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La débâcle liturgique et ses accessoires (3)

Publié le 10 novembre 2009 par Hermas
Il me faut ici ouvrir une parenthèse significative au sujet de la distribution de la sainte communion :

Le 28 juillet 1993, une bombe explosait devant le Palais du Latran faisant de graves dégâts sur la façade du Vicariat de Rome, qui jouxte le Basilique Saint Jean Latran, mais aussi à la façade latérale, surmontée de deux clochers (cf. photo-ci-dessous)

La débâcle liturgique et ses accessoires (3)

Le Vicariat au Palais du Latran, et la Basilique de Sant Jean de Latran. Vue générale. Gravure ancienne

Mon frère et son épouse étaient mes hôtes à Rome. Le Secrétaire personnel du Saint-Père le Pape Jean Paul II me téléphone quelques jours avant cet attentat, pour m’inviter au nom du Saint-Père, à venir célébrer la Sainte Messe avec lui à Castel Gandolfo: il y avait en effet un groupe important de français, dont des prêtres et des séminaristes de Nancy et de Metz, je crois. Mon frère et son épouse furent invités également.

La débâcle liturgique et ses accessoires (3)

Le Vicariat au Palais du Latran, et la Basilique de Sant Jean de Latran, actuellement

La Messe serait célébrée le 29 JUILLET!

Arrivés devant le portail du Palais Apostolique, en soutane «filetée» (de violet, comme il convient), nous voyons sur la droite un groupe important de personnes et de prêtres, en clergyman, je dois dire. Un Garde Suisse s’approche de nous, et nous fait placer sur la gauche. Quand le portail central s’ouvre, le Secrétaire privé du Saint-Père vient directement vers moi, et me dit: pour la Messe, vous accompagnez le Saint-Père à l’autel, à sa gauche, et je serai à sa droite. Mon frère et son épouse sont placés au premier rang devant l’autel. Les autres prêtres concélébrants se trouvent face à l’autel.

Ce jour-là, le Saint-Père était très éprouvé, moralement, à cause de l’attentat de la veille, mais aussi physiquement. Pendant les lectures, je l’ai entendu se plaindre, je l’ai vu même pleurer tant il souffrait.

Pendant le Canon, ses mains tremblaient tellement, que le Saint-Père dut les appuyer sur l’autel, et me demanda de réciter les prières du Canon à sa place, sauf, bien sûr pour les partie communes et la Consécration. C’était émouvant et bouleversant de voir ainsi «le doux Christ en terre» souffrir en offrant le Sacrifice du Christ!

Le Saint-Père me demanda de distribuer la Sainte Communion à sa place!

Dilemme: une réflexion très brève: «Les fidèles sont tous Français. Les Français sont «fous» (je suis Français!): ils vont tous demander la Communion dans la main… Certains sont capables de faire un scandale! On ne peut créer un incident, et à plus forte raison en présence du Saint-Père.

Que faire? donner la communion dans la main? C’était manquer de cohérence envers moi-même, et manquer de «transparence» vis-à-vis du Saint-Père. La donner dans la bouche? c’était risqué… Je me dis: je ne dois pas aller contre ma conscience, et, je n’ai pas le droit de «jouer double jeu» devant le Saint-Père. S’il m’en fait le reproche, je l’accepterai filialement. Et je fis cette prière: «Saint Michel, je m’en remets à vous!».

Tous les fidèles ont demandé la Communion dans la main, tous l’ont reçue dans la bouche. Pas une protestation. Ils furent suivis par les membres de la «Famille Pontificale, les Gentilshommes qui entourent le Pape et veillent sur lui. J’ai reporté ensuite, à la demande du Saint-Père, le Saint-Sacrement dans la «Chapelle Polonaise» (qui n’a rien à voir avec Jean-Paul II, puisque créée par le Pape Pie XI). Je demandai pardon au Seigneur que je portais, si j’avais quelques distractions, pour voir un peu ce que je ne verrais plus, probablement. Puis je redescendis dans la Cour intérieure du Palais Apostolique, où la Messe était célébrée. Le Saint-Père attendait mon retour, en priant.

Après avoir enlevé les ornements, et s’être recueilli, le Saint-Père est passé pour nous saluer. Très affectueux, comme toujours, et plein de délicatesse pour ma famille. Le Saint-Père me remercia chaleureusement de l’avoir aidé pour la célébration de la Sainte Messe, car, tout seul, il n’aurait pu le faire, et moins encore pour distribuer la Sainte Communion. Une bénédiction, un sourire, et le Saint-Père va vers les autres groupes.

Les gentilshommes s’approchent de moi et me disent: «Félicitations pour votre courage pour la Communion: vous avez bien fait! C’est une souffrance pour le Saint-Père quand il doit donner la Communion dans la main».

Merci Saint Michel!

  Mgr Jacques MASSON

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