fois, en lui expliquant poliment que nous fermons, et qu’il serait aimable qu’elle vienne se faire encaisser. Nous allons la chercher une seconde fois, puis une troisième. Il est 19h40. Nous nous emparons de son caddie. Elle nous suit en rigolant. CONNAASSE VA ! Une collègue déverse les courses sur le tapis, pendant que je les encaisse et que la troisième collègue se dépêche de les ranger.
Elle paie, rien ne la choque. Elle s’en va sans s’excuser, alors que certains qui arrive pour trois bricoles qui se grouillent le cul, se confondent en excuse à 19h29.
Il est 19h45. Elle s’en fiche que nous ayons dépassé notre horaire et que nous ne soyons plus payées. Elle s’en fiche que nous ayons une vie à l’extérieur du supermarché. Elle ne travaille pas elle, peut être qu’elle n’a pas conscience de l’importance de finir à l’heure.
Malheureusement, ce n’est pas la seule à régulièrement faire ce coup là même en lui expliquant à chaque fois les choses. Est-ce que c’est une coalition contre les caissières ?


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