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Votre foi, mon refus

Publié le 19 octobre 2009 par Cameron

Une discussion récente m’a renvoyée des années en arrière, avec une violence que je n’avais certes pas préméditée. Il était question de foi, et j’imagine que cela te rappellera quelque chose. Question de foi, d’une foi réelle, pratique, quotidienne, que j’ai à mon habitude soumise aux nécessités forcément supérieures du « rationnel ». Je suppose que l’on pourrait me rétorquer sans trop de risque qu’en ce qui concerne le rationnel, c’est moi-même qui fait preuve de foi, et d’une foi pour le coup irrationnelle, mais bon, le point n’est pas là. J’ai besoin de tangible, tu le sais. Je n’entends aucune voix, je ne sens aucune présence qui me « hurlerait aux oreilles », et c’est ainsi.

Mais ce qui m’a stupéfiée, lors de cette récente conversation (avec quelqu’un qui donc était catholique convaincu), c’est la colère qui m’a envahie à l’hypothèse que, fermant portes et fenêtres à la foi, je ratais une occasion. Que c’était dommage. Et qu’il fallait prier pour que le jour de la rencontre arrive enfin. Système pour système, je me flatte souvent de vouloir découvrir celui des autres, même de l’essayer, pourquoi pas. Mais en réalité, dans cette conversation, il n’était pas question de deux systèmes de pensées. Il y avait d’un côté ma conception des choses, insatisfaisante, cynique sans doute, mais rationnelle et dont la logique me convient à défaut d’autre chose. Et puis, de l’autre, il y avait une vérité ressentie. Nous n’étions pas sur le même terrain, ce qui faisait de tous mes arguments une attaque involontaire, de tous les témoignages de mon vis-à-vis la simple expression de l’irrationalité. Jusqu’ici, tu me diras, rien de nouveau. Mais j’ai reçu la déclaration finale, le « je prierai pour que tu entendes enfin l’appel », comme une insulte. Parce que d’abord, je n’ai jamais demandé à être sauvée, sauvée de quoi, je te le demande. Ensuite parce que nom d’un chien, qui peut se permettre de penser à ma place ce qui serait mieux pour moi ?

Et voilà, à partir de là, je ne pouvais plus rien entendre. Et j’en étais finalement au même point qu’11 ans plus tôt, avec autant de mépris pour tout ce qui prétendrait décider à ma place, mais tellement, tellement plus de colère qu’autrefois. Cela m’a surprise. Cela m’a prouvé qu’indifférence bien pensée et résistance viscérale ne sauraient se confondre, quoi que j’aie pu vouloir croire durant ces 11 années. Et, évidemment, j’ai pensé à toi. J’ai essayé de me rassurer en songeant que dans tout ça, ce qui me mettait en colère, c’était toi, ton avis, ta conception, et pas la personne qui me faisait face, mais en réalité, cela n’avait rien de rassurant, n’est-ce-pas ? Je ne comprends pas, je ne comprendrais sans doute jamais cette fameuse présence qui vous inonde d’amour et vous révèle à vous-même. Je n’arrive même pas à écouter vos témoignages sans sourire. Si la vie sans Dieu, pire encore, la mort sans Dieu, est ce que vous appelez l’enfer, alors oui, sans doute, vous avez la responsabilité de vous lamenter sur ma propre obstination à ne jamais croire. Mais je dois dire, plus le temps passe, et plus cette idée me rend furieuse.


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