Magazine Journal intime

Dijon ou Saint-Maur, Michel et Michel...

Publié le 27 octobre 2009 par Araucaria

Je suis contre la peine capitale. (...) Mais en prison, la mort ne fait pas peur. Ce qui fait peur, ce sont les vingt ans à passer dans une cellule.

Michel, Dijon

Je vais sortir après plus de sept ans, et déjà, je me rends compte que je ne serai jamais ce que l'on pourrait appeler un homme normal. Toutes les saloperies que j'ai connues au cours de cette détention font que quelque chose est brisé en moi...

Michel, Dijon

Bienheureux celui qui pleure, bienheureux... oui, car le malheur a ouvert la conscience et aussi les yeux, à moi, le mufle, celui qui regardait les autres de loin. J'ai perdu ma vie à être mal éclairé; j'aurais dû chercher vers vous, mais je croyais cela impossible. L'erreur est humaine. Je ne suis pas mort-vivant, j'ai mon coeur qui bat, et ce jour encore, comme pour vos venues, il bat d'amour pour vous. Je vous aime car vous prouvez que je peux être aimé... Je ne suis plus orphelin, je suis avec l'amitié qui sera pour toujours en moi et pour ceux qui veulent m'aimer. Je donnerai ma grâce et prendrai des années de vie pour vous montrer que je vis dans le courage que vous me donnez. Si je pouvais crier au-dessus des murs et dire à tous ceux qui nous haïssent combien il est bon d'être aimé! Si je pouvais leur dire que leur sécurité est dans ce contact humain et culturel! Je suis heureux et fier de prendre la plume pour t'écrire mon coeur. Je ne sais pas dire les mots d'amour fraternel, mais je peux l'écrire, le dessiner, et prier. Combien de pauvres déchus n'ont pas ce bonheur! Combien de déchus n'ont pas ce bienfait de la punition, à travers laquelle on retrouve la valeur humaine! Que Dieu fasse qu'un jour les charlots des gouvernements comprennent cela! C'est là l'assurance d'une future sécurité. Pour moi, ça devient un devoir de vous prouver que je suis coupable, un devoir aussi de vous parler, une honnêteté plus pure que la justice et que la peine. L'expression sincère ne donne de fruit que si l'arbre qui la soutient n'est pas de bois pourri.

Michel, Saint-Maur

Tu sais, cher Benoît, si je devais dessiner ou peindre ma vie, je n'aurais qu'une couleur: le noir, et mon oeuvre ne serait au milieu de la toile qu'un point. Mon oeuvre s'arrêterait là, mais je ne veux pas peindre ma vie, c'est un crime de peindre une vie, je veux peindre le sentiment, l'expression de ma vie, pauvre ou riche, je veux donner des couleurs qui remplaceront mon langage, ou même mes larmes.

Michel, Saint-Maur

Paroles de détenus - Librio n° 409


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