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Récit de derrière les barreaux..(2)

Publié le 26 octobre 2009 par Docteurho
…Il était 15h00 passées lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois, dans le commissariat de la PJ, en tant que « client », moi qui avait l’habitude de venir dans cet endroit qui s’adosse à mon bureau, pour boire un café, voire intervenir auprès du commissaire flane ou flane pour le compte d’un ami ou un voisin. Le décor était le même, les visages étaient les mêmes, le brouhaha aussi, mais je les sentais différemment cette fois! Je n’étais plus libre de bouger comme je voulais, je n’étais plus libre tout court et je setais un malaise qui se formait petit à petit à l’intérieur de moi…Mais je résistais! Ce qui me faisait le plus mal, c’est les regards des gens, et les question de ceux que je connaissais et qui me voyaient assis là, attendant je ne sais quel miracle pour échapper à cette humiliation. Ce préambule m’était suffisant pour comprendre, une bonne fois pour toutes, ce que ressentaient les gens que je voyais à cette place même, lorsque je venais ici en visiteur. J’en regardais certains avec pitié, et j’en toisais d’autres du haut de mon costard cravate et mes bras dessus, bras dessous avec le chef de la PJ. Aujourd’hui, je suis toujours en cravate, mais ce sont d’autres gens qui me regardent avec pitié, ou me toisent au tour le tour, surtout que je faisais contraste évident avec mes camarades du banc…Quelques minutes suffisaient à me vider de toutes mes illusions, personne n’est venu à mon secours, et ni les amis que je croyais avoir dans le cercle de la police, ni mon français ne m’ont valu un traitement de faveur, hors mis les menottes qui m’ont été épargnées par je ne sais quel égard à quelle situation que j’avais. On me fit entrer dans un bureau, où les deux policiers qui m’ont « arrêté » m’ont fait comprendre que j’étais en garde à vue, et que si je le voulais bien, j’avais le droit de contacter mes proches, avant d’aller en geôle. Je les ai remercié pour le geste, qui était un droit mais bon, tant qu’on sait que certains droits deviennent des privilèges par de telles situations…Je leur ai simplement demandé de contacter Abdelkaddous, un ami bien introduit dans le cercle policier! Je comptais beaucoup sur lui, sachant que je redoutais fort bien, les suites de mon incarcération et ce que je pouvais endurer comme peines avec les individus qui m’attendaient en bas… Quand Abdelkadous est arrivé, mon billet d’écrou était déjà rédigé, et on m’expliqua que j’allais partir au commissariat central, là où la geôle se trouvait, « gioule » comme ils le prononçaient. Mon ami me rassura, et me promit de me sortir de là, dès le lendemain matin, tandis que je descendais les marches en direction de l’estafette où étaient déjà placés quelques 10 jeunes hommes. Je montai et le zinc démarra en trombe! Les détenus me dévisageaient tous, et moi j’essayais tant bien que mal d’éviter leurs regards, car je savais que c’est de là que tout commençait, surtout que là où on allait, aucune loi n’excite sauf celle du plus fort, ou du plus ancien. Je n’étais ni l’un ni l’autre, et tandis que je réfléchissais au moyen de me défendre durant les 48H00 que j’escomptais passer en si belle compagnie, le fourgon s’arrêta, les portes s’ouvrirent et nous fûmes sommés de vider les lieux avec toute la gentillesse que porte la locution suivante : » Anzel a dak weld l’9…. »!!! Cette appellation allait bizarrement remplacer mon patronyme pendant les 5 minutes qui suivirent, et pendant que l’on me faisait ôter ma ceinture, ma montre, ma chaine et mon alliance (que je n’ai jamais retirée de mon doigt depuis mon mariage), je devais faire aussi vite que possible, pour éviter à ma mère de se faire traiter de catin, par des hommes dont le seul pouvoir était de porter des uniformes, mais c’était un pouvoir absolu, doublé d’un sadisme incroyablement exacerbé! Je vidai mes poches, dans une boite, pendant qu’un policier me fouillait à la recherche d’une arme ou autre objet coupant, et dès lors que je fût déclaré clean, on me fit remettre mes chaussures, relever mon pantalon et tout de suite après un autre policier nous ouvrit la porte d’une grande cellule, où nous attendaient d’autres convives impatients de nous délester de nos histoires, et surtout de nos clopes…enfin juste quelques uns d’entre nous, qui semblaient des cibles parfaites, moi le premier!!

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