Le matage de cul

Dans les transports parisiens, l’homme moyen s’adonne invariablement à un sport national : le matage de cul.

Discret ou pas, il regarde défiler sans cesse les gros culs, le petits culs, les culs cachés sous un pull trop long. Et puis, une fois sur cent, il y a ce cul superbe qui te fait lever la tête : cette fille est vraiment magnifique. Comme toutes les autres, elle a dû devenir à moitié barge à force de se faire accoster par tous les lourdots en manque que porte cette ville.

Comme toutes les autres, elle sait qu’on la mate et elle aime ça. Et mon bouquin pourtant pas trop mauvais n’avance pas, mes yeux ne savent plus où ils habitent. Elle n’est pas parisienne, je l’imagine plutôt de l’est. Elle a des manières un peu simples et le pédigrée d’une première dauphine de miss Thionville. Une façon de s’habiller qui trahi qu’elle a dû se retourner quinze fois devant son miroir avant de sortir. Certes, pour un plan d’un soir on a fait pire. Je le sais. J’y étais.

Elle se dandine d’un pied sur l’autre en baissant les yeux. N’empêche, si par hasard elle me rendait mon sourire, je tenterais bien ma chance de la revoir, de la séduire. Et puis même si je n’ai aucune chance, je prie le bon dieu pour que la vieille d’à côté ne me cache pas la vue.

Merde, mon arrêt. Je me lève en perdant ma page, et sors sans avoir capté son regard. Bon je crois que cette fois, il faut vraiment que je me trouve un plan cul.