Magazine Journal intime

Mise à pied

Publié le 23 octobre 2009 par Lephauste

Des Oeuvriers, des Oeuvrières, ces blouses, ces bleus dont on ne sait décement plus quoi faire. Il suffirait sûrement de faire d'eux comme on fait des machines auxquelles on les avait soigneusement attachés et avec lesquelles eux-même avaient finis par s'identifier. Nous sommes cela ? Les entendait-on scander dans les manifestations organisées par les syndicats. Cocus tous, comme si la plus belle des garces vous quittant vous n'arriviez pas à voir qu'elle vous débarassait en même temps de ses chutes de cheveux, de l'haleine matinale de ses remugles soporifiques. L'usine, le site, l'entreprise, la fabrique, il n'y a guère qu'un ouvrier pour penser qu'elle est sienne, pour toute la vie et que vivement la retraite, le petit jardin à l'ombre des hauts-fourneaux, et les petits-enfants qui ne viennent pas, la honte du milieu les rend cons.

Le patron lui, ne fait qu'y passer à l'usine; Sa vie est ailleurs, dans les cotations boursières, dans les soucis que lui procure son dernier divorce, dans les cadences qu'il va falloir faire un peu augmenter pour pouvoir payer la pension alimentaire, dans tout ce qui fait le quotidien d'un homme d'affaire aux petits soins pour son standing. le patron, c'est en quelques sortes le vrai extra-terrestre de nos rêves d'An 2000. Il arrive en soucoupe volante, il ne nous veut pas de mal mais il ne repart pas sans un petit souvenir, le pot de fin d'année, l'arbre de Noël pour les enfants des cadres, le départ à la retraite de Gégé, le manut' ... En échange de toutes ces marques d'affection paternelle, il tape dans la caisse jusqu'à ce que l'aventure cesse.

On délocalise, on ferme, on licencie, on reclasse, on propose des formations qualifiantes, même parfois on vous demande si vous ne voulez pas déménager pour la suivre l'usine, dans ses pérégrinations à l'aveuglette. Mais pour l'essentiel les cocus restent sur le carreau, brulent quelques palettes, saccagent un peu, que ça ne fait de la peine de les voir, ridiculisés, aller jusqu'au bout de leur propre suicide. alors qu'honnêtement on a rien fait que de leur suggérer qu'il n'y avait plus que ça à faire. Se flinguer. Mais comment faire disparaître ce qui n'existe plus, sans qu'on y ait pris garde. Le classe ouvrière, comme classe sociale a fournit son effort en s'éfaçant au profit de l'image polie des partis politiques et des leaders syndicaux qui portaient sa voix. Lui reste tout de même une solution, individuelle certes mais qui vaut tout de même, pour l'édification des masses. Les masses, elles, contrairement à ce nous voulons bien croire n'ont pas disparues, elles se sont travesties, bigarrures des coutumes, des traditions importées par cargos, tribal attitudes, régionalisme des clichés : Ah, tu vis en région ? Je te croyais provincial.

Changez les mots à la vitesse des girouettes prises par le vent coulis et vous verrez qu'ils finiront par ne plus se reconnaître entre eux. Mais là n'est pas la solution dont je voulais parler, la voici, pas très originale mais à grande échelle, il faut voir ce que cela peut donner. Je propose donc de libéraliser la vente d'armes individuelles et d'ainsi créer, outre un marché innépuisable, une sorte de folie meurtrière collective, une manière de grand carnaval des forcenés, tous rendus cinglés par des problèmes d'ordre strictement personnels, exemple :

Gégé, 49 ans, récement mis à pied par l'entreprise où il exerçait les fonctions de manutentionnaire, après avoir proprement assassiné femme et enfants, violé le chien et frit le poisson rouge, a fait irruption dans le supermarché près de chez lui et a ouvert le feu, tuant où blessant une dizaine de ménagères au moment même où une grande promotion sur le revitalizetalife TM allait avoir lieu. L'enseigne porte plainte pour préjudice moral ainsi que pour le manque à gagner sur la vente de la crème à retendre mémère. Selon une source bien informée en fluor, Gégé depuis quelques temps soupçonnait le poisson rouge d'entretenir des rapports incestueux avec le congélateur. Ce qui aurait déclenché chez lui une sorte de psychose post-et-télécomunication qui pourrait l'avoir affecté dans ses relations affectives.


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