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Développement et vitalité de l'Eglise (3)

Publié le 22 octobre 2009 par Hermas

5.- Quoi, l’Eglise, évoluer ! Ceux qui prennent le mot évolution au mauvais sens du terme, ou ne le considèrent qu’avec méfiance, regarderont une telle affirmation comme une hérésie, ou du moins comme une nouveauté suspecte. Mais ceux qui le prennent pour ce qu’il signifie, selon le sens que lui a donné saint Vincent de Lérins, - comme synonyme d’accroissement ou d’expansion – cette expression ne signifie rien d’autre que la vie toujours croissante de la sainte Eglise catholique, dont la catholicité se manifeste précisément dans cette incoercible expansibilité.

La véritable évolution constitue un progrès, non un recul. C’est un acte d’édification, et pas de destruction. Elle implique un certain accroissement, une certaine expansion et une rénovation vitale. Elle exclut ce qui est dommageable, ce qui déprécie, démolit, dissout. En d’autres termes, elle exclut la transformation mortifère, laquelle détruit les éléments vitaux sous prétexte de les remplacer par des nouveautés artificielles, comme ont toujours tenté de le faire les faux réformateurs.

C’est ce que s’efforcent de faire aujourd’hui les modernistes, en proposant sous le nom “d’évolutions” toute une série de transformations radicales. Ils travaillent, non pour recueillir avec le Christ, mais pour répandre et dissiper ; non pour édifier sur les fondements éternels, établis une fois pour toutes, mais pour détruire tout l’édifice chrétien, en minant ses bases elles-mêmes. Ils détruisent le concept du dogme de la foi, des sacrements, de la hiérarchie, de l’autorité ecclésiastique. Par les faux principes du positivisme et de l’agnosticisme, du criticisme, du pragmatisme et de l’immanentisme, qu’ils amalgament malicieusement, ils ébranlent les fondements de la raison naturelle elle-même, qui doit démontrer les préambules de la foi et la crédibilité de nos dogmes très saints. A tous égards, ce n’est pas une rénovation mais une dévastation, une désolation. L’Esprit souverain de sagesse et d’intelligence, qui renouvelle toutes choses comme il convient, forge des amis de Dieu et des prophètes, et non pas des blasphémateurs, des séducteurs et des apostats. Les renouvellements qui sont les siens suivent un plan déterminé qui, en toutes les phases de sa réalisation progressive, demeure identique. Esprit de la Vérité même, jamais il ne peut se contredire, jamais il ne dément par l’un de ses organes véritables ce qu’il a affirmé par un autre. Par la main des réformateurs légitimes, il ne détruit pas ce qu’il a édifié pour toujours par celles des apôtres, des prophètes, des docteurs et des pontifes qu’il a suscités, ou des Conciles dont il a inspiré la réunion.

Nous devons toujours nous renouveler, de plus en plus, oui, mais dans l’Esprit éclairant notre esprit, et non pas en nous laissant porter à tous vents de doctrine (Eph. 4,14-32), ni par quelque esprit que ce soit, contraire à celui de Dieu (1 Jn 4,1-6). Or celui-ci est saint, unique, suave, pur (Sag. 7,22). Ni il nie, ni il ne dissout Jésus-Christ, bien au contraire. Il nous porte à nous renoncer, à nous dépouiller complètement de nous-mêmes, c'est-à-dire du vieil homme et de tous ses agissements, de ce qu’il emprunte au monde, de ses appréciations et traditions humaines, pour nous revêtir de plus en plus de l’Homme nouveau, de toutes ses pensées et sentiments (Col. 3,9-12). De la sorte, une fois débarrassés de l’ancien ferment, nous deviendrons azymes de vérité et de sincérité (1 Cor. 5,7-8). Revêtus de celui qui est Lumière du monde, nous serons éclairés par la lumière de la vie, nous vivrons en tout comme des enfants de lumière (Eph. 5,8) et les ténèbres du monde ne nous envahiront plus. Nous serons de fidèles disciples du Verbe. Nous connaîtrons la Vérité, et la vérité nous rendra libres (Jn 8,31-32), nous préservant des tromperies du démon et du monde, des illusions et des assauts des passions humaines et des pièges de toutes les erreurs anciennes ou modernes. C’est à cette condition seulement qu’il est possible d’édifier solidement selon la volonté du Père, sans détruire en rien son œuvre, sans désédifier notre prochain (1).

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(1) « Le véritable réformateur “ne recherche pas sa propre gloire, mais la gloire de celui qui l’a envoyé” (Jn 7,18) ; comme le Christ, son modèle, “Il ne crie pas, il n'élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue… il ne s’attriste pas et ne s’afflige pas (Is. 42,2 ; Mt 12,19), il est doux et humble de cœur (Mt 11,29). Celui-là est agréable à Dieu et obtiendra de très abondants fruits de salut » (s. Pie X, Encycl. Editae saepe, n° 33). 

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