Magazine Journal intime

Je travaille

Publié le 16 novembre 2009 par Theclelescinqt

Je travaille

Moi je travaille.

Je tra-vaille.

C'est incroyable mais je travaille.

Et en fait c'est passé comme une lettre à la Poste. Je n'aspirais qu'à une chose, depuis au moins un an et demi, c'est retrouver un peu des journées d'adulte et ne plus être scotchée à ma cuisine. Je ne fais pas le job du siècle, mais j'ai des collègues et parfois c'est drôle. Ainsi, Fernand, le beau gosse du bureau d'à côté, est réputé ne pas faire attention à son boulot. Il s'est mis une partie du staff à dos avec ses erreurs. Il est arrivé en mars, et on me donne parfois ses dossiers à vérifier ! C'est un artiste : parfois je suis perplexe quant à l'image subliminale qui lui est apparue quand il notait tel chiffre. Où l'a-t-il bien pris ? Je feuillette le dossier en tout sens. Il n'a pas saisi tous les intervenants non plus. Finalement certains ne veulent plus qu'il mette le nez dans leurs papiers. Le problème est qu'on ne leur demande pas leur avis et que Fernand "est là pour aider."

Evidemment, je mets mon grain de sel. Je le préviens que les lignes téléphoniques vont être vérifiées et qu'il ferait mieux, en toute amitié, de relire trois fois ce qu'il note. Ce n'est pas que je ne fasse pas d'erreur. Mais il est là depuis dix mois, moi depuis bientôt seulement quatre semaines, et que je devine l'émergence du syndrôme du "bouc émissaire". C'est trop cool la vie de bureau : on a des horaires de fonctionnaires, des tâches un peu connes et en plus un bellâtre dans le coin pour médire et rejeter ses propres erreurs. Je ne sais pas pour eux mais chez moi je coupe court à ça : chacun dans un coin de l'appart (vivement que chacun ait sa chambre!) Au bureau les bienpensants ferment la porte et font la gueule des matinées entières. Ils se mettent au coin tout seuls, c'est l'avantage.

Je n'arrive pas à ne pas être contente d'aller travailler...

Je gagne un temps monstre finalement, et ne regrette absolument pas le bal des corvées ménagères que j'expédie en une heure chaque soir, attendu que personne n'est là dans la journée pour mettre le foutoir. Je me suis rachetée une garde-robe en taille 48 et me fais belle chaque matin, avec mes petites chaussures et mes colliers assortis à mes nouvelles tenues. Je suis une grosse mignonne comme tout, et me sens très bien comme ça.

Mon mari s'est carrément mis à faire sa part, ce qui est l'exploit de la décennie. Il faut comprendre : maintenant je ramène un salaire, donc il est (peut-être) légitime de participer. Alors que quand j'élevais mes quatre mioches faits en six ans, je pouvais bien crever la bouche ouverte, et ne jamais avoir une miette de temps libre. Ce n'eût pas été pour préserver mes gamins et faire oeuvre de bon sens alors que je n'aurais pas gardé un centime, avec les gardes-d'enfants, jamais je ne me serais laissée exploiter comme ça par le système. Pour commencer, jamais je n'aurais arrêté de travailler.

Ironie du sort : moi qui déteste les chiffres et n'ai jamais été bonne à ça, j'ai trouvé comme une fleur un boulot dans les...prêts bancaires! Demain je pars en formation, avec ma calculette et mes bons sentiments. Je ne sais pas trop quoi en penser.

Soit ça passe soit ça casse. Un peu comme tout, d'ailleurs.   


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