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Développement et vitalité de l'Eglise (1)

Publié le 20 octobre 2009 par Hermas

Développement et vitalité de l'Eglise (1) 1.-Depuis près d’un siècle, à toute heure et sur tous les tons, les ennemis de l’Eglise affirment, sans se lasser, que l’Eglise catholique se trouve à présent, sinon tout à fait morte, du moins moribonde et proche de sa fin. Pour eux, les grandes crises que traverse cette chaste épouse de l’Agneau divin et les épreuves terribles qu’elle traverse pour être de plus en plus purifiée dans le sang de son Epoux (Eph. 5,25-27) ne sont que les soubresauts de l’agonie ou le signe certain de sa perte. Les dissensions provoquées par certains fils rebelles, viciés par le monde, qui jugent selon les opinions vaines et les affirmations présomptueuses des hommes, sont considérées comme des symptômes de dissolution prochaine. L’inertie, la mollesse et la passivité de certains autres qui, par paresse ou par crainte, satisfaits de ne pas avoir perdu les talents reçus, les enterrent sans les faire fructifier, sont regardés comme les indices d’une paralysie mortelle  ou le signe d’une momification. L’activité prodigieuse  qui est déployée, à la mesure de la gravité des circonstances, par les serviteurs prudents et fidèles passe elle-même, au jugement des incrédules, pour des mouvements plus ou moins désespérés, annonciateurs d’une prochaine et irréparable déroute.

Les malheureux que le dieu de ce siècle a aveuglés pour que ne resplendisse pas en eux l’illumination de l’Evangile de la gloire du Christ (2 Cor. 4,4), n’ont pas d’oreille pour entendre le témoignage pérenne de l’éternelle Vérité. Ils n’ont pas davantage d’yeux pour voir les réalités divines qu’ils ont devant eux, ni même pour lire dans l’Histoire comment ce merveilleux organisme, qui s’appelle l’Eglise catholique, à la différence de tous ceux que nous connaissons, au lieu de périr dans les grandes crises, ou de sortir affaibli de ses épreuves, s’y rajeunit et y trouve de nouveaux éclats. Il en est ainsi parce qu’elle s’y lave de la poussière terrestre et élimine les infiltrations du milieu hostile, toujours renouvelée, affinée, fortifiée et ornée de nouvelles splendeurs (1). Ainsi apparaît davantage – jusqu’au regard des anges eux-mêmes – la sagesse multiforme de Dieu qui a créé toutes choses et en a réservé les merveilles au développement de son Eglise (Eph. 3, 9-10). Même ce qui y paraît être des symptômes de mort est un signe d’inextinguible « vitalité ».

Tel est le sujet que nous nous proposons d’étudier dans cet ouvrage, dont le titre aurait aussi bien pu être simplement : « L’évolution de l’Eglise ».

 

2.- Cependant, ce mot d’évolution, qui signifie de soi développement et progrès vital, est aujourd’hui malmené et dénaturé. On en abuse tellement qu’il est parfois identifié à son contraire, à savoir la transformation destructrice. Comme ce terme est ainsi contaminé par des erreurs pernicieuses, je lui préfère un titre moins expressif, moins graphique, mais non moins apte à signifier toute ma pensée, avec cet avantage de ne prêter à aucune équivoque suspecte, à aucune tendance réductrice et subversive ni à aucune interprétation tordue ou malicieuse.

On accuse la sainte Eglise d’être incompatible avec les sociétés modernes, parce qu’elle serait moribonde, morte ou momifiée. Je vais montrer sa prodigieuse vitalité. Toutes ces accusations tomberont par terre. Les vociférations hostiles seront dissipées ou confondues. On l’accuse d’être figée, pétrifiée et ennemie du progrès. Je montrerai comment sa vitalité est, sinon la source unique, du moins l’appui le plus ferme et l’aiguillon le plus efficace de tous les véritables progrès. On l’accuse également – comme le font les fausses églises, ses rivales – d’enseigner de nouvelles doctrines et de promouvoir des pratiques inconnues des temps apostoliques et non sanctionnées par les sept premiers conciles. Je montrerai comment elle est l’héritière légitime des promesses du Sauveur, dont les paroles sont esprit et vie, dont l’Esprit, demeurant identique, vivifie et renouvelle tout, et dont la vie, bien que restant la même, se manifeste toujours plus abondamment – afin que nous l’ayons en plus grande abondance – en puisant de nouvelles ressources et de nouvelles manifestations de ses trésors inépuisables.

