Magazine Journal intime

L'enfer me ment

Publié le 21 octobre 2009 par Lephauste

Ch'uis tombé dans les pommes ! Me demande pas. Et quand je me suis relevé, plus rien, que dalle. Un blanc, un grand blanc. Décolonisé que je me suis retrouvé, baignant dans la pisse comme le dernier des charclods, en nage en plus, tout le liquide des souvenirs me fuyait par tous les pores. Un vrai départ de la transat sans escale ! Si t'avais vu ça, vrai t'aurais eu les foies. Donc voila, à présent la mémoire vive, la mémoire tampon, la mémoire éponge, la mémoire scotch brite TM, tout est récuré. T'as qu'à voir, demande moi par exemple la date de la bataille de Marignan ? Le nom du présidnet de ta république ? Le nom du pays où a lieu de le tour de France ? Rien je te dis, je ne me souviens plus de rien. Ca fiche un coup note bien, tout à l'heure quand t'as sonné à la porte, j'ai bien faillis lâcher les chiens. Tu sais comme j'aime pas qu'on m'emmerdre trop. Tu sais comme la solitude est mon pain d'asile, ma pitance apointée, ma jouvence, mon lait d'ânesse.

Tiens, d'ailleurs je te cause mais je me souviens pas même de qui tu es ? Pourtant ta tête me dit vaguement. Attends, on s'est connus où ? Tu dis ? A l'armée ? J'ai été soldat alors, ça fait drôle d'entendre ça, lâche comme je suis, je m'y vois pas à tirer les pigeons avec un pistolet automatique. C'était où ce truc. Peu importe tu me diras, le grand blanc me va. Mais toi alors, puisque t'es là, qu'est-ce tu deviens de beau ? Ah t'es au chômage, t'as pas un lové, et pis t'écris des poèmes !!! Oh mais c'est que ça me parait mal engagé ton histoire ! Passe encore d'écrire, tout le monde sait faire ça. Suffit de penser à rien et de se tenir droit, le porte-plumes bien souple entre le pouce le majeur et l'index et l'avant bras glissant de gauche à droite, tout le monde sait faire ça, glisser de gauche à droite sans se fouler le poignet. Mais quand même, tu devrais songer à gagner ta vie, tu trouves pas ? C'est que ça se fait pas de rester là sans rien fiche. Tu perds tout tes acquis sociaux, tes amis te trouvent pas à la hauteur, ton téléphone phone plus, ta boite mailles détricote, y a pas jusqu'à ta boite aux lettres un seul facteur qui veuille bien faire le détour pour y glisser des recommandés, rien que des recommandés. C'est simple, tu reste comme ça encore quelques temps et t'es plus recommandable. Va falloir te secouer !

Note bien hein ! Que moi depuis les pommes, j'avoue que je me sens un peu transparent, je me demande si je vais continuer à faire comme si. Je me vois bien finir par avouer mes crimes contre l'humanité, mes crimes de lèse-majesté, mes malhonnêtetés congénitales, mes petites saloperies. Note bien, hein, que comme je me souviens de rien, j'aurais qu'à inventer. Et là tu sais que je manque pas d'imagination, j'en connais des histoires, des finaudes même, des qu'on ne raconte pas parce que ça ferait de la peine, qu'on préfère de loin les forgeries dorées à la feuille. C'est pas de ma faute ! Y a qu'à dire. J'y suis pour rien, passez moi le savon liquide ! Et l'essuie-mains SVP!

Oh mais attends ! Ça y est je te remets ! Mais oui ma gârce, en effet, 79/04, Bayonne-Pau-Toulouse, 'tain ça fait une paye ma caille ! Vrai t'as pas changé, toujours aussi rassis, rance et faux derche. Ah ma tronche ! de quoi t'as l'air dans ce pauv' miroir ? Tu ferais mieux de faire les vitres. Quoi que les pommes même si elles te font le regard vide, elles te vont bien au teint.


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