Magazine Humeur

Développement et vitalité de l'Eglise (5)

Publié le 11 novembre 2009 par Hermas

Pour éviter les extrêmités dans lesquelles tombe le modernisme, il faut cependant éviter de basculer dans les extrémités opposées, parce que les extrêmes, outre qu’ils sont vicieux, se touchent en général. Ce n’est pas une solution, pour éviter les nouveautés fatales du modernisme, de tomber dans la paralysie mortelle de l’antiquisme ou de l’adamisme (1) qui, faute de vouloir se dépouiller du vieil homme, peut difficilement se revêtir du nouveau. En ne cherchant pas à vivre pleinement selon Jésus-Christ, pour croître en Lui et contribuer de la sorte à l’édification de l’Eglise (Eph. 4, 12-16), celui qui réagit ainsi ne pourra que se laisser gagner par les tromperies du monde, et tituber – comme un enfant inconstant – selon les vents contraires à la foi ou à la morale. Il désédifiera, sans pouvoir dissiper les erreurs anciennes ou nouvelles qui l’environneront de plus en plus. Pour éviter tous ces travers, il n’y a qu’une solution: suivre fidèlement celui qui est la Lumière du monde. Seule sa lumière de vie peut nous faire voir et comprendre les enchantements de la vérité. A le suivre, nous pourrons vivre et agir en tout selon son Esprit (Gal. 5,25), lequel renouvellera certainement la face de notre terre et nous conduira sur une voie droite, en nous préservant de toutes sortes de voies hasardeuses (Ps. 103,80; 142,10). C’est ainsi que s’efforcent de vivre les vrais chrétiens. Ceux-là cherchent en toutes choses à se conformer à l’homme nouveau, lequel se renouvelle de jour en jour dans la connaissance (Col. 3,10), afin de servir Dieu, non selon les jugements des hommes ni selon la vétusté de la lettre, qui tue, mais selon la nouveauté de l’Esprit, qui vivifie (Rom. 7,6; 2 Cor. 3,6).

Je le répète: on ne peut pas éviter les infiltrations de l’esprit ambiant, ni la contagion des nouveautés pestilentielles qui l’accompagnent si l’on ne s’attache pas résolument à purifier et perfectionner son cœur, son intelligence et ses sens, en se prêtant à cette mystérieuse rénovation spirituelle qu’opère l’Esprit de sagesse et d’intelligence en tous ceux qui s’efforcent de ne lui résister en rien. Il faut s’appliquer à être en toutes choses docile à ses motions internes, aux éclairages qu’il nous apporte, à la voix extérieure des Pasteurs qu’il a placés à la tête de l’Eglise pour la gouverner et guider les âmes.

J.-G. Arintero, o.p.

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(1) Cet "antiquisme", cet "adamisme", sont difficiles à traduire en français. Il inclut incontestablement, au regard du second paragraphe ici traduit, ce que l'on appelerait aujourd'hui "l'intégrisme" - en ce qu'il se coupe du magistère vivant. Mais cela va bien plus loin, et d'ailleurs l'expérience a bien établi que  la rupture avec le magistère était loin d'être le fait exclusif de certains groupes traditionalistes. Il existe un intégrisme pseudo-conciliaire, qui s'attache lui-même à des vieilleries héritées des années soixante et qui ne cultive pas moins l'anarchisme.

Le Père Arintero fait ici référence à quelque chose de plus profond, qui ne consiste pas seulement à s'attacher à des formalismes, à des modes raidies tournées en tics. Il vise directement l'état d'esprit qui provoque ces attachements, lequel est un esprit de fermeture à l'Esprit de Dieu. Il conduit, dans tous les cas de figure, à préférer le vieil homme à l'homme nouveau, c'est-à dire à préférer au fond le "moi", avec ses orgueils, ses prétentions,  ses coquetteries imbéciles, ses ambitions et ses calculs, à ce qu'il faut appeler crûment par son nom : la conversion. En fait, tel est bien l'enjeu fondamental de notre époque, au-delà des étiquettes "tradis", "progressistes" ou autres : la conversion à la seule volonté de Dieu sur l'Eglise.



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