3.- Le mot vitalitédit, d’une part, unité parfaite et continuité et, d’autre part, expansion et rénovation. Il exprime ainsi l’identité et l’accroissement, la stabilité et l’évolution progressive véritable.

Il ne faut pas se dissimuler que des crises violentes accompagnent cette évolution. Ne les prendrions nous pas en compte qu’elles se chargeraient elles-mêmes de se rappeler à nous avec violence. Elles sont provoquées par de nombreux égarements, de nombreux éléments humains qui ne sont pas selon le Christ et qui, constituant autant de systèmes extravagants, s’écartent du juste milieu de la vertu. Ces systèmes peuvent être ainsi catégorisés : l’intellectualisme idéaliste, qui oublie le réel ; le pragmatisme, ou positivisme, qui se borne à l’expérience de la vie pratique ou à ce qui  entre dans le champ de la vie sensible ; le spéculativisme, fasciné à l’excès par la raison raisonnante ; et le sentimentalisme, qui ne s’attache qu’aux émotions, aux intuitions ou aux impulsions du cœur. D’autres systèmes peuvent y être rattachés, comme autant d’effets complexes. Ainsi du traditionalisme pharisaïque. Ce quiétisme paresseux, qui résiste à l’expurgation de l’ancien ferment, empêche les rénovations spirituelles nécessaires et tend à l’immobilisme et à la momification. C’est pourquoi il mérite bien le nom “d’adanisme” ou de fossilisme. Ainsi, encore, de l’audacieux modernisme, innovateur et destructeur. Sous prétexte de renouveler ce qui est ancien et de ne pas manquer les avancées de la modernité, il cherche à rompre les liens de la tradition légitime, pour se laisser emporter par le vent de la mode et de toutes sortes de fantaisies humaines (2).

(à suivre)

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NOTES

(1) « Vous le savez (…) même lorsqu’elle est soumise à des tribulations, l’Eglise jouit toujours d'une certaine consolation de Dieu. Le Christ a aimé l'Eglise (…) Lorsque le vice se répand sauvagement, lorsque les persécutions pèsent lourd, lorsque l'erreur devient si maligne qu’elle la menace de destruction en arrachant de nombreux enfants de son sein (pour les plonger dans le tourbillon du péché et de l'impiété) – alors, plus que jamais, l’Eglise est soutenue par en haut. Que les méchants le veuillent ou non, Dieu fait servir même l’erreur au triomphe de la Vérité, dont l’Eglise est la gardienne et le défenseur. Il met la corruption au service de la sainteté, dont l’Eglise est la mère nourricière (…). Pour ces raisons, au moment où les hommes du monde croient voir l'Église malmenée et bientôt renversée par la tempête qui  fait rage, c’est alors pourtant qu’elle devient plus juste, plus forte, plus pure, et plus brillante de l'éclat des vertus les plus hautes (s. Pie X, Encycl. Editae saepe, 36 mai 1910, A l’occasion du 3ème centenaire de la canonisation de s. Charles Borromée, n° 6).


(2) « Le modernisme est une contrefaçon du véritable et légitime concept de modernité, un funeste état qui affecte un grand nombre de consciences catholiques (…), qui affirment et professent des aspirations, des opinions, des tendances et des idées multiformes, lesquelles – prenant parfois la forme d’un système – conspirent à donner de nouvelles bases et une nouvelle forme à la société, à la politique, à la philosophie, à la théologie, à l’Eglise et au christianisme » (Cf. Cavallanti, Modernismo e modernisti, p. 1).

J.-G. Arintero, o.p.


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